Le quotidien El Mundo a publié ce lundi des extraits des archives de Francisco Javier López Peña, alias Thierry, ancien chef de l'appareil militaire de l'ETA, arrêté en 2008. Thierry avait participé aux négociations de l'ETA avec le gouvernement de Zapatero en 2006 suite au cessez-le-feu annoncé par le groupe terroriste. Ces documents reflètent les concessions qu'était prêt à faire le gouvernement socialiste pour obtenir l'abandon des armes. Les négociateurs gouvernementaux auraient notamment promis de donner l'ordre à la police de ne pas pratiquer de détentions, de libérer des détenus de l'ETA malades ou encore de réaliser des réformes judiciaires qui favoriseraient des membres du groupe terroriste.
Le Parti Populaire a sauté sur l'occasion pour dénoncer des "concessions faites aux terroristes" et a accusé le gouvernement d'avoir menti. De son côté, le gouvernement a accusé l'opposition de faire confiance à un membre de l'ETA plutôt qu'au gouvernement. Un des négociateurs avait récemment déclaré que les rencontres avec l'ETA étaient "une partie d'échecs avec des mensonges et des demi-vérités".
La presse de gauche est accourue à la rescousse de Zapatero en rappelant les négociations engagées par José Maria Aznar en 1997, durant lesquelles le gouvernement conservateur avait décidé le transfert vers le continent de prisonniers de l'ETA détenus dans les îles "pour créer une atmosphère" propice à la négociation. Les commentateurs ont ironisé sur les paroles de l'époque de José María Aznar qui avait qualifié le groupe terroriste de "Mouvement basque de libération".
L'attentat de l'aéroport de Madrid en décembre 2006 avait provoqué la suspension des négociations pendant plusieurs mois avant qu'elles reprennent pendant deux mois, avant de s'arrêter définitivement. Depuis lors, la lutte policière s'est accentué et a permis d'arrêter plusieurs responsables de l'ETA. L'organisation terroriste a annoncé en janvier dernier un nouveau cessez-le-feu "permanent, général et vérifiable internationalement" et de nombreux observateurs prédisent sa fin prochaine.
Sur le plan politique, la situation reste bloquée. La gauche indépendentiste, dite gauche abertzale, s'est vu interdire sa participation aux prochaines élections municipales, qui auront lieu en mai. Pour se conformer à la Loi des Partis, les représentants de ce courant avait exprimé leur rejet de la violence. Le gouvernement estime que ces avancées ne sont pas suffisantes et que Sortu, le nouveau parti politique de la gauche abertzale, est une nouvelle forme de Batasuna, qui avait été interdit à cause de ses liens avec l'ETA.