L'argent seul intéresse Youssouf Fofana qui imagine la "communauté juive" solidaire et prompte à voler au secours d'un de ses membres. Il a préalablement tenté la même opération avec six autres proies, juives ou non.
Une centaine de communications téléphoniques enregistrées entre Fofana et le père d'Ilan ou sa sœur – en tout quatre heures de violence verbale, de menaces et d'insultes rageuses sans une parole antisémite, sans même qu'une seule fois, le mot Juif soit prononcé.
Ce n'est que plusieurs mois après son arrestation que sa vanité lui inspire de se couler dans le personnage qu'on lui dessine en vue du procès. Ayant échoué dans sa tentative d'extorsion et donc loin du "chef" qu'il ambitionne d'être, il se réfugie dans un délire : il est le bras qui punit les Juifs.
Derrière l'affaire crapuleuse proprement dite, une autre affaire : l'exploitation politique de l'émotion. Les principaux personnages : le journaliste Alexandre Lévy, Richard Prasquier président du CRIF et Francis Szpiner avocat de la famille Halimi. Gilles Antonowicz décrit les manifestations autour de la famille, la virulante entreprise de désinformation, le harcèlement des magistrats, celui des politiques et leur faiblesse coupable, notamment Michèle Alliot-Marie qui cède aux injonctions et ordonne au parquet de faire appel et pour finir François Baroin et Jack Lang qui bricolent en hâte une proposition de loi supprimant la règle du huis-clos devant la cour d'assise des mineurs.
L'objectif de ces constructions médiatiques au sujet desquelles l'auteur reste circonspect : convaincre les Juifs d'émigrer vers l'État d'Israël et culpabiliser les Français afin de désarmer leurs critiques envers sa politique.
Un retour sur l'enquête d'une lecture aisée, un démontage méthodique de la construction médiatique.
Gilles Antonowicz, L'affaire Halimi, éditions Nicolas Eybalin, 206 pages
(Gilles Antonowicz a assuré la défense de la jeune femme qui a attiré Ilan Halimi jusqu'à ses kidnappeurs et à ce titre, a eu accès à l'ensemble du dossier)