Pour chaque convive, deux quenelles de brochet achetées chez un bon poissonnier, pochées dans l'eau salée, nappées d'une sauce blanche, un peu de Comté râpé, puis gratinées au four. Du riz et un blanc du Cher.
Les quenelles font l'unanimité chez nous.
Mais les voilà sur le devant d'une actualité sulfureuse depuis que Dieudonné a imaginé de dénommer ainsi un geste de reconnaissance camouflant paraît-il un salut nazi. De provocation en procès, ce personnage incarne un populisme ciblant la "fierté immigrée" et pressé de dynamiter une bien-pensance prête à toutes les compromissions. Il vise notamment le mépris affiché par les sociétés occidentales à l'égard du tiers monde, que symbolise l'oppression des palestiniens.
L'autre soir Christiane Taubira débattait avec la rédaction de Médiapart. Brillante femme politique qui bouscule les codes, parle franc, défend son action politique sans forfanterie. Un seul sujet l'a vu perdre pied, bredouillant des paroles incohérentes. C'est lorsqu'Éric Fassin l'a interrogée sur la condamnation par la justice française, des militants appelant au boycott des produits israéliens.
Son trouble avait de quoi mettre mal à l'aise.
Dieudonné et la LICRA, voilà une symbiose harmonieuse. Continuant de s'afficher comme organisation antiraciste, celle-là fait condamner les militants BDS sous prétexte d'un antisémitisme invocatoire ; celui-là fait carrière sur la dénonciation du pouvoir occulte du "lobby sioniste" et tous deux se font un devoir de personnifier de façon provocante, le cœur de cible de l'autre.