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Billet de blog 30 mai 2013

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Les fiancées d'Odessa

Le premier roman d'une américaine qui a vécu deux ans à Odessa avant de s'installer à Paris.

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Illustration 1

Il y a bien longtemps que la mère de Daria est morte et que son père s'est évaporé. Élevée par sa grand-mère dans un faubourg d'Odessa, la jeune femme a pris les études au sérieux. Mais que faire avec un diplôme d'ingénierie mécanique dans une Ukraine ravagée par le chômage ?

Et puis un jour, sa connaissance de l'anglais lui vaut une embauche inespérée comme secrétaire, dans l'agence locale d'une entreprise israélienne d'import-export.

"... Nous avons des filiales dans le monde entier, avait-il poursuivi. En Allemagne, aux États-Unis. Une fille aussi intelligente que vous ne peut pas passer toute sa vie dans le même bureau...

Les États-Unis ! Je ne pouvais pas y croire. J'avais immédiatement remis ma main devant ma bouche pour masquer mon sourire.
- Parler anglais toute la journée... C'est mon rêve.
- Votre anglais est impeccable. Vous avez fait vos études en Angleterre ?
J'avais fait non de la tête. Dans ce pays, personne n'allait nulle part. Il n'était pas au courant ? Tout ce que nous savions, nous l'avions appris sur place. Il ne pouvait pas imaginer le supplice qu'avait été pour nous les cours de Maria Pavlovna, une enseignante sévère qui rassemblait ses cheveux gris et fins dans un chignon très serré qui étirait ses yeux de mouche et ses lèvres minces. C'était à ma connaissance la seule femme d'Odessa qui ne souriait ni ne plaisantait jamais. Mais elle nous avait tout appris ..."

Travail intéressant, rémunération de rêve ; une clause non-écrite veut qu'elle couche avec le patron. Alors elle esquive chaque jour avec inventivité. Et comme celui-ci est un peu empoté, ses soirées restent libres.

Et puis comme ses soirées sont libres, elle trouve un second emploi comme interprète dans une agence de rencontres de femmes ukrainiennes et d'hommes américains. Petites annonces, journées de prise de contact. Elles s'acharnent à valoriser leur jeunesse, leur disponibilité à satisfaire les fantasmes de messieurs qu'elles rêvent riches et respectueux.

"... L'homme regarda les deux femmes tour à tour. Ses yeux se posèrent sur Maria.

- Je la veux, elle.
La sirène s'enfuit. Maria était en transes parce qu'à ses yeux, l'homme s'était montré galant et l'avait préférée à une femme plus jeune et plus séduisante. Nous commençâmes à discuter. Ou plutôt ils discutèrent et je traduisis. Cette fois, je n'eus pas besoin de mentir.
La Matrone avait assisté à la rencontre que je venais d'orchestrer et plus tard dans la soirée, elle m'offrit une légère augmentation.
- Si seulement tout le monde était aussi dévoué que toi à la cause du grand amour, soupira-t-elle ..."

Entre les assiduités de son chef et celles du petit caïd local, Daria se laisse tenter par les promesses d'un mariage américain. Un gentil garçon mais elle accumule les déceptions.

C'est drôle. Sensible sans affectation, bien écrit, dynamique.

Janet Skeslien Charles, Les fiancées d'Odessa, Liana Levi 2009 (paru en poche en mai 2013), 415p

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