Cette lettre que j'ai trouvée sur l'excellent site Débatunisie : si seulement elle pouvait avoir pour effet d'ouvrir un tout petit peu les yeux de certains qui s'aveuglent volontairement par rapport à la montée de l'obscurantisme, et qui traitent même volontiers, sans la moindre vergogne, de racistes et d'islamophobes ceux qui, tout simplement, sont peut-être moins naïfs ou plus cohérents qu'eux :
"Je démens le démenti du Ministère de l'Intérieur. Veni, Vidi... Vici?
Moi, Jolanare, citoyenne tunisienne, majeure depuis 12 ans, jouissant de mes pleines facultés mentales, déclare les déclarations du Ministère nulles et non avenues.

Pour la première fois de ma vie, on m'a demandé une autorisation parentale puis maritale alors que je me rendais pour la énième fois au MAROC et on m'a accordé une exception. Moi, qui à 19 ans déjà, quittais le giron familial pour m'installer comme une grande à Tunis, moi qui à 23 ans m'envolais seule à Paris sans personne pour m'accueillir, moi qui pendant une dizaine d'années me suis déplacée un peu partout dans le monde... moi qui ai cru avoir fait une révolution, je me retrouve après 30 balais, à devoir fournir une autorisation de sortie du territoire tunisien, signée par mon père ou par mon mari.
Ce même père qui à 19 ans me disais fièrement: va... vis... deviens... qui à 30 ans me disais, je suis fière de toi ma fille....ce même père qui le jour où je suis devenue universitaire m'a dit:" ma fille ethenit 3alik.." ce même père qui avait les larmes aux yeux le jour de ma soutenance de doctorat en disant à mon jury: " aujourd'hui, j'ai accompli ma mission, je suis fier l'éducation donnée à mes fille". Aujourd'hui, on demande à mon père de me signer une autorisation de sortie, lui qui toute sa vie ne m'a jamais donné de poisson mais m'a appris à pêcher...
On demande à mon mari de signer une autorisation de sortie de territoire, ce même mari que j'ai connu avant de me marier, avec qui je suis sortie, avec qui j'ai voyagé, ce même mari, qui m'a demandé moi, en mariage avant d"aller voir mon père... on demande à mon mari de signer une autorisation pour que je me déplace, à moi, qui volontairement ai choisi de m'unir à lui. Je ne me rappelle avoir été considérée comme mineure le jour j'ai moi même signé mon contrat de mariage le jour où je lui ai dit oui.
Aujourd'hui, je me retrouve à devoir demander une autorisation à un père qui m'a appris à le respecter et à être libre... à devoir demander une autorisation à un mari que j'ai moi même choisi, tout cela, parce que certaines jeunes filles ont décidé de suivre une voie qui n'est pas vraiment au goût d'autorités morales ou officielles qui ont gentiment laissé faire.
Si aujourd'hui je décide de ne pas me prostituer ou de pratiquer Jihed el nike7, ce n'est sûrement pas parce que j'ai plus de 35 ans, et que "el cha3b moslem wa lan yesteslam", mais parce que grâce à la liberté dans laquelle j'ai été éduquée, j'ai appris à choisir la voie qui me semblait la meilleure. Parce que j'ai appris à réfléchir. Parce que je n'ai jamais été considérée comme la moitié d'un homme, je n'ai jamais éprouvé la nécessite de me réfugier sous l'aile protectrice d'un mâle, en mal que je suis de sensations fortes.
Je ne nie pas que certaines jeunes filles sont plus vulnérables que d'autres, mais ces jeunes filles le sont, à cause de l"éducation qu'elles ont reçue, toujours tributaires d'un père, d'un frère ou d'un mari.
Aujourd'hui, dans la Tunisie post révolutionnaire, dans le pays de Tahar Haddad, dans ce pays qui se réclame d'un islam dont le prophète était le subordonné d'une des plus grandes femmes commerçantes de Koreish, aujourd'hui on remet les femmes libres sous tutelle.
Libre à vous de croire un Ministère qui n'a cessé de mentir depuis la révolution, moi à l'aéroport, je suis venue, j'ai vu...j'ai vaincu? pas encore car le combat continue.
Alors peut-être, pensez-vous que parce que "el nisa, naqissaton 3aklon wa dine", vous les empêchez de voyager..mais c'est sûrement des vôtres dont il s'agit, parce que les nôtres; elles vous emmerdent. "
BEAU TEXTE, NON ?
Je dois préciser que la mesure dont il est question dans la lettre de cette citoyenne tunisienne, peut apparaitre comme un ballon d'essai dans la tactique du salami que pratiquent les nahdaouis, mais s'inscrit cependant dans une tradition qui existait déjà sous Ben Ali: celle de considérer les femmes qui n'avaient pas atteint un âge canonique comme un bien commun qu'il convenait de préserver des mains étrangères, et donc comme des mineures, même si elles avaient largement l'âge de la majorité. Ainsi, un étranger pouvait être contrôlé, ou plutôt ses passagères être contrôlées, s'il y avait des femmes encore jeunes dans son véhicule : très visiblement ces femmes étaient traitées comme des putes, et ceci par le dernier des cons de flics corrompus dont le zèle se serait calmé avec un billet . J'ai fait plusieurs fois l'expérience de cette situation : c'est humiliant et lamentable. Quand on parle de la liberté des femmes tunisiennes avant la révolution, il faut relativiser grandement ! Par rapport aux femmes des autres pays arabes, oui,certes, mais sans plus !
Les autorités tunisiennes semblent justifier cette mesure inique et débile par le développement de ce qu'on appelle le "djihad nikah" chez les jeunes Tunisiennes, et qui est la forme "halal" de ce que les Français appelaient le BMC, c'est-à-dire le Bordel Militaire de Campagne, pour assurer que les vaillants combattants du Djihad puissent vider leurs burnes dans des conditions bénies par Allah aussi aisément que le chargeur de leurs kalachnikovs sur les impies. Par le Djihad Nikah, une Tunisienne un peu crédule peut donc gagner le paradis en servant d'esclave sexuelle aux vaillants djihadistes : c'est sa manière de participer à un saint combat, et la promesse de pouvoir niquer halal n'est pas d'un intérêt négligeable pour les jeunes Tunisiens devant qui les bordels se ferment sur l'ordre des pieux Nahdaouis, qui n'ont pas de sous pour payer une dot , qui ne peuvent pas tous trouver une touriste un peu amortie sensible à leurs charmes de latin lover, et à qui il ne reste plus que la "pugnetta". La bénédiction maritale éphémère assurée par le Djihad Nikah semble donc une des formes les plus pragmatiques pour assurer le moral des troupes au combat. On ne peut là qu'admirer la plasticité de l'Islam intégriste dès lors qu'il s'agit de combattre pour la plus grande gloire d'Allah ! On est très loin là de la "pudeur en Islam " que nous vante Ben dans un papier auquel j'ai répondu par un autre papier, ce qui m'a valu de me faire traiter bien naturellement de raciste par certains irénistes et stalafistes béats.
Que ceux qui pensent que je donne dans un délire d'extrème droite se donnent la peine de googler "Djihad Nikah".Il convient de préciser que déjà, de gentilles Françaises bien pieuses sont engagées dans le glorieux Djihad Nikah. En Tunisie, Ennahda, qui a tout fait pour favoriser les salafistes, notamment en ouvrant toutes grandes les portes du pays aux Imams les plus délirants, est dépassé par les conséquences de ce que, au minimum, on peut appeler son laxisme. Il ne sait plus que faire, d'où cette mesure imbécile, qui réduit toutes les Tunisiennes un tant soit peu désirables au statut de mineure. Rien n'est prévu au cas où le frangin ou le paternel serait lui-même salafiste et sacrifierait sa soeur ou sa fille, attendant une récompense pécuniaire en ce monde pour les plus pragmatiques, ou celle du paradis d'Allah dans l'autre monde. Voilà où on en est dans un pays où, il y a deux ans et demi, on se gaussait devant moi de la menace islamiste.