Dans un monde policé où parler de race devient "haram", interdiction si merveilleuse qu'à elle seule, elle va éradiquer, bon sang mais c'est bien sûr ! le racisme, dans un monde où il est préférable même d'être végétarien, en oubliant qu'Hitler l'était; dans un monde où l'on porte sa repentance en bandoulière; dans un monde où il est de bon ton de feindre d'aimer l'humanité dans son entier, à tout moment, "H24", comme on dit maintenant, comme il est réconfortant de pouvoir stigmatiser à loisir Nadine Morano, cette pelée, cette tondue ( pas tout à fait encore, mais elle ne perd rien pour attendre, cette salope ! ) qui est conne, il est vrai, mais qui est très loin d'être la seule, et de "l'essentialiser" comme blondasse, de pouvoir lui jeter des pierres, sans même avoir à se poser aucunement la question chrétienne de savoir si l'on a soi-même déjà pêché ! C'est quasi aussi agréable que de s'autoriser à péter en choeur, après une intégrale de Chopin par Glenn Gould, laissant enfin la nature reprendre ses droits. Finalement, oui, il est pleinement réconfortant de constater que la bien bonne vieille tradition ancestrale du bouc émissaire perdure sous de nouvelles formes et n'est pas tout à fait éradiquée par la modernité. "Tout changer pour ne rien changer", prônait le Prince Salina dans le beau roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa !
Et si nos moralistes d'aujourd'hui, qui sont si nombreux que même Sarkozy appartient à leur troupeau, c'est dire s'ils sont sincères, n'étaient finalement que des gattopardistes qui avaient trouvé le moyen de redorer la bonne vieille loi de Lynch ? Les nègres hier, les blondasses aujourd'hui : incontestablement, l'humanité progresse, réjouissons nous !