"Limer est un village", telle est la très étrange réflexion que m'inspirait ce matin la collision un peu baroque de deux titres sur la une de Médiapart. " Celui-ci : "L'appartement qui abrite les relations secrètes du président lié au grand banditisme", et celui du billet de notre conclubiste "Vivre est un village" qui n'hésitait pas à donner dans la redondance en reprenant curieusement pour titre de celui-ci son poétique autant que rural pseudo. Vous me suivez, ou vous êtes déja perdus ? Pour mieux me faire comprendre, notamment de Joël Villain qui m'a confondu pendant deux mois avec Porfirio, j'illustre mon propos :
Déjà, d'emblée, à lire le titre de Médiapart, on est un chouïa paumé, car l'on ne sait plus si c'est l'appartement qui est lié au grand banditisme ou Hollande lui-même. Et pour le billet de notre conclubbiotte ( à moins que ce ne soit conclubine), il laisse lui aussi dans un état de perplexité profonde puisqu'il renvoie à un blog du même auteur : je vous avoue que je me suis même perdu en route, peut-être lassé des "matriochkas", seuls produits d'exportation de la Russie avec son gaz. Pas grave, si du moins, cela m'aura permis un pastiche que je vous sers bien frais.
A votre santé ! Ecco :
Bon, moi, en tous cas, je vous le dis tout de go, je serais Edwy Plenel, je débaucherais (c'est le seul type de débauche qu'il semble s'autoriser) les papparazzi de Closer qui ont réussi à dénicher un secret d'état avant ses propres investigateurs, qui ont l'air de ne pas lacher leur fax d'une semelle ! Ce serait un bon moyen de sauver Médiapart, d'ailleurs ! Plus de 1000 commentaires à cette heure au bas de cet article où la gaudriole pimente une réflexion politique du plus haut niveau. Ouais, ce serait un bon moyen, et à chaque tombée du bénard présidentiel, on aurait sûrement, tout l'indique, une remontée du chiffre des abonnements ! Ce serait en tous cas un moyen plus dynamique que de pleurnicher comme le fait notre quelque peu constipé moustachu. Ou du moins pas pire que d'envoyer le toujours subtil Antoine Perraud conchier en termes choisis notre contrepéteur émérite Joël Martin, en le transformant en rien moins qu'en Dr Verwoerd d'un "apartheid fiscal" !
Eh oui, Médiapart doit être au plus mal pour que le sémillant Perraud, qui s'autorise beaucoup, certes, mais qui, en bon pervers qu'il est , a toujours su se ménager sinon des alliés, du moins des indulgences, pour que Perraud donc se permette d'insulter Joël Martin à qui il donnait jusque là du "Mon Cher Joël" ! Ces "mon cher Trucmuche" , n'en soyons pas dupes, n'étaient pas la marque d'une déférente admiration qu'on imagine mal Perraud distraire pour d'autres que lui-même. Non, ces civilités étaient la simple preuve de la nécessité pour lui de se ménager quelques alliés dans son titanesque combat, "perraldien" pour tout dire, contre l'hydre de la vulgarité et du philistinisme dont je suis moi-même benoitement une tête. Et ça marchait pas si mal, d'ailleurs, faut reconnaitre : être ainsi distingué, ça faisait naître au moins autant d'espoir chez l'élu, qu'avant la Révolution, chez les manants atteints des écrouelles, le fait d'être touché par le bon Roy. Tout ça pour dire que si Perraud abandonne même ses emberlificotantes précautions tactiques, c'est que la situation est grave pour Médiapart !
Mais pour en revenir à notre sujet, l'article de Médiapart, je ne vais pas me forcer à faire le bégueule. C'est trop opposé à ma nature. Même si l'attitude de Médiapart m'a fait sourire, je ne vais pas tomber sur le râble de la rédaction en jouant les défenseurs intransigeants de la vie privée des personnages publics, et même si je pourrais être tenté de le faire. En effet, la mienne, de vie privée, fut atteinte par l'illustrissime Perraud qui publia une photo de moi sortant de ma douche, sur un fil de Médiapart. Cela n'était guère justifié, faut bien le dire, puisque je ne suis pas un homme public et que tout le monde se fout bien de ma personne, même et surtout Closer. Et si Perraud avait un goût irrépressible pour mon torse nu, il aurait pu se contenter de stocker ma photo, si propre à l'émouvoir, dans son ordi, non ?
C'est dire que face à l'article de Médiapart, je m'en suis tenu bien plus à mes convictions profondes qu'à ma rancune. En effet, j'ai toujours pensé qu'histoires de cul et politique étaient étroitement mélées, et que vouloir voiler les unes, c'était vouloir occulter l'autre, ou du moins en refuser une clé pour une pleine compréhension. Le style, c'est l'homme, et il n'est pas forcément besoin de remonter jusqu'à Félix Faure pour s'en convaincre. Et j'ajoute que si le style, c'est l'homme, les commentaires de presse sont eux, tout autant le reflet d'une société à un moment donné.
Ainsi, pour Félix-Faure, la rumeur populaire colporta promptement que c'était une fellation prodiguée par sa maîtresse, agape bien moins pratiquée à l'époque qu'aujourd'hui, qui avait provoqué un orgasme fatal. Cela valut à Marguerite Steinheil le surnom de « la pompe funèbre ». Mine de rien, ce mythe de la gâterie fatale qui fit tant florès donc, était très probablement l'expression d'un manque inavouable à l'époque, du moins de la part d'un bourgeois à sa bourgeoise. Pour peu que l'on ait interrogé sur ce point nos grand'mères, il apparait que celles-ci répugnaient habituellement, à se résoudre à accorder cette faveur, et même en utilisant une pince à sucre en vermeil.
Les choses ont bien changé, et les jouvencelles d'aujourd'hui, même dans les meilleures familles, considèrent désormais cette agape comme une des toutes premières étapes de la carte du tendre, laquelle est régulièrement remise à jour par Cosmopolitan. On m'a même assuré qu'une application sous Androïd serait bientôt disponible en exclusivité sur le Google store afin que nos goûteuses les plus branchouilles puissent échanger leurs impressions avec la précision du vocabulaire des meilleurs oenologues. Cela pourrait même assurer le triomphe définitif de Samsung sur Apple.
De son coté, notre sexologue le plus réputé, Thierry Ardisson, peut s'interroger gravement sur le point de savoir "si sucer, c'est tromper" à une heure de grande écoute. Son compétiteur à ce titre, Laurent Baffie, lui, nous donne une indication très précieuse, pour apprécier le cas de notre Président, dans son "Dictionnaire de Laurent Baffie", qui est incontestablement au XXIème siècle ce que que fut l'Encyclopédie à celui des Lumières. En effet, pour la définition de la cravate, il indique ceci : "trait d'union entre le cerveau et la bite" . Or, François Hollande, justement, la porte de travers, la cravate, veux-je dire bien évidemment, puisque Closer n'est qu'aux débuts de son enquête. Et cette intéressante observation peut évidemment porter à bien des conjectures.
Mais pour en revenir aux débuts du siècle dernier, les chansonniers de l'époque affirmèrent du bien-nommé Félix :« Il voulait être César, il ne fut que Pompée ", allusion au goût du président pour le faste et à cette fameuse fellation qui provoqua prétendument sa mort. Cette phrase a été attribuée également à Georges Clémenceau, qui, peut-être jaloux, ne l'aimait guère. Ce prédécesseur de Valls à la place Beauvau aurait également déclaré à cette occasion : « En entrant dans le néant, il a dû se sentir chez lui. » et « Ça ne fait pas un Français en moins, mais une place à prendre. ».
Aussi, pour en revenir donc pour de bon cette fois, après cette disgression historique, à une époque plus récente qui ne s'efface paradoxalement que dans la mémoire du pauvre Chichi, et pour ce qui est, par exemple, de la libido de ce dernier, qui avait une réputation de hussard éjaculateur précoce, ne peut-on pas faire le lien entre sa manière de "bretter" au lit et sa manière de gouverner ? Il y aurait là une piste à explorer. Pour Mitterrand auquel il fallait trouver une militante dévouée au socialisme gironde quoique jacobine, à chacune de ses étapes à travers le pays, n'était-ce pas là sa manière d'apprécier la France dans sa diversité charnelle d'une manière moins éthérée que De Gaulle qui la voyait lui, "telle la Madone aux fresques des murs" ? Gageons même que De Gaulle himself se faisait, s'il faut en croire certains biographes, une image plus charnelle de la Pologne, en compagnie de Pétain, à Varsovie. J'offre là des pistes de réflexion propres à modérer certains jugements peu amènes tendant à comparer les unes de Médiapart à celles du Sun. Car, tout bien considéré, le jugement à l'emporte-pièce est à la réflexion ce que l'éjaculation précoce est à l'amour.
Notre bon Président, en tous cas, lui, est en pleine santé, et il le démontre d'une manière efficace finalement ! Peut-être qu'il y aurait à faire le parallèle entre sa manière de gérer les tendances au sein du PS du temps qu'il en était le Premier Secrétaire, celle de gérer les oppositions à l'intérieur de la majorité et celle de gérer enfin sa vie privée ? Tous les commentaires sont dès lors permis et utiles, mais d'ores et déjà, aux plus fielleux qui le traitaient de mollusque, François Hollande a démontré qu'il avait au moins un os ! Même Mélenchon en est resté coi, lui dont le message subliminal sous les imprécations contre "le capitaine de pédalo" n'est pas sans rappeler aux cinéphiles "la rivière rouge" de Howard Hawks, film dans lequel on voit John Ireland et Monty Clift comparer la longueur de leurs colts.
En ces heures où la France doute d'elle-même, ce signe de redressement chez le Chef de l'Etat donne comme un avant-goût du printemps en flattant les Français dans l'image qu'ils se sont forgée au plus profond d'eux-mêmes et qui alterne avec leur auto-flagellation pathologique. Hollande est l'homme des transitions tranquilles : n'en donne-t-il pas un parfait exemple en permettant aux clubistes de Médiapart de passer de la quenelle de Dieudonné à la sienne ? D'une quenelle l'autre, en quelque sorte... Bravo l'artiste !