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Billet de blog 17 décembre 2012

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DEPARDIOU, UN EXILE FISCAL DECONTRACTE DU GLAND !

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Je sais, je sais, je vais encore faire hurler quelques pisse-froid propres sur eux et une petite cohorte de féministes rancies du bouton avec ce  titre accrocheur dans sa crudité, mais où cependant,  fort heureusement,  plus fins,  les cinéphiles avertis sauront voir, eux,  un extrait d’une tirade de notre Gégé National dans une scène d’anthologie du film qui le catapulta   au firmament de l’art cinématographique, Les Valseuses .

 J’étais pourtant bien décidé, je vous jure, à m’amender après certaines critiques virulentes qui accueillirent mon premier papier sur Médiapart , « la verve turgescente du Comandante Mélenchon », mais hélas,  je ne pus que constater , à mon grand dépit, qu’avec « MEDEF-SOS-Racisme, même combat ! », et «Les temps sont flous », je fis bien moins recette. J’en fus même à me demander si, avec pour titre « Parisot –Montebourg, Sieg Sieg avec toi ! » mon papelard sur les glissements progressifs du discours antiraciste , n’aurait  pas reçu bien meilleur accueil d’un public  réticent, à ce qu’il prétend du moins, à la gaudriole.  Aussi, très clairement,  mais  avec le même intime désespoir que celui qui fouailla John B. Root, lequel  rêvait d’être un nouveau Bergman, lorsqu’il passa , las d’attendre le succès espéré,  à une forme de création cinématographique moins absconse que celle du metteur en scène de «Cris et chuchotements »,  avec le même désespoir donc,  je me résolus, pour mettre quand même un peu de buzz dans mes épinards,  à utiliser un titre plus apte à rameuter les chalands, et même, pourquoi pas ?  ceux qui se disent  peu portés aux « plaisanteries de vestiaire de rugbymen » (sic), l’hypocrisie étant la chose la mieux partagée du monde, avec le bon sens, bien entendu, ce dernier déterminant largement  la première.

 Si ça ne marche pas, il ne me restera  décidément plus, pour satisfaire mon ego, qu’à me plier à un exercice moins familier de bondieuserie féministo-gauchiste dont le billet « les brutes misogynes sont parmi nous », à la une des blogs  de Médiapart la semaine dernière, fut un exemple achevé.  En lisant ce génial avertissement du sémillant féministe Antoine Perraud,    je fus saisi, je dois dire ,  de   la même chair de poule que celle qui  hérissait  la totalité de mon épiderme,  sur la chaise inconfortable de la salle de télé de ma Cité U. du Rabot, à Grenoble, à la fin des années soixante, lorsque David Vincent,  héros du feuilleton américain  «Les  Envahisseurs », nous mettait en garde,   mes congénères étudiants et moi , sur l’écran noir et blanc de notre cacochyme télé, contre le  danger que courrait l’humanité à ne pas reconnaître à temps ces hôtes démoniaques venus d’ailleurs, aux annulaires  et auriculaires fort heureusement palmés. L’exercice,  Ô combien salvateur,  d’Antoine  Perraud, le David Vincent du XXIème siècle,  est   d’autant plus méritoire que rien ne distingue, quoi que puissent imaginer des esprits déplacés autant que malicieux, absolument rien ne distingue dis-je, et   même dans le cadre d’une piscine olympique,  ces « brutes misogynes » du commun des mortels, en tout cas rien de palmé. Aussi ne puis-je que  conseiller vivement la pieuse lecture de son œuvre,  digne de figurer à coté du « j’accuse ! »  de  Zola dans la mémoire du peuple de gauche.

  Mais extirpons nous de cette besogneuse digression pour enfin en revenir à notre Monument National,  qu’un gouvernement à la fois spoliateur et  confit en impéritie, laisse filer à l’étranger, à son nez et à sa barbe,  sans même que les Services du Patrimoine aient usé  de leur  droit de préemption. Un monument que le temps n’aura que valorisé. C’est qu’en quarante  ans de carrière, il en aura fait des progrès, ce bougre de Depardieu !  Devenu Falstaff, il a mis, avec son incursion  outre-Quiévrain bien moins de temps pour faire grimper aux rideaux le microcosme politico-médiatique, qu’il n’en usa pour un résultat bien moindre,  dans les valseuses,  avec Miou-miou , la très  soumise shampouineuse, alors même que dans le film, il était relayé, vous vous en souvenez,  par Patrick Dewaere, lequel était en convalescence certes, mais néanmoins dynamisé, que dis-je,  transcendé  par l’exaltant constat d’une forme retrouvée !

  Quelle fascinante carrière que celle de Depardieu, et tellement française, pour ne pas dire gauloise ! Prolo,  ancien cassoce, cette force de la nature bien de chez nous  sut tout d’abord  se forger une sexualité précoce dans l’ombre protectrice des caves de HLM, créant par là du  lien social quasi intergénérationnel entre les hordes palichonnes de blousons noirs des années soixante et les lascars  plus mats d’aujourd’hui. C’est dire qu’à peine pubère, déjà,  il méritait de la patrie  reconnaissante. Plus tard, la large palette   de son génie d’acteur  lui permit de jouer à la fois les chasseurs de  beaux sangliers  dans le rôle d’Obélix  et celui de poulettes de  qualités  disparates dans « Trop belle pour toi  ». Avec ça, il gardait  un esprit concret, qui sut toujours  faire la différence entre la vie réelle et celle plus féérique du cinéma. Je n’en citerai qu’un exemple entre mille. Dans « Trop belle pour toi », certes, il culbutait Balasko, mais dans la vraie vie, c’est tout de même de Carole Bouquet qu’ il sut se contenter chichement,  tout en la comblant. Etonnante résurgence, sous sa forme la plus éruptive,   du bon sens dont étaient pétris ses ancêtres berrichons !

  Pour illustrer son registre, qui allait du plus poignant tragique  au plus comique,  qu’il me soit permis de parler du fou rire qui laissa mon fils, alors ado, sans souffle à la vison d’un épisode de Fort Saganne , où Depardieu avançait  nu comme un ver, mais sentant cependant tellement bon le sable chaud,  en direction de la blonde  Catherine Deneuve ,   alanguie et curieuse à la fois, prête à céder à la charge héroïque du beau méhariste . Ce n’était pas vraiment la charge de la brigade légère, cette charge sabre au clair, menée d’un pas de plantigrade,  mais il y avait de quoi justifier largement la nostalgie de nos entreprises coloniales, et même chez les plus fières femmes des peuples soumis !

 Prend-on bien sérieusement la mesure de  ce que représente la perte de Depardieu pour la France ? Je le dis tout net  : France, ton patrimoine fout le camp ! Dans ce siècle ou l’on prétend guérir par le biais de l’aromathérapie, et alors que notre pays est au plus mal,  un gouvernement d’incapables présente ce qui est, n’ayons pas peur des mots, comme la quintessence de la France, son concentré, son huile essentielle, comme un  traitre de la race maudite des  Dumouriez alors que Gégé,  ce combattant suprême de la Francitude,    c’est plutôt  Danton, avec sa trogne, son trop plein  de foutre, ce Danton  que d’ailleurs, il incarna avec maestria dans l’œuvre de Wajda ! Ah ! Faut-il donc que ce soit  un Polonais des bords de la Vistule qui soit plus apte finalement à reconnaître le talent,  qu’un Premier Ministre des bords de Loire au physique de pilote de ligne,   rêvant,  mégalo  qu’un aéroport porte son nom !

 Et, par Toutatis aussi bien que par exemple, pour une reconnaissance internationale du génie de Depardiou, quelle reconnaissance ! Les douaniers amerloques si tatillons peuvent bien bloquer un Camembert au lait cru, un Epoisse bien fait, une boite de foie gras, une douzaine de bouteilles des meilleurs crus, tous produits de nos terroirs,  ces cons-là, mais pour notre Gégé, qui contient tout cela, salon de l’agriculture à lui tout seul,  ambassadeur plénipotentiaire et pantagruélique de notre culture millénaire, eh bien il faut voir comme on lui déroule le tapis rouge. Jusqu’à la bouteille d’eau minérale, qui après un usage vulgaire, fut honorée de s’offrir au viril jet de notre Gégé, étonnant avant goût prémonitoire, saut spatio-temporel, si l’on pense que le Manneken Pis est à Bruxelles ce que la petite sirène est à Copenhague !

 Alors, au regard de tout cela,  toute cette opprobre parce que notre Gégé a confondu un chouia rapidement son taux d’imposition avec le taux d’alcool de sa meilleure poire, et que son sang généreux, harmonieuse combinaison des meilleurs cépages de nos terroirs, n’a fait qu’un tour !!! C’est honteux, c’est une infamie !!!  Depardiou a passé le Quiévrain de quelques centaines de mètres et on le traite de déserteur alors que justement, par son offensive surprise, il démontre qu’il  est apte à faire largement refluer les bières  belges coalisées !  Il y a méprise ! 

On parle de la Bérézina alors qu'il s'agit d'Arcole ! Oui, Il y a méprise !  Reviens Gégé, ne les écoute pas, nous, qui représentons la France éternelle, celle qui s'est battue en 1940 pour que la route du fer soit fermée aux Boches, et que la route du zinc reste ouverte aux Français,  on t’aime !

Et si par malheur, tu ne répondais pas favorablement à notre appel, trop écoeuré de l'ingratitude de la Patrie,  alors sâche, mon Gégé, que mes pôtes et moi sommes prêts à lancer une souscription pour qu'une satue en bronze  soit érigée devant le Centre Pompidou, te représentant jetant avec dédain ton passeport à la face d'Ayrault ! Ainsi, le zgeg encore poisseux de leurs tournicotantes agapes dans les tréfonds de leurs barres de HLM, les jeunes  les plus sensibles des banlieues de même nom, sortant par milliers des bouches de métro des Halles, et passant devant le bronze patiné de fiente immortalisant ton geste d'orgueil blessé, pourront se dire que l'espoir leur est permis, celui d'avoir à leurs basques non plus les contrôleurs du RER, mais le fisc français ! Et qui sait ? Peut-être que ce sera parce qu'à ta suite,  dans une version du Cyrano aux couleurs ravivées  de la diversité, ils auront appris, ces coeurs purs, à envoyer à Djamila ou à Fatoumata, les mots les plus doux, les tirades les plus enflammées, afin que leurs potes Kader ou Abdel, ces bâtards au physique moins ingrat,  puissent tirer,   tranquillou,  les meufs dont eux se contentent de rêver  secrètement, le coeur déchiré grave," vers de terre amoureux d'une étoile" ! Ainsi, Gégé, tu auras pour ainsi dire jeté un pont entre deux rives, et cela, ce n'est pas rien !

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