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Billet de blog 10 novembre 2015

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Carte scolaire

J’avais fait récemment un billet à propos de la carte scolaire (ICI). La dernière proposition de la Ministre de l’Education tente l’expérimentation d’un choix des collèges d’un secteur pour les familles (et peut-être les futurs élèves ?) dans une vingtaine de départements. Bien, au moins cela montre que techniquement c’est possible, voire facile.

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J’avais fait récemment un billet à propos de la carte scolaire (ICI). La dernière proposition de la Ministre de l’Education tente l’expérimentation d’un choix des collèges d’un secteur pour les familles (et peut-être les futurs élèves ?) dans une vingtaine de départements. Bien, au moins cela montre que techniquement c’est possible, voire facile.

Mais elle reste très vague sur les raisons qui pourraient inciter tel ou tel choix et provoquer une mixité sociale, laissant le soin surtout à ses recteurs d’imaginer. Or, le seul choix rationnel pouvant s’effectuer sur une différence si elle est clairement percevable et clairement annoncée, c’est celui sur l’approche éducative globale d’un établissement. Disons que grosso-modo il y en a deux avec toutes leurs nuances : une approche classique, une approche fondée sur les pédagogies Freinet, actives, coopératives…

Cette dernière n’est pas nouvelle et existe officiellement dans de très rares établissements publics dont les plus aboutis sont peut-être les deux lycées autogérés. Il y a aussi une aspiration grandissante d’un côté de parents (ceux qui se sont informés ou qui ont été informés) de l’autre d’enseignants qui aspirent de leur côté à exercer dans un établissement cohérent et non plus de façon isolée et difficile. L’inégalité qui s’exprime de plus en plus est celle qui fait que seules les familles aisées peuvent faire ce choix… dans des établissements privés qui aujourd’hui se dénomment alternatifs (Voir l’APPEL qui a reçu sans aucune médiatisation près de 20 000 signatures et autant de commentaires).

Il est souvent dit que les familles populaires ne seraient pas concernées par un tel choix. Il est vrai que l’Education nationale s’est toujours bien gardée d’informer l’ensemble des parents que deux grandes conceptions pédagogiques existent quant à la construction des apprentissages et qu’elle ne peut elle-même trancher sur celle qui devrait être privilégiée sans enclencher des polémiques stériles (voir la lettre à la Ministre de l’EN, ICI)

A moins de considérer la population comme incapable de compréhension et de réflexion quand elle est informée, elle pourrait alors faire le choix de l’une ou de l’autre de ces approches par rapport aux convictions de chacun, les enfants y gagneraient quel que soit ce choix et ce sont, dans la durée, les faits eux-mêmes qui indiqueraient à l’EN l’orientation qu’elle doit prendre puisque, jusqu’à aujourd’hui et manifestement, elle ne sait laquelle prendre de façon cohérente.

Sur la mixité sociale en même temps que sur la pacification du système éducatif, il y a l’exemple d’une trentaine d’années de la ville belge de Gand qui offre, dans la quarantaine d’écoles communales (donc gratuites) de la ville, le choix entre des écoles de types Freinet et des écoles de type classique. Dans une ville à forte émigration en particulier turque, la mixité sociale de ces écoles est parfaite !

Si on veut casser les ghettos scolaires, faire de l’école une affaire citoyenne et non étatique, offrir aux enfants et adolescents des possibilités de se construire suivant ce qui convient à leurs propres caractéristiques cognitives, une carte scolaire devrait absolument comporter ces deux choix possibles.

Est-ce qu’on peut imaginer que dans ces départements dits pilotes la raison fera prendre cette orientation ? On peut même imaginer que la Ministre tente prudemment une brèche !

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