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Billet de blog 6 mars 2025

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Réforme des retraites 2025 : l’âge de départ n’est pas la solution magique.

L’analyse des comptes de la Sécurité Sociale met en évidence une grande disparité entre les 32 régimes de retraite de BASE, tant sur le mode de calcul de la pension de retraite, que sur les taux de cotisations salarial et patronal. Le conclave aura t-il le courage de s’attaquer aux privilèges des régimes spéciaux, et de revoir le mode de calcul des pensions pour les fonctionnaires ….

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le système de retraite de base, par répartition, est très hétérogène, tant sur le mode de calcul de la pension de retraite, que sur les taux de cotisations salarial et patronal. Il y a environ une trentaine de régimes de base :

  • Le régime général, pour les salariés du secteur privé, les employés de maison, les agents non-titulaires et les professions artisanales, industrielles et commerciales, géré par la CNAV (Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse) ;
  • Les régimes des agents publics, pour les fonctionnaires civils de l’Etat et militaires (FPE), les fonctionnaires hospitaliers et territoriaux (CNRACL), les ouvriers d’Etat (FSOEIE) ;
  • Le régime des professions libérales (CNAVPL) ;
  • Les régimes des professions agricoles, pour les salariés agricoles (MSA - salarié), les exploitants agricoles (MSA - exploitant) ;
  • les régimes spéciaux pour les agents de la SNCF (CPRP-SNCF), les agents de la RATP (CRP-RATP), les agents des industries électriques et gazières (CNIEG), les employés de la SEITA, les agents de l’Opéra national de Paris, les agents de la comédie-française, etc …
Illustration 1

En s’appuyant sur les données fournies par la CCSS (Commission des Comptes de la Sécurité Sociale), les soldes des différentes régimes de retraites entre 2019 et 2025 sont les suivants :

Illustration 2

Le régime FSPOEIE des ouvriers de l’Etat, avec un ratio cotisant / bénéficiaire de 0,25, présente un solde quasi à l’équilibre grâce à une contribution d’équilibre de l’Etat de 1,5 milliards d’euros en 2023.

Certains régimes dits « spéciaux » reçoivent des subventions de l’Etat (5,9 milliards d’euros) ou bénéficient de taxes affectées au régime de retraite (2,1 milliards d’euros).

Le régime spécial de la SNCF, avec un ratio cotisant / bénéficiaire de 0,5, est en perpétuel déficit, malgré que le taux salarial de cotisation vieillesse augmente chaque année. L’Etat subventionne le régime de retraite de la SNCF à hauteur de 3,2 milliards d’euros en 2023 (voir tableau 4 ci-dessous).

Le régime spécial de la CNIEG, avec un ratio cotisant / bénéficiaire de 0,75, est en excédent, grâce au financement de la taxe CTA sur les factures d’électricité et gaz, dont le montant en 2023 était de 1,7 milliards d’euros (voir tableau 4 ci-dessous).

Illustration 3

Le système universel de retraite de 2017, où l’objectif était qu’un euro cotisé devait donner les mêmes droits à tous les cotisants, n’ayant pu aboutir, les 32 régimes de retraite de BASE historiques perdurent avec des taux de cotisations différents, des modes de calcul différents et des montants de pensions différents :

Illustration 4

Le rapport de la Cours des comptes de février 2025, sur la situation financière et perspectives du système de retraites, se contente de préconiser d’agir sur l’âge de départ à la retraite , le nombre d’années de cotisation (du mille fois rabâché) et sur le taux de cotisation salarial et patronal du régime général (+1%, tout le monde c’est faire ce genre de préconisation).

L’essentiel s’est le nombre de trimestres cotisés (Loi Marisol Touraine de 2014), il n’y a pas besoin d’âge de départ.

Absolument rien sur l’uniformisation du calcul des retraites.

Le montant des pensions de retraite en 2023 s’élève à 270 milliards d’euros pour 23,1 millions de pensionnés. Le nombre de cotisants n’étant que de 27 millions en 2023. Il va de soit qu’il n’y a pas assez de cotisants (de travailleurs), et que par conséquent la solution passera par une baisse des pensions ….

En ramenant le déficit des régimes de retraite au nombre de pensionnés, on constate que :

  • La subvention du régime de retraite de la SNCF coute 1 170 € par mois, par pensionné ;
  • Les pensionnés hospitaliers et territoriaux (CNRACL) coute 160 € par mois, par pensionné ;
  • Les pensionnés des régimes spéciaux coute 55 € par mois, par pensionné ;
  • Les pensionnés de la CNAV coute 7 € par mois, par pensionné.

En examinant la pension de retraite mensuelle moyenne de chacun des régimes de retraite, on constate de très grand écart :

  • Les pensionnés électricien et gazier (CNIEG) : 2 600 € / mois ;
  • Les pensionnés de l’Etat (FPE) : 2 195 € / mois ;
  • Les pensionnés hospitaliers et territoriaux (CNRACL) : 1 600 € / mois ;
  • Les pensionnés des régimes spéciaux : 1 050 € / mois ;
  • Les pensionnés du régime général (CNAV) : 860 € / mois.

Pour les 4 premières lignes, le calcul de la pension de retraite est de 75% du dernier salaire, alors que pour les pensionnés de la CNAV il est 50% de la moyenne des 25 meilleurs années.

Le mode de calcul de la retraite de base pour les salariés du privé est manifestement très défavorable, par rapport aux salariés du public.

Certes dans le public, le montant de la retraite complémentaire est faible, comparé au privé. Dans le privé, la retraite complémentaire Arcco, pour les salariés dont le salaire est inférieur au plafond de la Sécurité Social (3 660 € / mois), le montant de la pension n’excède pas 500 € / mois, soit un total de 1360 € / mois.

Il est grand temps de s’attaquer aux privilèges des régimes spéciaux, et de revoir le mode de calcul des pensions pour les fonctionnaires, pour le ramener à celui du régime général.

Par exemple, pour le régime SNCF, dont le calcul de la retraite est basé sur 75% du dernier salaire, il faudrait le ramené à 50% pour les nouveaux entrants, afin de réduire la pension mensuelle moyenne de 1930 € à 1290 € (année 2023) , ce qui permettrait de réduire le déficit de la retraite SNCF de 1,8 milliards d’euros.

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