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Billet de blog 7 octobre 2023

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Budget 2024 : Macron nous ment, les impôts vont bien augmenter.

Depuis ces 5 dernières années, Macron emprunte plus de 200 milliards chaque année, pour boucler le budget; la dette de l’Etat atteint plus de 2 400 milliards. En 2024, les impôts sur le revenu vont augmenter de 3,4 milliards par rapport au budget 2023 révisé.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’ancien Secrétaire général de l’Elysée sous le président Hollande, Jean-Pierre Jouyet dans son dernier livre « Est-ce bien nécessaire, monsieur le ministre ? » met la lumière sur la nécessité de réformer la lourdeur administrative de l’Etat, qui est à l’origine des déficits qui ne cesse d’augmenter chaque année depuis 1974. Il y a un pognon de dingue qui part dans les lourdeurs administratives, pour un résultat des services public qui ne cessent de se dégrader
La dette de l’Etat ne cesse de croître pour atteindre 2 410 milliards d’euros selon l’Agence France Trésor à fin août 2023.
Les taux d’intérêt des OAT à 10 ans sont à plus de 3%, la charge de la dette va devenir de plus en plus importante. Bruno Lemaire ne pourra plus dire qu’avec des taux à 0%, ce n’est pas grave de s’endetter.

L’examen des Projets de Loi de Finance sont rébarbatifs compte tenu du nombre important de pages. Toutefois il y a toujours 2 pages qui font la synthèse du budget de l’Etat, présentées comme le budget d’une commune : Sections Fonctionnement et Investissement.

Section Fonctionnement du PLF 2024

Illustration 1

En 2024, les charges de la section de Fonctionnement ont augmentées de 4,8 milliards d’euros par rapport à 2023, réparties de la façon suivante :
 - Dépenses de fonctionnement : -0,3 Md€,
 - Charges de personnel : + 7,5 Md€,
 - Autres charges de gestion courante : -0,8 Md€,
 - Charge de la dette : +0,5 Md€,
 - Reversement sur recettes : -2,3 Md€.

On remarque que les charges de personnels progresse de 7,5 milliards d’euros en 2024, dont 4,4 milliards d’euros pour l’Education Nationale. Cette augmentation de charge de personnels est le fruit d’une part de l’augmentation 8273 ETP, de la revalorisation des rémunérations des fonctionnaires de l’Etat, et du taux des cotisations patronales (Etat) de 70% (dans le privé elles ne représentent que 40% du salaire brute).

En 2024, les recettes de la section de Fonctionnement ont augmentées de 14,1 milliards d’euros, réparties de la façon suivante :
 - Recettes non fiscales : -3,4 Md€,
 - Recettes fiscales : + 17,3 Md€,
 - Autres recettes courantes : +0,2 Md€.

Le déficit de la section Fonctionnement en 2024 ( 108,1 Md€) diminuera de 16,3 milliards d’euros par rapport à 2023 (124,4 Md€) grâce à l’augmentation des recettes fiscales (Impôts et Taxes), dont voici le détail :

Illustration 2

Quand Macron dit qu’il ne va pas augmenter les impôts, il se moque de nous :
 - L’impôt sur le revenu sera en augmentation de 3,4 milliards d’euros,
 - L’impôt sur les sociétés sera en augmentation de 10,8 milliards d’euros.

Bien que les seuils des différentes tranches d’imposition soient revalorisés de 4,8%, et que l’augmentation des rémunérations soit inférieure à 4,8% en 2023, il est curieux de constater que l’impôt sur le revenu soit en augmentation de 3,4 milliards d’euros dans le budget 2024, par rapport au budget 2023 révisé.
En prenant l’exemple d’un couple, sans enfant, dont le revenu imposable sont respectivement 40 000€ et 45 000 € en 2022, avec une augmentation des rémunérations de 4,4% en 2023, on s’aperçoit qu’il y a une augmentation des impôts, d’autant plus importante que les rémunérations sont importantes, bien qu’il s’agisse de la tranche 11%.

Illustration 3

MACRON nous ment, les impôts sont bien augmenter, même si l’augmentation des salaires restent inférieure à 4,8%.

Selon le PLF 2024 : « La prévision d’impôt sur les sociétés ressort en hausse de 10,8 Md€ pour atteindre 72,21 Md€ en raison du fort dynamisme du bénéfice fiscal en 2023, qui joue positivement sur les acomptes et sur le solde en 2024, ainsi qu’en raison de la croissance du bénéfice fiscal en 2024 ». 
Selon le PLF 2024 : « La prévision de TVA ressort en hausse de 4,1 Md€ par rapport à 2023 pour s’élever à 100,4 Md€ en raison de la résilience des entreprises à la conjoncture économique ».
Le gouvernement projette une croissance du PIB de 1,4% en 2024, qui devrait booster la consommation. La Cour des Comptes, ainsi que la banque de France ne sont pas aussi optimiste que le gouvernement, ils tableraient plutôt sur une croissance de 0,9% à 1%.
Tout laisse à croire que les recettes fiscales présentées dans le budget 2024 par le gouvernement sont INSINCÈRE.

Section Investissement du PLF 2024

Illustration 4

En 2024, les charges de la section Investissement seront en retrait de 8,2 milliards d’euros par rapport à 2023, grâce à la diminution de 16,3 Md€ de l’insuffisance de l’autofinancement.

Les remboursements des OAT (Obligations Assimilables du Trésor) arrivant à terme sont comparables entre 2023 et 2024 (au voisinage de 160 milliards d’euros).

Le déficit du Budget Général en 2024 atteint 144,5 milliards d’euros, en retrait de 14 milliards d’euros par rapport en 2023 (158,5 Md€).

En 2024, les autres sources de financement seront en retrait de 16,5 milliards d’euros, c’est pourquoi l’Etat doit émettre des OAT pour 285 Md€, pour financer le remboursement des OAT (162,9 Md€) et le déficit (144,5 Md€).
C’est ce qui s’appelle « rouler » la dette, l’Etat doit emprunter pour rembourser la dette.

Ainsi, la dette de l’Etat ne cesse de croître pour atteindre 2 410 milliards d’euros selon l’Agence France Trésor à fin août 2023.

L’AFT (gestionnaire de la dette de l’Etat) émet chaque mois, par adjudication, un douzième des émissions d’OAT prévues auprès de 15 banques, dites SVT (Spécialiste en Valeur du Trésor), sélectionnées par le gouvernement.

Une très grande partie des OAT émises par l’Etat sont à taux fixe, par conséquent les coupons seront versés aux détenteurs de l’OAT, jusqu’à sa date d’échéance. Par contre la valeur de l’OAT peut varier en fonction de l’offre et de la demande.
En effet, quand les taux d’intérêt montent, de nouvelles obligations sont émises avec des coupons supérieurs à ceux des anciennes. La valeur de ces dernières se met donc à baisser puisque les investisseurs les vendent pour acheter celles qui rapportent plus. Inversement, quand les taux d’intérêt baissent, le prix des obligations à taux fixe déjà en circulation monte.
Il est donc possible qu’un investisseur perde une partie de son investissement s’il revend son obligation à taux fixe avant son échéance et alors que les taux d’intérêt ont monté depuis son investissement. On parle de « risque de taux ». Nous sommes bien dans le cas où les taux d’intérêt sont repartis à la hausse, d’où le manque d’intérêt des investisseurs pour les OAT à long terme.

Illustration 5

En prenant l’OAT 1,75% 24 novembre 2024, émise en novembre 2013 (11 ans), on remarque que sa valeur est restée à +110% jusqu’en juillet 2021, après cette date son cours reste légèrement en dessous de 100%. C’est pourquoi l’AFT donne 8 ans de durée de vie pour la dette négociable.

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