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Billet de blog 10 février 2024

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Déficit commercial : Bayrou relance la "reconquête industrielle » de la France.

Depuis le rapport choc sur les légumes constituant la ratatouille de décembre 2021 du haut commissaire au plan François Bayrou, le déficit commercial de la France en 2023 ne s’est pas amélioré, bien au contraire il ne cesse d’augmenter, malgré les promesses de Macron pour ré-industrialiser la France.

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En 2022, avec l'envolée de la facture énergétique, le record du déficit commercial a atteint 163 milliards d’euros. Le déficit 2023 devrait être en retrait à 110 milliards d’euros.

Le constat est toujours le même : Il est affligent de constater que l’Espagne, l’Italie et les pays-bas s’en sorte mieux que la France. Le constat est sans appel : un pays comme la France "qui produit des fusées, des avions, des voitures parmi les meilleures du monde" devrait aussi être capable de fabriquer des produits du quotidien, comme le fait l’Allemagne. La crise du Covid a pourtant mis en évidence que la France était dépendante de la Chine, pour la fabrication de produits sanitaires, sans grande valeur ajoutée certes, mais au combien essentielles. Le monarque républicain Emmanuel Macron n’a pas ébauché la re-industrialisation de la France, bien au contraire : son appétence à zigzaguer de gauche à droite, astreint la France dans l’immobilisme. Pendant ce temps là, la commission européenne multiplie des accords commerciaux avec le monde entier, ce qui n’est pas sans augmenter les émissions de gaz à effet de serres, dues au transport des matières premières dans un autre pays, pour y être transformées avec une main d’oeuvre moins chère, et ensuite pour revenir en France pour y être consommés.
Par ailleurs les derniers évènements du monde agricole montre bien que cette concurrence déloyale a mis l’ensemble des agriculteurs des pays de l’EU en colère.
On peut se demander pourquoi à la construction de l’Europe, la commission européenne a obtenu autant de pouvoir d’initiative pour multiplier des accords commerciaux (dans le secret) avec des pays qui n’ont pas les mêmes normes environnementales et sanitaires que les pays de l’UE. Cette commission européenne est constituée de hauts fonctionnaires, non élus par le peuple européen. Je me souviens avoir attendu dire de l’ancienne député Michèle Bonneton, de la neuvième circonspection de l’isère, qu’elle avait eu l’interdiction de consulter les textes du marché Séta lors de sa venue à Bruxelles. C’est un comble qu’un député français ne puisse pas s’informer sur le contenu des textes de ces accords commerciaux concluent par la commission européenne, avant qu’ils ne soient ratifiés par le parlement européen (dont les membres sont élus par le peuple de chacun des pays de l’EU).

Commerce extérieur de la France

Selon l’Insee, les résultats du commerce extérieur de la France entre 2010 et 2022, sont toujours en déficit (la France importe plus qu’elle n’exporte).

Illustration 1

Le rapport du 10 mai 2023 de François Bayrou, haut-commissaire au Plan, analyse le déficit 2022 par secteurs d’activités en s’appuyant sur les données fournies par la DGDDI (Direction Générale des Douanes et Droits indirects).

Les données sur les importations et les exportations de la France (années 2021 et 2022) de la DGDDI sont organisées en plus de dix mille postes de nomenclature NC8   (nomenclature Combinée sur 8 chiffres) qui son répartis en 97 familles de produits.

Les soldes 2021 et 2022 sont légèrement différents de ceux donnés par l’Insee :

Illustration 2


Hormis le caractère conjoncturel de l’approvisionnement énergétique de l’année 2022, la balance commerciale de la France ne s’améliore pas.
Parmi ces 97 familles de produits, quelles sont celles qui sont en excédent ou en déficit ?
Pour répondre à cette question, mon analyse s’est limitée aux familles de produits dont le solde (en valeur absolue) est supérieur à 5 milliards d’euros.

Produits en excédent

Six familles de produits totalisent un excédent de 133,6 milliards d’euros, avec un solde unitaire supérieur à 5 milliards d’euros :

Illustration 3

Le chapitre 88 : « Navigation aérienne ou spatiale » avec un excédent de 19,46 milliards d’euros est le produit de haute technologie où la France rayonne à l’étranger.

Le chapitre 22 : « Boissons, liquide alcooliques et vinaigre » avec un excédent de 15,39 milliards d’euros représente symboliquement la filière vinicole de la France à l’étranger.

Le chapitre 33 : « huiles essentielles et résinoïdes, produits de parfumerie ou de toilette et préparations cosmétiques » avec un excédent de 15,06 milliards d’euros représente le bien être de la France à l’étranger.

Le chapitre 10 : « céréales » avec un excédent de 10,13 milliards d’euros représente l’agriculture céréalière de la France à l’étranger.

Le chapitre 42 : « ouvrages en cuir, articles de bourrellerie ou de sellerie, articles de voyage, sac à main et contenants similaires, ouvrages en boyaux » avec un excédent de 6,9 milliards d’euros est le produit qui représente la filière de luxe du travail du cuir de la France à l’étranger.

Le chapitre 30 : « produits pharmaceutiques » avec un excédent de de 5 milliards d’euros est le produit qui met en avant le savoir faire pharmacie (Sanofi) de la France à l’étranger.

Produits en déficit

Dix familles familles de produits totalisent un déficit de 211 milliards d’euros, avec un déficit unitaire supérieur à 5 milliards d’euros :

Illustration 4

La famille 27 : « combustibles minéraux, huiles minérales et produits de leur distillation, matières bitumeuses, cires minérales » avec un déficit de 109,8 milliards d’euros, a pris de plein fouet la flambée du coût des énergies fossiles (gaz naturel et pétrole brut) avec un déficit supplémentaire de 60 milliards d’euros par rapport à 2021.
En 2022 l’arrêt des centrales nucléaire pour maintenance a obligé RTE à importer 14 TWh au prix fort, d’où le déficit de 7,36 milliards d’euros sur le produit « énergie électrique ». En 2021 RTE exportait 45 TWh, d’où l’excédent de 2,65 milliards d’euros.

La famille 87 : « voitures automobiles, tracteurs, cycles et autres véhicules terrestres, leurs parties et accessoires » avec un déficit de 22,45 milliards d’euros est le produit typique où la France se met une balle dans le pied en ne privilégiant pas la préférence nationale. En effet avec les constructeurs automobiles français (Renault, Citroën, Peugeot, etc..) il y a suffisamment  de choix, sans aller acheter en Allemagne. Il en va de même pour les tracteurs français (Class et Massey-Ferguson), sans aller acheter au pays-bas.

La famille 84 : « réacteurs nucléaires, chaudières, machines, appareils et engins mécaniques, parties de ces machines ou appareils » avec un déficit de 19,6 milliards d’euros est le produit typique du choix de la dé-industrialisation de la France.
Le plus gosse part du déficit concerne les machines à calculer, les matériels informatique et les machines spécialisées.

La famille 85 : « machines, appareils et matériels électriques et leurs parties, appareils d’enregistrement ou de reproduction du son et des images, et parties et accessoires de ces appareils » avec un déficit de 18,7 milliards d’euros est le produit typique du choix de la dé-industrialisation de la France.

La famille 94 : «meubles et mobilier médico-chirurgical, articles de literie, appareils d’éclairage, constructions préfabriquées » avec un déficit de 9,1 milliards d’euros est le produit typique du choix de la dé-industrialisation de la France.

La famille 61 : « vêtements et accessoires du vêtement, en bonneterie » avec un déficit de 7,47 milliards d’euros est le produit typique du choix de l’externalisation voulue par la France.

La famille 73 : « ouvrages en fonte, fer ou acier » avec un déficit de 5,75 milliards d’euros est le produit typique de l’abandon de la sidérurgie à partir des années 1960 en France.

La famille 90 : « instruments et appareils d’optique, de photographie, de cinématographie, de mesure, de contrôle et de précision. Instruments et appareils médico-chirurgicaux » avec un déficit de 5,62 milliards d’euros est la produit typique du choix de l’externalisation voulue par la France.

La famille 62 : « vêtements et accessoires du vêtement, autre qu’en bonneterie » avec un déficit de 5,15 milliards d’euros est le produit typique du choix de l’externalisation voulue par la France.

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