Osons lutter contre ceux qui s'approprient sans vergogne l'argent de nos impôts. Cet argent, qui représente un effort collectif pour assurer le bien public, est le nôtre. À nous de décider à quoi il est employé.
Poursuivant sa politique de démantèlement du service public, le gouvernement a promis de supprimer 16.000 postes à la rentrée 2011 dans l’Éducation Nationale. Cette promesse-là, il compte bien la tenir. Et ce processus soi-disant inéluctable va faire souffrir cruellement un bon nombre d'établissements. Et en faire mourir d'autres.
Pour ce qui est du lycée autogéré de Paris, c'est bien d'une une mise à mort qu'il s'agit : en effet, le Rectorat annonce la suppression de 5 postes d'enseignants sur 25.
Une convention qui aurait pu faciliter les démarches administratives et l'accès aux ressources de la Région venait juste d'être signée. L'œuvre du lycée autogéré dans l'Éducation Nationale était reconnue, enfin.
Pendant presque 30 ans, des enseignants acceptent de se battre au jour le jour, et de sacrifier quelques avantages, pour permettre à des jeunes de bénéficier de leur droit à l'éducation, tout simplement. Cela les amènent à revoir de fond en comble l'organisation de l'établissement et leur temps de présence sur le lieu de travail qui est passé à 25 heures pour tous.
Mais voilà qu'ils s'écartent des normes ordinaires de calcul du temps de service. Même s'ils ont démontré au fil du temps leur utilité sociale et leur créativité dont témoignent tant d'élèves, on leur applique un système de calcul complètement inadapté : ce qu'on appelle dans le jargon administratif DHG (Dotation Horaire Globale) vient de diminuer de 100 heures, ce qui se traduit par une diminution de l'encadrement de 5 postes. Pour l'année scolaire 2009-2010 ce sont 500 heures qui ont été attribuées (449 HP + 50 HSAi ou équivalents), pour 2010-2011 ce sont à 408 heures (366 HP + 42 HSA).
« Bénéficier » de 25 postes pour assurer ce qui relève de la « vie scolaire », de l'administration, de la gestion, tout en se consacrant aux taches d'animation, de suivi, d'enseignement et d'éducation, c'est vraiment le moins que l'on puisse demander. Car l'équipe du lycée autogéré veut prouver et prouve que c'est faisable avec 240 élèves exclus ou mal à l'aise dans le système « ordinaire ».
Au lycée autogéré, ce qui compte par dessus tout, c'est la présence attentive de chacun, accompagnée d'une véritable écoute. La pratique du dialogue et de l'échange présuppose une disponibilité que seule un nombre suffisant d'enseignants peut garantir.
Avec ce type d'élèves, demander de respecter à peu près la proportion de un enseignant pour dix est tout à fait raisonnable. Nous savons tous que « l'encadrement est bien plus important » dans les structures spécialisées.
Nous n'osons croire qu'il pourrait être puni parce qu'il démontre chaque jour qu'il existe d'autres libertés que celle du « renard libre dans le poulailler libre », parce qu'il prend au sérieux la devise républicaine « Liberté – Égalité – Fraternité ».
Bernard Elman
i HP pour Heures postes et HS pour Heures Supplémentaires et HSA pour Heures supplémentaires Années