Que nous est-il arrivé en France, pour que "notre" territoire soit couvert de réacteurs nucléaires ? La lecture du livre de Sezin Topçu[i] qui donne des éléments de réponse a pour effet d’interpeller ceux qui au début des année soixante-dix tentaient de s’opposer au développement de cette entreprise… monstrueuse. C’est ainsi que je me suis mis à me (re)plonger dans mes archives, ou dans ce qu’il en reste. Aujourd’hui je propose un texte récupéré d’une Agence de Presse (?) au début de l’année 1975 en précisant que je ne suis pas historien (mauvaise excuse) et que je ne saurais dire quelle est cette agence.
Pour un lecteur très pressé:
- je conseille d'aller immédiatement au point 6°) Risques ou stockage des déchets : On doit pouvoir montrer [...] au besoin l'envoi par fusée sur le soleil.
- je conseille de se rendre ensuite à la chute : "Ce schéma contient certainement des erreurs techniques et omissions, mais c'est l'esprit qu'il faudrait en retenir pour établir le "guide" à l'usage des inquiets."
Autre conseil : http://www.sortirdunucleaire.org/Manifestation-NON-au-salon-pro-nucleaire?date=2014-10
Bernard Elman
[i] Sezin Topçu, La France nucléaire, l’art de gouverner une technologie contestée, Seuil, 349 p., 21 euros.
L'IMPLANTATION DES FUTURES CENTRALES NUCLEAIRES ET LA PSYCHOSE DES POPULATIONS
(article paru dans le "Bulletin Protection Civile", Août 1974)
L'orientation impérative vers l'énergie nucléaire nécessite de nombreuses constructions de centrales nucléaires en diverses régions. Elles ne seront pas sans susciter des inquiétudes et protestations chez certaines personnes du voisinage sensibilisées à tort par certain souvenir de guerre, par les polémiques sur les expériences nucléaires ou l'évacuation en mer des déchets.
Les responsables régionaux et locaux de la Protection Civile sont susceptibles de pouvoir donner des apaisements aux Maires ou au public avec plus de crédibilité que les représentants des organismes constructeurs et exploitants.
Il serait donc souhaitable qu'ils aient à leur disposition, pour répondre aux questions qui peuvent leur être posées, une notice du Service National contenant des réponses motivées, simples, courtes, précises, à la portée du public, c'est-à-dire sans termes trop techniques ou unités de mesure inconnues du profane.
Les appréhensions et les objections qui seront présentées concerneront vraisemblablement :
1°) RISQUES EN SERVICE NORMAL DE LA CENTRALE : Ils sont peu redoutés, mais il serait bon de rappeler leur insignifiance on comparant avec les autres radio-activités émanant du sol de régions granitiques et d'appareils usuels, tels que cadrans lumineux, télévision.
2°) RISQUES A LA SUITE D'INCIDENTS DE FONCTIONNEMENT : Le public peut être sensibilisé sur certains récits de presse de contaminations en ANGLETERRE et en YOUGOSLAVIE. On peut montrer qu'aujourd'hui, tant
par les précautions prises lors de la construction, que par celles prises lors des travaux d'entretien et de manutention, que les aléas sont réduits et les risques limités, sans crainte pour le voisinage.
3°) RISQUES A LA SUITE D'ATTENTAT DE GUERRE OU DE CATASTROPHE: Le public a été alerté aux U.S.A. par la crainte ridicule d'une destruction par chute d'avion. Il peut y avoir par contre le danger de l'engin de guerre atomique ou celui du tremblement de terre qui disperserait les éléments d'une pile. On doit pouvoir montrer que le danger éventuel possible n'accroîtrait guère celui de la catastrophe.
4°) RISQUES EN COURS DE TRANSPORT DU COMBUSTIBLE OU DES DECHETS A TRAITER: Là encore la presse en a fait état et les inscriptions sur les convois ont attiré l'attention. Il est facile de montrer l'insignifiance du risque et les précautions prises.
5°) DANGERS DES USINES D'ENRICHISSEMENT ET DE CELLES DE TRAITEMENT DES DECHETS: Ce ne sont pas ceux dont le public s'inquiète beaucoup, mais les apaisements motivés sont faciles.
6°) RISQUES OU STOCKAGE DES DECHETS: Ce n'est plus une question de psychose locale, mais générale avec les campagnes organisées et qui va s'intensifier avec l'augmentation à prévoir du volume des déchets au prochain siècle. On doit pouvoir montrer l'enrobage de céramique, l'enfouissement de grande profondeur hors des nappes d'eau souterraines, etc.., au besoin l'envoi par fusée sur le soleil.
7) RISQUE D'ELEVATION DE LA TEMPERATURE DES COURS D'EAU : Le public s'inquiète peu, les règlementations fixent au surplus les limites étroites de réchauffement et le problème n'est pas particulier aux centrales nucléaires, mais concerne aussi celles thermiques. Le refroidissement atmosphérique et de nouveaux types de turbines pouvant réduire l'inconvénient, mais il est utile de pouvoir répondre à l'objection. Peut-être d'ailleurs qu'un jour on trouvera le moyen de passer directement de la chaleur de fission ou fusion à l'électricité sans passer par le cycle irrationnel d'une vapeur à condenser.
Ce schéma contient certainement des erreurs techniques et omissions, mais c'est l'esprit qu'il faudrait en retenir pour établir le "guide" à l'usage des inquiets.
R. PRENAUD (1974)
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