Arthur Koestler souhaitait un régime politique à visage humain, celui du yogi, qu’il opposait aux commissaires politiques. Il s’agissait bien entendu des commissaires politiques de l’Union soviétique, que nous ne saurions comparer à nos commissaires européens d’aujourd’hui. Mais nous souhaiterions que certains d’entre eux fassent un effort pour revêtir le manteau du yogi.
L’Europe va mal. Mais si elle va mal, c’est d’abord parce que l’institution européenne montre une image de l’Europe que les citoyens finissent par ne plus supporter. On dit que les gens n’aiment pas l’Europe. C’est faux. Des sondages le montrent. Ils n’aiment pas cette Europe que personnifient certains commissaires d’une part, et le Conseil d’autre part.
Ce qu’ils n’aiment pas, c’est cette absence de perspectives que Bruxelles et le Conseil européen semblent incapables de fixer, faisant même obstacle aux rares personnalités dont la parole est écoutable, comme le commissaire Michel Barnier, qui a demandé que cesse la naïveté européenne dans ses relations commerciales avec le monde, ou le vice président de la Commission, Maros Sefcovic, qui a récemment reconnu devant les élèves de Sciences-po à Paris que l’Europe avait commis des erreurs entraînant de graves conséquences.
C’est pourquoi il faut relever cette information diffusée par « Toute l’Europe » en cette journée du 1er mars : « Des commissaires européens remettent en question le siège strasbourgeois du Parlement ».
Relancer cette question, n’est-ce pas prendre le risque d’alimenter encore un peu plus cet euroscepticisme grandissant que nous connaissons ? Car, qu’attend-on de l’Europe aujourd’hui ? Avant tout, des réponses courageuses à la crise, une vraie mise au pas de la finance et des banques, que l’on construise cette Union politique, économique, sociale, solidaire, qui nous manque pour répondre aux défis de la mondialisation, des grandes puissances internationales émergentes, des sociétés transnationales, du climat, de la biodiversité, etc.
On parle d’ouvrir une grande négociation en vue d’un partenariat commercial Europe USA, relancée par le président Obama. Est-ce possible avec une Europe non terminée, impuissante, non stabilisée ?
Alors, de grâce Madame et Messieurs les commissaires ! occupez vous de ce pourquoi on vous a nommés, des affaires économiques et monétaires Monsieur Rehn, Du commerce Monsieur De Gucht, de la société numérique Madame Kroes.
N’avez-vous pas encore suffisamment à faire qu’il vous faille jeter votre allumette sur un dossier dont vous savez pertinemment qu’il est sensible en France. Travaillez-vous à ce que demain, comme en Italie, les citoyens français, écœurés de votre incapacité à remplir utilement votre mission, se mettent à voter pour des amuseurs publics, ayant perdu foi dans des institutions abîmées par ceux la même qui en avaient la charge. Quelle Europe, quels intérêts, servez vous ? À un an des prochaines élections européennes il eût été préférable que vous-vous taisiez.