Montebourg vient de s'exprimer dans le quotidien Sud Ouest, et se croyant à Poitiers en 1356, a tapé à droite et au centre, oublieux de sa gauche extrême mélenchoniènne, dont il craint le pugilat.
Mais il tapait en tant que Porte parole de Hollande. Il a donc oublié, soucieux de démolir Sarkozy, le Président des riches, ce qu'a dit Hollande à Londres, pour rassurer la finance de la City. L'amnésie est pratique. Elle permet de taper sur les autres en toute bonne foi. Sauf que les citoyens n'ont pas oublié, eux ! Car les socialistes se sont déjà couchés devant les marchés. C'était deux ans après 1981. Il s'en était suivi 12 ans de néolibéralisme de gauche. Jumeau de celui de droite.
Tout est programmé, en cas de victoire de Hollande, pour un tournant identique, en 2013, ou 2014. Avec à la clé une culote pour les socialistes aux élections de 2014. Car il eut fallu un Hollande convaincu, dès le début de sa campagne, qu'il lui fallait rassembler les français démocrates et républicains, pour avoir chance d'être utile. Il n'y pensait pas. Il n'y croyait pas.
Bayrou, lui, y croit. Il sait que c'est le seul chemin. Il le dit. Et fait des propositions que le socialiste-libéral qu'est Hollande se garde bien de faire, comme de vouloir moraliser la vie publique.
Et donc, Montebourg part en bataille. Mais pour nous dire que Hollande renégociera un accord européen déjà acté alors qu'il le sait non négociable. Il propose un contre chemin pour la croissance. Sauf que la boussole pour trouver ce chemin n'existe pas, puisque le chemin n'est qu'une illusion de campagne. Il dit qu'il est "inutile au candidat socialiste de gauchiser son discours", sauf qu'on sait qu'il va devoir le faire bientôt, pour tenter d'intégrer éventuellement les voix de Mélenchon. Il dit que "les sarkozystes ont laissé les comptes publics à feu et à sang", ce qui est évident, (mais les socialistes voulaient eux, dans le même temps, augmenter les dépenses), tout en refusant le parler vrai d'une remise à l'équilibre de ces finances au futur. Est-ce cela la responsabilité politique ?
Alors, il ne reste qu'à laisser entendre que Bayrou ne défendrait pas le peuple de France, et qu'il soutiendrait la finance. Sauf qu'il n'y a que ce dernier à dire en toute lucidité que si la France veut être libre et indépendante, il lui faut d'abord reconstituer ses forces, économiques et productives, que cela n'est pas possible dans la facilité des promesses intenables, mais que ça l'est dans une certaine rigueur programmée pour être le plus court possible, le moins douloureux possible, avec un accompagnement pour les plus faibles, et que tout cela implique la nécessité de sortir des appareils politiques sclérosés, de rechercher l'union des intelligences républicaines, engluées pour l'instant dans les appareils.
Montebourg le sait bien, il en fait partie. Puisqu'il avait tenté d'être l'homme d'un changement au PS. Mais le voila porte parole. Et ce n'est pas sa parole qu'on entend. C'est la parole du candidat Hollande. Il y a donc nuisance et distorsion de son.
Quant à ce que dit Bayrou, Montebourg représente le meilleur sourd, qui est celui qui refuse d'entendre. Qu'il relise ses 12 propositions pour moraliser la vie publique en France. Nous attendons que le candidat dont il porte la parole les reprenne à son compte.
Car la première marche de la reconstruction, la plus rapide à mettre en place, est bien la moralisation de la pratique politique en France. Après quoi, union oblige, tout sera possible.