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Billet de blog 3 mars 2016

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Loi El Khomri. L'avis de Gérard Floche

Grèce, Espagne, Grande Bretagne, Portugal, la politique bouge à gauche en Europe. Demain, en France? C’est ce qui serait souhaitable aux yeux de Gérard Filoche qui s’exprimait mercredi soir devant les adhérents du Mouvement Utopia sur le projet de loi El Khomri. Projet qui va donner lieu le 9 mars, partout en France, à une mobilisation qui pourrait surprendre.En comprendre les raisons.

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Grèce, Syriza est au pouvoir. Espagne, Podemos et Ciudademos sont au Parlement. Grande Bretagne, Jeremy Corbyn l’emporte sur les caciques traditionnalistes du parti travailliste. Portugal, un socialiste s’allie avec les différents partis de gauche pour gouverner. Demain, en France, verrons nous s’allier Mélenchon, Cambadélis et Laurent pour tourner la page du social libéralisme mené par le tandem Hollande-Valls. C’est ce qui serait souhaitable aux yeux de Gérard Filoche qui s’exprimait mercredi soir devant les adhérents du Mouvement Utopia sur le projet de loi El Khomri.

La loi El Khomri est une bombe.

Ce projet est une bombe aux yeux de celui qui gagna un procès que lui fit Denis Kessler, du Medef, celui la même qui voulait détricoter maille à maille le programme du CNR*.

Une bombe contre le code du travail. Un code de moins de 700 pages, et non pas cet ouvrage d’un kilo et demi que nous brandissent régulièrement François Bayrou ou David Pujadas, ces rois de la désinformation . Car ce poids n’est du qu’aux commentaires de la loi, et non pas à la loi elle même, laquelle est le résultat de 100 ans d’histoire de lutte pour défendre les salariés contre la puissance coercitive du capital. Une histoire que veut effacer au profit des entreprises le projet du gouvernement. L’attaque la plus violente depuis un siècle rajoute celui qui a été longtemps la voix des socialistes sur les questions du travail.

Hollande d’hier, Hollande d’aujourd’hui.

Il fut un temps où François Hollande faisait en ces termes la morale à Dominique de Villepin au Parlement : « ce ne serait pas votre politique, par ses errements, qui serait en échec, mais la France, par ses acquis sociaux, qui serait en panne. Tel est le tour de passe-passe qui vous disculpe : rien ne serait de votre faute, tout viendrait des Français eux-mêmes… trop protégés par trop de garanties, immobiles, enfermés qu’ils seraient derrière des verrous qu’il faudrait faire sauter à tout prix ! Et le premier d’entre eux s’appelle tout simplement le code du travail ». (Des mots rappelés par Emmanuel Berreta dans Le Point du 25 février).

D’où vient ce changement ? Vraisemblablement de l’influence sur Hollande du Medef et de la finance, cette dernière représentée à l’Elysée par l’ami du Président et ancien de la promotion Voltaire à l’ENA, François Jouyet, ancien directeur du trésor, ancien président de la banque Barclays France.

Le projet El Khomri casse la défense des droits de l’homme dans l’entreprise dès son article 1.

Car le code du travail n’est rien d’autre que la défense des droits de l’homme au travail. Des droits nés dans la douleur, précise Gérard Filoche, celle des 1099 morts de la catastrophe minière de Courrières en 1906, une catastrophe qui avait été suivie par la création du ministère du travail pour défendre les ouvriers jusque là dépendants du ministère de l’économie. Des droits de l’homme défendus aussi depuis par les lois internationales de l’OIT, qui s’imposent à tous les pays.

Et que met à mal, dès son article 1 le projet de loi, en aggravant la soumission des travailleurs aux entreprises : « Des limitations (aux garanties des libertés et droits fondamentaux de la personne) ne peuvent leur être apportées que si elles sont justifiées par l’exercice d’autres libertés et droits fondamentaux ou par les nécessités du bon fonctionnement de l’entreprise ». Ce qui est le contraire exact de ce qui justifie le Code du travail, résultat des luttes de nos parents et grands parents. De leurs luttes, de leurs grèves, des occupations d’usines en 1936 et 1968, des manifestations et des négociations .

Cent ans de progrès. Et il faudrait tout casser ?

Depuis 100 ans le droit du travail a progressé. Ce qui n’a pas empêché qu’on produise plus, que le nombre de salariés progresse constamment, que les salaires augmentent, et que le temps de travail diminue.

Et il faudrait casser tout ça ? Qu’est ce qui le justifie ? Pourquoi faut-il que ce soit un gouvernement socialiste qui poursuive la contre- révolution qu’avait à peine osé commencer la droite ? Une contre révolution qui fait reculer les droits de l’homme et de la femme au profit des entreprises et des boutiques.

Les lois du travail doivent l’emporter sur les « contrats », sur les « accords », sur les « dérogations », les « exceptions » et non pas l’inverse insiste Filoche. Il doit y avoir des synergies entre les contrats et la loi, certes, mais c’est la loi qui doit l’emporter au final. Si c’est le contrat, il n’y a plus de société possible. Essayez de faire passer les droits de l’homme dans un contrat ! Seule la loi peut les prendre en compte.

On a déjà fragilisé avec les lois Rebsamen les protections attachées au travail des enfants, à coup de dérogations. On autorise depuis Villepin l’apprentissage à 14 ans. Jusqu’où ira-t-on ?

En fait, derrière tout cela, on veut remplacer le statut de salarié par le statut d’indépendant, avec tous les risques que cela suppose de diminution des protections sociales. On cherche à ce que les gens échappent à la relation salarial, au profit du capital. On retourne à l’étape du tâcheron. Et ensuite, que les gens se démerdent ! D’où l’engouement pour l’ubérisation, porte ouverte à toutes les exploitations.

Les autres attaques contre les salariés et les reculs sont nombreux dans le projet de loi. La proposition sur le referendum d’entreprise que des syndicats minoritaires auraient la possibilité de demander à un patron de lancer, en est un. Un déni en faveur des entreprises. Car un syndicat majoritaire pour l’emporter lors des élections, est soumis au quorum. Avec le referendum le quorum disparait. Et autorise toute les manipulations. La durée légale du travail pourrait ainsi être supprimée par référendum.

Rendez vous le 9 mars partout en France.

Le temps ayant manqué à Gérard Filoche pour tout dire à Utopia, je vous encourage à aller lire son blog. Vous y trouverez les principaux articles du projet examinés, ses propositions  scandaleuses exhumées, et justifiées toutes les raisons d’aller la 9 mars prochain aux manifestations prévues dans toute le France. C’est peut être de ce jour là que tout pourra être initié. Le capitalisme est la recherche du profit maximum. On ne peut être gentil avec lui et le laisser gouverner la France et l’Europe.

Les Français de gauche sont toujours majoritaires, dit Gérard Filoche. Il suffit pour qu’ils se montrent qu’on leur en donne l’occasion. Obtenir le retrait de la loi El Khomri en est une. Pousser à une plateforme contre Hollande et Valls en est une autre. Que notre présence le 9 mars soit une force.

Blog de Gérard Filoche : 

http://www.filoche.net

Mouvement Utopia

http://www.mouvementutopia.org/blog/

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