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Billet de blog 5 mai 2014

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Meurtre tendance. Le Front de gauche tente d'assassiner Nouvelle Donne.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Certains des militants du Front de gauche, aiment bien étriper sur Médiapart. C'est un de leurs billots favoris, lorsqu'ils trouvent intelligent d'oublier les cibles du vrai combat politique, la finance, les banques, l'oligarchie, l'ultralibéralisme et ses économistes, les transnationales, l'austérité idéologique du Conseil européen et de la troïka, etc. pour s'en prendre à ceux qui luttent contre ces mêmes cibles.

Il sont contre le capitalisme, mais veulent capitaliser les électeurs. Ils sont contre la propriété privée mais veulent faire des électeurs leur secteur privé.

Je tombe, par hasard, sur un post de décembre dernier où la victime s'appelle "Nouvelle Donne". Le bras qui porte le couteau  appartient à un certain Rodolphe. Rodolphe qui ? Rodolphe P. Il faut savoir se protéger dans l'anonymat quand on est révolutionnaire. Tendance Groucho, comme on disait autrefois.

Car Il est toujours étonnant de voir que certains se complaisent dans des positions staliniennes d'un autisme total aux autres, dans un enfermement historique en un lieu d'où a fui depuis longtemps tout air respirable.

Etonnant de les retrouver toujours dans cette nécessité inouïe à nier à son semblable en humanité  toute permission à penser, comme si,  à leur reconnaitre cette possibilité, ils risquaient, au FdG, d'apparaitre dans la lumière de leur impossibilité à débattre, de leur incapacité, consubstantielle à leur état militant, à dialoguer, ce qui est, pour le moins, le signe d'un manque paralysant de doctrine structurée.

Et il me vient à l'envie d'écouter une autre sorte d'hommes, de la race de ceux qui savaient débattre, défendre leur position sans excommunier celui à qui on parle. Je relis donc ces débats entre Camus et les libertaires des années 50/60, comme on peut en lire dans ces "Ecrits libertaires" de Camus, rassemblés par Lou Marin et publiés chez Indigène.

On aimerait retrouver aujourd'hui à gauche des libertaires de cette trempe, pour ne plus avoir à faire à ces moines soldats auto-intoxiqués qu'on trouve, trop souvent, autour du Prieur Mélenchon, prêts qu'ils sont à allumer des buchers pour qui ne porte pas leur couleur ou leurs tics de langage.

 Ils représentent, ces moines soldats, l'une de ces trois forces dont parlait la philosophe Simone Weil, comme nous le rappelle jacques Julliard dans son dernier ouvrage "Le choc Simone Weil".

Ils sont "la force" qui se veut sans pitié. Cette Force qui fait de l'autre une chose. Et qu'on peut dès lors mépriser. Les deux autres forces étant l'argent et la fonction.

Demain, au pouvoir, ils seraient ce phénomène bureaucratique qui "affecte à la fois l'Etat, les syndicats, et l'industrie" dont parlait Simone Weil. (La philosophe).

A quoi il faut rajouter tout parti politique à appareil centralisateur, et autoreproduit, comme elle le dénonce dans un écrit de 1940: "Note sur la suppression générale des partis politiques".

Notre ami Rodolphe, au nom de son parti, demande son bulletin de naissance à Nouvelle Donne, qu'il croit sorti de la PMA, alors qu'il y a longtemps qu'a été brulé celui du FdG, pour éviter qu'il ne soit rattrapé par son propre passé.

 Notre ami Rodolphe égrène alors le chapelet FdG, mais à l'enver. Et psalmodie des anathèmes:

- Où on reproche à l'autre de n'être point écouté, alors qu'on a soi même été incapable d'être écouté du citoyen au delà d'une seule élection.

- Où on reproche à un homme, Larrouturou, d'être passé par le PS, dont on fait semblant d'oublier que l'abbé Mélenchon en fut le Sénateur.

- Où on dit qu'Edgar Morin est "Un brave homme", de façon bien condescendante, comme d'autres disent que les auvergnats sont fréquentables à l'unité;

- Où on écrit que la sociologue Dominique Meda n'est écoutée de personne, alors qu'on a soit même du mal à s'écouter penser (pour preuve la minceur argumentaire du post de Rodolphe P).

- Où on voit quelqu'un que personne ne connait, notre ami Rodolphe, rabattre leur caquet à des gens connus mais à qui il n'a jamais parlé (Par exemple, Denis Clerc d'Alternatives Economiques).

- Où on reproche à l'autre (Larrouturou) d'être le chouchou des médias, alors que son maximo leader à soi n'est rien d'autre qu'une machine à crier des formules à refourguer aux journaux en recherche de manchettes préfabriquées.

- Où on parle de révolution comme d'autres parlent du Moulin Rouge. Liés dans le même racolage touristique.

- Où on élève l'invective  bien haut, comme le ferait un bougnat protégeant son Bistrot-Charbon face à un asiatique rachetant le conçurent du coin.

- Où ce n'est pas Mélenchon qui invective Hollande, mais, riez en avec moi, le PS et Hollande dont "On sait leurs invectives et les foudres qu'ils lancent à l'encontre du FdG et de Mélenchon en particulier".

- Où on reproche à l'autre (Nouvelle Donne) de semer la confusion, alors qu'on a soi même semé cette confusion depuis longtemps.

- Où, pour en terminer, la seule chose qu'on sache défendre, et c'est un comble pour de vrais moines soldats révolutionnaires, c'est le principe de propriété. SA petite propriété. SON pré carré politique. Qu'on interdit aux autres de fouler.

 Pour ces moines soldats et leur Prieur, l'Etat ne peut être que religieux. Ils en portent la chasuble. Aujourd’hui ils excommunient. Demain, s'ils gagnaient, ils ressortiraient l'échafaud ou la roue. Il y a tant de têtes à couper! Tant de corps à briser. Tant de pensées à contrôler.

Mais tout n'est pas perdu, je connais des FdG qui ne parlent pas comme ce Rodolphe P points de suspension. Ceux là savent qu'on n'est jamais assez nombreux pour combattre les dérives du monde économique et politique. Ceux là savent où est le vrai combat. Qu'il n'est pas dans l'erreur de prendre sa pointe Bic pour une épée de chevalier.

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