Une bataille fait rage à Nouvelle Donne. Autrefois on aurait dit la bataille des Girondins et des Jacobins. Sauf qu’à l’époque de la fin de l’histoire, l’histoire qui ne se fait pas ne peut que bégayer.
Et quand je parle de bataille, là encore les mots y perdent leur latin. Il s’agit en fait d’un camp. Quand je dis d’un camp, je parle d’un groupe. D’un groupuscule, même.
Mais restons en à bataille, puisque je rentre dans la mêlée.
Une fois de plus, un article sur un des blogs de Mediapart illustre à lui seul de quoi souffre Nouvelle Donne aujourd’hui. (Voir lien ci dessous). D’un travestissement du réel par certains, qui transpire à chaque ligne de cet article.
On veut nous faire croire qu’à Nouvelle Donne s’opposent deux conceptions pour la maitrise de l’appareil. Sauf qu’il s’agit avant tout de deux comportements inconciliables. Celui de minoritaires contre une majorité élue. De minoritaires qui n’acceptent pas de ne pouvoir imposer à cette majorité, leurs désirs, leurs tactiques, leur idéologie, leurs personnes.
Ils cherchent donc à faire croire qu’il existe, je cite, un « cercle parisien centralisateur dirigé par Larrouturou » et un cercle décentralisateur s’appuyant sur une « charte éthique », que les premiers ignoreraient.
Sauf qu’à sortir l’éthique comme argument premier, il faut encore savoir de quelle éthique on parle. De l’éthique de responsabilité ou de l’éthique de conviction ? Car seule la première concerne une charte qui se respecte, puisqu’elle seule entraine à répondre de ses actes et de ses paroles, l’autre y échappant, puisque du domaine de la… conviction.
Ce ne serait pas si grave, si cette minorité ne trahissait pas la réalité en ce qui concerne les instances du parti, qui à ses yeux sont « un cercle parisien », alors qu’au contraire y siègent des gens venues de plusieurs régions de France. Une femme du Nord dans le binôme de la présidence. Une femme du centre dans le binôme du Secrétariat Général. Etc.
Ce ne serait pas si grave, si cette minorité là ne cherchait pas à affaiblir la majorité en tentant d’imposer à celle ci une remise en cause permanente, à croire que c’est leur seule méthode pour assurer cette visibilité qu’ils n’arrivent pas à mettre en lumière. Ils voudraient les projecteurs pour la seule raison qu’ils existent, feignant d’ignorer que la légitimité ne nait pas suis generis, mais se gagne par un travail et par la reconnaissance par les autres de celui ci.
Je dirai donc à ces minoritaires pressés : Un peu de patience mesdames et messieurs. Donnez du temps au temps. Votre doctrine ne semble pas emporter l’adhésion aujourd’hui, elle l’emportera peut être demain. Vous desservez vos idées en vous réfugiant dans une stratégie alternative d’enfermement !
Ils se déclarent « besogneux ». Mais qu’elle est la besogne qui les occupe ? On ne le sait pas.
Militant de base, il ne me viendrait pas à l’esprit de décrire comme « besogne » le travail auquel je participe dans plusieurs commissions. Le terme me paraitrait inapproprié. On y prépare le projet de Nouvelle Donne et des propositions à diffuser bientot. Sur la gouvernance d’entreprise, la réforme fiscale, l’emploi, le bien commun, la transition écologique, etc.
Ils nous disent que, parmi ces « besogneux » « beaucoup n’avaient jamais été encartés », et « qu’ils auraient tous vécus cette expérience comme une sorte de "grande trahison" des principes et valeurs énoncés dans la charte ».
Mais il faut regarder un peu ce qui se passe en vérité à Nouvelle Donne. Les deux femmes auxquelles j’ai fait allusion ci dessus pour les deux premiers binômes du parti n’avaient jamais été encartées. Et il y en a d’autres.
A prêcher le faux, ils espèrent sans doute qu’il en restera toujours quelque chose. Au nom de leur éthique sans doute.
Ils se parent aussi du beau nom de « lanceur d’alerte ». Pour récupérer l’aura d’un tel titre. Sauf qu'ils font injure aux vrais lanceurs d’alertes qui, eux, prennent des risques autrement plus importants que ces petites colères frustrées qui ne vont pas loin.
Petites colères... qui n’hésitent pas à se couvrir des grands principes. « Cette divergence touche à notre vision de la démocratie », disent ils. En laissant croire que l’enfer c’est les autres. Que ce sont les autres qui pratiquent « Le refus de s'écouter réciproquement, de pactiser paisiblement ».
Et une fois de plus ils en appellent à la manne miraculeuse de Beauvillard (un des fondateurs qui vient de démissionner) qui devrait tout à la sociocratie et au vote par consentement, au prétexte que « le consensus, c'est tout le monde dit oui ; le consentement, c'est personne ne dit non ».
J’ai déjà commenté par ailleurs cette illusion. Essayez de prendre une décision, de faire fonctionner une commission, de faire voter une assemblée de 1000 personnes, un parti de 10 000 adhérents sur ce principe. Si ça marche, champagne ! En attendant, c’est du mauvais mousseux qu’ils cherchent à nous faire boire. Qu’ils gardent leurs bouteilles !
Petites colères... qui n’hésitent pas à s’approprier Syriza et Podemos, laissant entendre que ces deux mouvements fonctionneraient sous le régime de la sociocratie et du vote par consentement. Il suffit de lire la presse pour savoir que c’est faux. Il suffit de lire Le Monde du 25 décembre dernier pour le savoir. Le quotidien du soir rapporte que « La refonte des structures n’est pas sans inquiéter les militants de base. L’élection fin octobre de Pablo Iglesias avec 88,6 % des suffrages sur une liste fermée avait déjà créé un certain malaise ». Un malaise peut être, mais qui n’a pas entrainé la fuite des minoritaires.
Chez eux, un Beauvillard serait resté. Et ses amis, qui possèdent malheureusement une autre culture que la leur, auraient eu une autre attitude que celle qui consiste à ressortir les vieilles méthodes du passé.
Ma génération a trop connu de ces minorités quittant leur parti pour en former un autre à leur convenance, groupusculaire, pour m’en accommoder.
Et je n’ai nul besoin d’aller chercher Aristote, Castoriadis, Morin et d’autres pour leur répondre. Des noms que l’auteur du post auquel je répond cite. Mais sans s’appuyer en rien sur leurs analyses. Il va même jusqu’à faire allusion à la « révolution française » pour justifier les humeurs de son groupuscule.
Sans doute pour rallumer la guerre des girondins et des jacobins.
On rallume les batailles qu’on peut !
http://blogs.mediapart.fr/blog/saunoijfsfrfr/060315/sommes-nous-condamnes-au-pire-22