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Billet de blog 6 octobre 2014

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Après la ‘Manif pour tous », retrouver le catholicisme de gauche.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il en va des appellations mal contrôlées comme du vin mal tiré. La pensée s’y transforme en piquette, la parole se gonfle d’effluves trop soufrés, le slogan cache la boule puante, la défense de la famille cache l’homophobie.

Car l’époque veut que ce qui pue ne dérange plus. La corruption devient un tremplin pour le Sénat (Guérini), le truquage des élections dans son parti un marchepieds, certes provisoire, de réussite (Aubry, Copé), l’homophobie devient le faire part de renaissance d’un  certain catholicisme autrefois maréchaliste, demain lepéniste. Les sénatoriales viennent d’en être les prémices.

Et l’idée de Dieu, qui devrait rassembler les femmes et les hommes, est pour ceux de La Manif pour tous un prétexte à les séparer. Ses colporteurs, habillés de rose et de bleu, se mobilisent sur les boulevards pour figer la famille dans un concept que même le Pape a compris qu’il a évolué dans la société.  

Mais qui leur pose les bonnes questions ? Sur le statut des divorcés catholiques et leur accès à la communion, par exemple.

Un sujet qu’a abordé La Vie, en mars dernier, et écrit ceci : « Il est indubitable que, dans l’Église des débuts, beaucoup d’Églises locales, en vertu d’un droit coutumier, pratiquaient, après un temps de repentir, la tolérance pastorale, la clémence et l’indulgence ».

On aimerait voir nos catholiques français du défilé revenir à l’église des débuts.

Mais on peut en douter, car à cette heure, ils ont des années de retard sur le pape François, qui, (Dépêche AFP de janvier dernier), a pointé du doigt les « défis du point de vue éducatif » que les mariages homosexuels lancent à l'Eglise, « que nous avons parfois du mal à comprendre ». « Le nombre d'enfants scolarisés dont les parents se sont séparés est très élevé », a-t-il dit par ailleurs, ajoutant que la structure familiale était en train de changer.

La soi-disant « défense de l’enfant » de la Manif est donc pure manipulation politique, sous influence idéologique rétrograde.

La notion d’ « intérêt de l’enfant », prise en compte dans ses décisions par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), ils ne demanderaient pas, s’ils écoutaient un peu leur Pape, au gouvernement de la rejeter. On ne verrait pas dès lors Valls imiter Hollande, en son absence de courage, rester flou sur la question.

Cette « droite catho », celle du temps de mes arrière grands parents, me fait regretter l’époque de ma jeunesse. Celle où le socialisme pouvait s’afficher chrétien, ce qu’il ne fait plus guère. Non pas que ça n’existe plus. Dans ma commune, le responsable du PS a dirigé une filiale du Secours Catholique. Mais on n’en parle pas. Sans doute parce que certains à gauche ont cru que la question religieuse est à reléguer au rayon des antiquités. Et que d’autres  dans les médias, portés sur la légèreté, supposée productrice d’audimat, trouvent ringard de parler de religion. Sauf lorsque tous les éléments pour la diaboliser sont réunis, et ce, d’autant plus si ça permet d’ostraciser par amalgame des couches entières de la population, et de servir de tremplin à celle qu’on n’appelle plus que « Marine ».

Il est temps de retrouver ces valeurs qui ont fait tout l’intérêt du catholicisme de progrès, comme il est temps aussi de retrouver ces principes d’engagement citoyens qui ont été longtemps l’honneur de la gauche.

En ces temps de gonflette conceptuelle, en vogue en politique, mais aussi un peu partout, en sociologie comme en économie ou en art, le retour à une parole moins truquée, à des formes moins absconses, serait comme une vérité possible, comme un espoir qui renait.

Les Cahuzac, Guérini, Copé, Sarkozy, seraient moins nombreux ou plus vite balayés. 

Les Bertrand, Alliot-Marie, Mariton, Wauquiez, n’iraient pas à la pèche au voix dans une manifestation pour qui seuls 23% des Français ont de la sympathie. (Enquête Odoxa réalisée pour iTélé les 2 et 3 octobre).

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