Le libéré idéologique ultralibéral, mais sous faux nez compassionnel, Michel Godet, s’en prend dans une chronique de ce jour dans Libération à ceux qu’il nomme « Les prisonniers idéologiques qui se rassemblent sur Internet ».
Seul contre tous est sa devise. Seul, non, pas tout à fait. Car lorsqu’on prête sa force de travail à la Fondation MMA, on a quelques relations dans les sphères supérieures composées de privilégiés à défendre.
Ce que fait très bien Godet, qui n’hésite pas à passer le sel au supposé prix Nobel, Jean Tirole, qui apporte son soutien à la loi El Khomri. Oui, le Tirole qui défend le libre marché des organes devant l’Académie des Sciences Morales et Politiques: « On ne peut se targuer de moralité quand on est contre le commerce des organes » a dit celui ci en début d’année.
Pour Godet, le gouvernement veut « sécuriser les conditions de licenciements ». Vaste plaisanterie. Heureusement, on a d’autre camarades de comptoir. Comme Gérard Filoche, pour qui l’article 1 du projet de loi est une bombe. Explication fournie lors d’une soirée du Mouvement Utopia. « L'article 1 précise que des limitations aux garanties des libertés et droits fondamentaux de la personne pourront être justifiées par les nécessités du bon fonctionnement de l’entreprise », a-t-il dit, rajoutant : « Le projet de loi casse la défense des droits de l’homme dans l’entreprise ».
Mais pour Godet, qui n’est pas à un paradoxe près, « Cette nouvelle flexi-sécurité est bien différente de la flexi-rigidité actuelle. Cette dernière profite d’abord aux CDI ».
En bon homme de droite, pour convaincre il faut cliver, séparer, opposer les gens. Godet oppose donc les « nanti », les CDI, aux « précaires », les CDD. Allant jusqu’à écrire que : « … Les nantis sont prêts à tout pour garder leurs avantages acquis, quitte à voir la précarité et l’exclusion des autres augmenter ».
Pour Godet, un dominant, ce n’est pas le représentant du CAC 40, Gattaz, non, c’est le salarié en CDI : « Le chômage augmente en France parce qu’il y a un consensus entre les acteurs dominants du jeu social pour ne rien changer aux règles sur le coût du travail, le salaire minimum, l’incitation à travailler, la protection des salariés ». On oublierait « Comme d’habitude, ceux qui sont en dehors : les travailleurs à temps partiel, les chômeurs ».
Mais pour Godet, ceux qui oublient, ce ne sont pas les gouvernants, les ministres, ce sont les travailleurs, « ces nantis ».
Alors, au nom de la flexibilité, vive le CDI transformer en CDD ! « La question de la fluidité du marché du travail serait résolue si on instaurait un CDI pour tous, plus flexible pour chacun».
Godet, c’est la Toinette du marché du travail. Son « La flexibilité du CDI, vous-dis-je » répond au « Le poumon vous dis-je » dans la pièce Le malade imaginaire, de Molière.
Au nom de la flexibilité du CDI, Godet dit oui au projet de loi El Khomri. Pour lui, la défense des CDD et des chômeurs consiste à crever l’oeil de ceux qui bénéficient du CDI, soit 85% des salariés.
TOINETTE
Vous avez là aussi un oeil droit que je me ferais crever, si j'étais à votre place.
ARGAN
Crever un oeil?
TOINETTE
Ne voyez-vous pas qu'il incommode l'autre, et lui dérobe sa nourriture? Croyez-moi, faites-vous-le crever au plus tôt: vous en verrez plus clair de l'oeil gauche.