Les citoyens français et européens ne sont pas de droite, comme on nous le raconte tous les jours.
Et leur intérêt naturel n'est pas de voter à droite.
Car la répartition, ou la redistribution de la richesse, par exemple en France, ne se fait pas en faveur du plus grand nombre. L'examen des chiffres montre que le dixième le plus aisé de la population voit son niveau de vie augmenter davantage que la moyenne. Et ceci sur une longue période. De 1996 à aujourd'hui. Au détriment de tous les autres. (Voir Alternatives Economiques n° 54 d'avril 2012).
S'ils ont voté à droite, c'est parce que les partis de gauche sont tombés au cours des trente dernières années dans le travers néolibéral, laissant des pans entiers de leur électorat habituel disparaîtrent de leur radar.
L'un des sommets a été atteint en France encore récemment, lorsque Terra Nova, think tank classé à gauche, a conseillé au parti socialiste de ne plus chercher les suffrages de la classe ouvrière et de viser plutôt "les diplômés, les jeunes, les minorités, les femmes".
Ces propos ont fait scandale, et le PS a su réagir. Mais c'est symptomatique d'une dérive qui remonte aux années Mitterrand. Une dérive parisienne. Ce qui a fait le succès des Le Pen, père et fille. Et de Mélenchon, plus récemment, qui a repris le langage "défense des opprimés”, sur la gauche du PS.
La défense des valeurs humanistes au centre, par François Bayrou, et de celles de la gauche, par François Hollande, a empêché que ces dérives aillent trop loin et ne débouchent sur la pression des extrémistes.
Car les crises auxquelles nous devons faire face, si elles demandent du courage, de la fermeté et de l'innovation des hommes politiques appelés à former un nouveau gouvernement, ne laissent pas de place à l'erreur.
Hollande et son gouvernement risquent de perdre rapidement leur légitimité toute neuve, comme Sarkozy avait très vite perdu la sienne, si tous les moyens du redressement n'étaient pas réunis.
Et le premier de ces moyens c'est l'union des républicains de progrès. On en trouve à droite, au centre et à gauche.
Cette union doit être esquissée en partie pour les élections législatives, afin de pouvoir être généralisée dés que la nouvelle Assemblée sera au travail.
Cela a été fait il y a moins de dix ans en Allemagne. Cela a été fait en Italie. Cela n'a pas été fait en Espagne, et c'est regrettable. Cela doit être fait en France.
Plus vite l'union sera annoncée, plus vite on coupera l'herbe sous les pieds des aigris de la défaite, plus vite on coupera les ailes des vautours de la politique sarkozyste, qui n'hésitent pas à grimper au sommet de l'ignominie, comme l'a fait le député Santini, qui a prononcé, (Marianne le rapporte), ces mots: "Laissons le chien crevé au fil de l'eau. Ce scrutin signe l'acte de décès de François Bayrou".
Nous ne pouvons nous permettre une défaillance des partis rationnels de progrès en France. Elle nous entrainerait sur les chemins de la Grèce ou de l'Espagne. Elle ouvrirait le chemin aux extrémistes.
La place de la France en Europe ne lui permet pas d'être déstabilisée par des partis pour qui la démocratie est l'ennemie. Ce serait catastrophique pour elle même. Cela le serait également pour l'avenir de l'Europe, déjà fragilisée par des dérives dangereuses au sein de quelques pays.
Il est urgent que les grands pays de la zone Euro mettent fin aux incertitudes actuelles.
Il faut de la rigueur et il faut de la croissance. Il faut de l'inventivité et il faut de l'espoir. Il faut gérer la dette et développer les solidarités.
La France unie peut donner l'exemple. Et pour terminer, je reprendrai les mots du slogan de campagne de François Bayrou: "Un peuple uni, rien ne lui résiste".