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Billet de blog 9 décembre 2013

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Municipales 2014. Le goût de l’union. Le parfum du centre.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les possibilités d’un centre ne tiennent pas à grand chose. Il suffit que quelques mots soient prononcés pour se rendre compte qu’elles n’étaient pas si loin. Qu’elles étaient mêmes tout près. Et prêtes à être partagées.

Il en allait ainsi lorsque François Hollande, dans sa campagne présidentielle, faisait sienne la réforme fiscale apportée par d’autres, attendue par les français, et qu’elle se retrouvait dans quatre points de son programme.

Il en va également ainsi, lorsque François Fillon annonce devant des militants UMP ceci : « Et si on décidait de ne faire de la politique qu’avec des gens honnêtes, humbles et ayant le sens de l’intérêt général ». (Le Monde daté du 07 décembre).

Il en va de même avec le rapprochement MoDem-UDI qui a pour ambition d’apporter au français une alternative, l’alternance répétitive droite gauche étant devenue totalement improductive.

Et hier comme aujourd’hui ces mots qui se répondent de la gauche à la droite, font écho à ceux de François Bayrou écrits en 2007, dans son « Projet d’espoir ». Des mots dont il faut espérer qu’ils seront encore demain, et son projet, et notre espoir.

Il écrivait ceci : « Il sera clair aux yeux de tous que le pluralisme d’inspiration, qui fera travailler ensemble des femmes et des hommes de gauche, de droite, et du centre, sera une assurance d’impartialité et de justice ».

A l’heure où des voix raisonnables à droite recherchent l’unité de leur parti, où des voix à gauche regrettent chaque jour l’unité qui leur fait défaut, et où le centre croit avoir refait la sienne, la seule chose qu'il faut regretter, c’est qu’au delà de tout cela aucune voix ne s’élève plus vraiment en France pour travailler à la seule unité qui vaudrait d’être recherchée, celle de l’unité nationale, seule voie pour sortir d’une crise qui ne se prolonge que par l’adition des forces du conservatisme et des forces aux idées courtes.

L’Allemagne en est capable. Nous ne le serions pas. Au prétexte d’un dualisme écrit mais stérile nos hommes politiques français se soumettent, non pas à un abus de pouvoir, mais à un abus de constitution.

On ne peut attendre que des appareils politiques s’en occupent. Il semble qu’ils aient d’autres chats à fouetter. Mettre en musique, par exemple, des alliances qui ne sont souvent que des renoncements.

On ne peut attendre que des parlementaires s’en occupent, seulement occuper à être réélus, à se coopter sur des listes pour des élections à venir.

Que reste-t-il alors ? Il reste la pression de la rue qu’illustre le mariage des bonnets et des benêts. De ceux qu’on n’écoute jamais et que viennent chauffer au rouge sur l’hôtel du mensonge ceux qui font profession de paraître les écouter.

Il reste aussi les militants. Mais ils sont fatigués, dépités, démotivés.

Quel parti républicain oserait revendiquer aujourd’hui une croissance du nombre de ses militants ? Ils en ont tous perdu. Et les adhérents qui n’ont pas rendu leur carte hésitent de moins en moins à franchir le Rubicon de leur indépendance, à ce jour trop bridée.

Les municipales en sont l’occasion. Car c’est le seul moment où les choses se jouent au plus prêt du terrain. Car c’est au plus prêt, sur le terrain, qu’on connaît le mieux les gens avec lesquels il serait possible de faire un bout de chemin ensemble, et les gens pour qui travailler.

Allez donc demander à ces chefs de partis médiatisés ce qu’ils savent de telle ou telle commune ! Chapeau bas s’ils savent même où elles se trouvent. Ils n’en connaissent  le plus souvent que ce qu’en dit un homme d’appareil, relayant ce que lui en a dit un élu ou un chef local, rencontré dans une réunion départementale, du type cuisine électorale.

Aussi, est-ce pourquoi dans bien des communes aujourd’hui, ça rue dans les brancards. Des militants refusent d’être soit instrumentalisés, soit ignorés.

Et comme les militants de partis concurrents se connaissent et se respectent souvent, ayant vécu les mêmes maux, ces oukases venus d’en haut, ces feux verts délivrés au dernier instant par des appareils débordés ou finasseurs, ils s’organisent pour mettre en musique des alliances qu’on n’imaginait pas à Paris, voir même dans la structure départementale.

On voit donc des dirigeants et des mandatés par « le national », souvent des personnalités ambitieuses, donc soumises ; parfois fortes ; et parfois aussi peu recommandables, s’étonner d’être débordés.

C’est ce qu’on observe dans les Hauts de Seine, pour ne prendre qu’un seul exemple. On y voit l’alliance UDI-MoDem contestée en maints endroits par des gens de l’UDI comme par des gens du Modem. La base craint ces jeux de chaises musicales que pourraient chanter « L’Alternative ».

Les militants ont compris que le seul terrain de responsabilité militante qui reste à ceux qui s’engagent ou veulent s’engager, c’est celui du local. Qui n’a que faire du national dont les pratiques ne sont pas à importer sur les communes.

Ils pensent que si quelque chose est à sauver, c’est dans leurs communes qu’on les trouve d’abord.

Des surprises sont donc possibles. A moins que les états-majors comprennent enfin que la politique est une chose trop sérieuse pour n’être confiée qu’à des gradés de la politique.

En tout état de choses, ces alliances originales, souhaitées par ceux qu’on appelle la base, montrent que le concept droite contre gauche peut être dépassé par les militants. Une illustration d’un esprit d’union  longtemps prôné au MoDem.

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