L’affaire Thomas Thévenoud, par ses détails, révèle à quel point sont dégradées les pratiques politiques en France et l’éthique d’une partie des hommes qui en compose le tissu. Jusqu’à l’inconscience. Il ne semble pas y avoir de seuil à ce que se permettent les hommes de pouvoir. Ni de limite au peu de réaction du milieu auquel ils appartiennent. A droite comme à gauche. C’est une épidémie qui entasse ses cadavres, au gouvernement comme au sein des appareils.
Cinq années de Sarkozy ont débouché sur un peu plus de deux années de Hollande. Et c’est la multiplication des affaires qui constitue le point commun des deux mandatures.
Les médias en font leurs choux gras, le FN en alimente son fond de commerce, et les Français y perdent chaque jour un peu plus la raison. Et tous ensemble, politiques et citoyens, avancent d’un pas suicidaire vers l’horizon de 2017.
La seule différence entre la droite et la gauche tient à ce que Sarkozy traine derrière lui de multiples casseroles personnelles, alors qu’on n’a rien à reprocher à Hollande.
Au niveau des élus ou des ministres, par contre, les deux bords partagent un même flot d’infectés, de fraudeurs, de corrompus, lesquels ne se gênent même pas pour réapparaitre, ou espérer se maintenir sur la scène publique, après que leurs forfaits aient été mis à jour. La rentrée de Copé au parlement en est l’illustration. Le retour cent fois annoncé de Sarkozy également.
Même s’il faut reconnaitre que la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Politique joue un rôle positif, nous sommes obligés de constater que les réprobations venues des entourages des personnes mises en cause manquent singulièrement de force. Et cela pose problème.
Après avoir informé ses lecteurs que Thomas Thévenoud refusait de démissionner de son poste de député, Libération peut ainsi constater dans son édition du 10 septembre que: « Dans les couloirs de l’Assemblée on se désolidarisait avec plus ou moins de sincérité dans les rangs PS ».
Puis n’hésite pas à poser la question « Y a-t-il beaucoup de Thévenoud ?
Revenant alors sur l’enquête préliminaires toujours en cours sur Yamina Benguigui, ex-ministre déléguée à la Francophonie, dont la déclaration de revenus et de patrimoine avait entrainé de sérieux doutes. Une enquête, pourtant peu compliquée, qui va durer combien de temps ?
Faut-il rappeler que l’Elysée s’était contenter dans un premier temps d’annoncer la démission de Thomas Thévenoud de son poste de secrétaire d’État au commerce extérieur comme intervenant « à sa demande et pour des raisons personnelles ». Des mots bien mal venus.
Mais comment peut on parler ferme et clair lorsqu’on a transigé avec les parlementaires sur une mise en pratique rapide du non cumul des mandats ou qu’on a toléré jusqu’à la limite morale un Cahuzac au gouvernement ?
Le Guen écrit-il le nouvel élément de langage du hollandisme ?
Dès lors, on peut voir un Le Guen, secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, pourtant lui même mis en difficulté en juin dernier pour déclaration sous évaluée de son patrimoine immobilier, pas gêné pour tancer dans Libération les parlementaires frondeurs de son parti car: « nous sommes dans une phase de crise politique », et que « les anticorps de la société contre une alternative xénophobe d’extrême droite ne sont plus là ».
Il ne s’estime certainement pas responsable, parmi d’autres, de la chute de ces anticorps, puisqu’il précise par ailleurs sans ciller que « la France n’est pas totalement adulte dans son rapport à l’élection présidentielle », et « qu’il y a une forme d’immaturité française envers le rôle du chef de l’État ». Le Guen est il totalement adulte en s'en prenant aux Français, et dans son rapport à la réalité ?
Mais à travers ses propos on découvre ce qui pourrait être le nouvel axe d’attaque de François Hollande, un discours construit à partir de la notion de tripolarité.
Le Guen précise: « je crois que personne n’a complètement mesuré ce que la tripolarité signifie sur le plan politique et institutionnel », « pour l’emporter face à l’extrême droite, le candidat de la gauche au second tour de la présidentielle devrait bénéficier de voie de droite », « on continue à réfléchir dans le cadre d’un rapport gauche- droite classique. Or ce modèle est totalement dépassé ».
A vouloir feindre de croire que Hollande serait capable d’être au second tour en 2017 il ne lui vient pas à l’idée qu’un Alain Juppé tiendra le même raisonnement, et qu’il pourrait le partager avec son ami François Bayrou.
Mais ce jour là, on verra peut-être un Le Guen ou un Valls faire bénéficier de leurs voix une droite ripolinée arrivée en tête pour l’aider à l’emporter face à l’extrême droite.
La fièvre n’est pas prête de retomber. Et notre Le Guen-Sganarelle mériterait bien de recevoir une bastonnade.