Hollande aura peu de jours pour montrer qu'il n'est pas l'homme d'un camp mais l'homme d'un pays. Et il lui faudra ramener Mélenchon, qui se rêve en Alexis Tsipras, à la raison.
Car lorsque Mélenchon et le Front de gauche, demandent au PS un accord pour s'opposer au FN dans les circonscriptions où la gauche peut disparaitre, si elle est divisée, c'est une démarche de bon sens.
Mais cette sagesse est elle la ligne permanente de Mélenchon ? Bien sur que non. Car il feint de voir qu'au menu et à la cuisine il peut y avoir à la fois fromage et dessert et fromage ou dessert. C'est l'histoire du type qui veut le beurre, l'argent du beurre et la crémière.
Pour Mélenchon, Il y aurait des prétextes à alliance et des prétextes à opposition avec le PS.
Illustration. Ce n'est pas tout à fait un allié qui s'exprime, dans le n° du mercredi 8 mai de Marianne, mais plutôt un opposant en embuscade.
En décrivant, dans cette interview, le rôle du Front de gauche comme étant celui de "l'autonomie conquérante", et comme un possible "recours à gauche", ce qui veut dire bien entendu, contre le Parti socialiste, et contre Hollande, à qui il souhaite "bonne chance", Mélenchon n'affiche pas une position d'allié mais bien de compétiteur en campagne.
Hollande, dont Mélenchon dit que "son programme social-démocrate est le degré zéro de l'imagination politique".
Hollande, qui, comme l'a écrit François Julliard dans son éditorial de cette semaine, ne doit pas oublier que c'est avec le peuple, et avec lui seul, qu'il a passé contrat, et non pas avec les mille conseilleurs et conseillers à sa porte. Conseilleurs dont Mélenchon ne se distingue pas, lui qui se veut la voix "du peuple", chef de ce Front de gauche, dont, je cite, "on a besoin partout." car, "on nous demande en Allemagne, en Grèce, en Espagne..."
Un Front de gauche à l'exportation. Notre balance commerciale est sauvée.
Reste une question à poser à Mélenchon et à ses partisans. La situation à laquelle le nouveau Président, le nouveau gouvernement, vont devoir faire face, ne justifie-t-elle pas un esprit d'union, plutôt que cette distanciation qui semble être le choix du Mélenchon ?
Je trouve personnellement suave, que l'esprit d'union soit porté par François Bayrou, et non pas par Mélenchon, que la possibilité de coopérer se trouve plutôt du coté de Bayrou que de Mélenchon. Un Bayrou sur lequel Mélenchon s'est trompé du tout au tout, puisqu'il nous le décrivait comme l'homme de Sarkozy.
Sauf qu'il a voté Hollande, et donner ainsi la preuve que le centre n'est pas de droite, qu'il peut voter à gauche, et qu'il reste avant tout libre de penser différemment.
A trop vouloir camper sur une idéologie extrême, on se trompe sur son concurrent, et on finit par être prêt à tromper jusqu’à son propre camp, celui de la gauche. Sauf à penser, mais il faut le dire clairement, que le PS n'est pas de gauche.
Peut on se payer le luxe, en France, d'avoir d'un coté le nouveau Copé, qui va très vite chercher à être un "Sarkozy-le-second", en draguant le FN, et de l'autre, une gauche sous la critique de Mélenchon, qui se rêve en Alexis Tsipras, le leader de la gauche radicale grecque.
L'avenir de Mélenchon ne passe pas par une France apaisée, unie, solidaire.
C'est pourquoi Hollande, qui n'est pas un homme d'affrontement, devrait mieux écouter François Bayrou, qui est de la même trempe.
Bayrou a lancé quelques phrases clés lors de sa conférence du 10 mai. Entre autre que les français ont envie de forces politiques, qui, même différentes, sont capables de s'unir pour faire avancer les choses. Et qu'on ne s'en sortira pas en cas de cohabitation.
"On ne s'en sortira pas sans que des hommes et des femmes de qualité acceptent de travailler ensemble" a-t-il dit.
Hollande aura peu de temps pour montrer s'il choisit une politique de réunion.