J'ai choisi de faire écho sur ce blog à la longue interview de Marisol Touraine, dans Médiapart de ce jour. Car ce qu'elle dit me semble, par ses propos mesurés, équilibrés, ouverts, non idéologiques, mériter d'être rapproché de ce qu'a dit François Bayrou tout au longue de sa campagne. Des propos peu relayés par les médias, et donc peu connus des français, et j'en fais le pari, des militants du PS eux mêmes, pourtant politisés.
L'interview porte essentiellement sur les questions de santé. Je ne m'en éloignerai pas. Elle commence pourtant, à juste titre, sur le contexte financier. Cela mérite d'être relevé.
L'équilibre financier est, ne peut être que, l'objectif pour toutes les dépenses, y compris pour les dépenses sociales, dans la mesure où nous n'avons plus les moyens que nous avons eus, il y a bien longtemps, ou que nous avons financées par l'augmentation de la dette, depuis trente ans.
Nous ne pouvons donc éviter une première période de gestion rigoureuse, seule condition pour ne pas connaitre les attaques qui ont affaibli la Grèce et l'Espagne.
Pour, en parallèle, procéder aux "restructurations nécessaires". La condition étant la lucidité et le rassemblement, car "l'idéologie du chacun pour soi" n'est peut être pas une règle immuable. Il est vrai que l'illusion entretenue par la poussée les extrêmes ne joue pas dans le sens souhaité de la responsabilité personnelle. La prudence de Marisol Touraine devant Mélenchon est un signe encourageant qu'il faut relever.
Il faut donc mettre en avant la solidarité. Celle ci est portée par des mouvements, sociaux, politiques, associatifs, ceux de l'ESS, qui se caractérisent en premier lieu par leur humanisme, qu'il soit du centre, de gauche, ou même, parfois de droite, car il y a une droite sociale qu'il ne faut pas mépriser. Nous en aurons besoin, si on pense que ce ne sont pas les idéologies d'autrefois qui nous feront avancer, mais une autre façon d'aborder les questions, ressourcée à des expériences positives du passé, comme celle du CNR, ou à ce qu'on appelle aujourd'hui l'innovation sociale, qui affleure un peu partout sur les territoires, mais aussi dans une façon renouvelée d'entreprendre, basée sur des valeurs qui réinventent les rapports entre parties prenantes.
J'ai retrouvé, plusieurs fois, dans les propos de Marisol Touraine une façon de prendre les choses qu'elle pourrait partager avec François Bayrou. Par exemple son approche de la question hospitalière, source possible d'une solvabilité améliorée grâce à une organisation innovante. Et, je ne sais si je me trompe ou pas, mais j'ai cru percevoir dans l'approche de Marisol Touraine sur la question des droits des salariés, des possibilités de convergences, avec les propositions de François Bayrou pour refonder un dialogue social nécessaire au retour de la production en France.
L'affirmation très claire, faite par celui ci, du rôle que doivent jouer les corps intermédiaires en témoigne. Comme son affirmation que "c'est au sort fait aux plus faibles que l'on reconnait la valeur d'une société". (Programme de Bayrou page 9).
Une page entière, sur 16, du programme de Bayrou, qui porte en titre "Solidarité", est consacrée à "Santé, dépendance, handicap". Rien d'étonnant, pour qui met l'homme au centre de ses préoccupations.
Lorsque Marisol Touraine dit que le cœur du projet de Hollande est la justice sociale, je réponds qu'il en est de même de celui de Bayrou. Et que celui ci porte cette proposition comme une cause première depuis longtemps. Son livre de 2007, "Projet d'espoir" en atteste. Un chapitre porte ce titre "La République est sociale". Et ce n'est pas son dernier ouvrage, publié récemment, qui déroge à cette profession de foi. Je cite: "La condition du succès, c'est la réinvention de la solidarité au sein de notre pays".
Mais il y en va de même sur bien d'autres points qui sont communs entre ce que dit Marisol Touraine dans cette longue interview et ce qu'a dit François Bayrou dans ses discours, dans ses interviews, et dans son programme. Est ce un socle de coopération possible ? Je veux le croire. Est ce un vœu pieux ? Les candidats nous répondrons en temps et en heure. Mais sans union des intelligences, nous irons dans le mur.