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Billet de blog 15 novembre 2021

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Présidentielles. Qui pense le monde de demain ?

Quel penseur, quel intellectuel est capable aujourd’hui de faire la jonction entre le haut et le bas, entre la vision centralisée qui trône à Paris et le ressenti des populations territorialisées, entre une conceptualisation de certaines politiques et la réalité brute vécue dans les régions, l’abstraction nécessaire des schémas de réformes et le réel de la vie au quotidien ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Quel penseur, quel intellectuel est capable aujourd’hui de faire la jonction entre le haut et le bas, entre la vision centralisée qui trône à Paris et le ressenti des populations territorialisées, entre une conceptualisation de certaines politiques et la réalité brute vécue dans les régions, l’abstraction nécessaire des schémas de réformes et le réel de la vie au quotidien ?

A quoi servent les travaux universitaires sur la nécessité de taxer le C02 s’ils oublient un paramètre aussi évident que l’obligation de se déplacer dans le fin fond de nos campagnes ?

De tous temps les théories sur la réforme ou la révolution, sans trop savoir ce qu’est une réforme réussie ou une révolution achevée, ont buté sur la seule question qui vaille, « qui tire les ficelles ? ». Question rarement soulevée, car derrière la réforme se cache l’acceptation de ces ficelles, au nom de l’impossibilité de pouvoir parvenir à les couper, et derrière la révolution risque d’apparaître la dangerosité d’une bureaucratie à venir, voire le risque de l’usurpation du pouvoir par le dictateur qui sommeille dans tout processus abouti.

Il fut un temps où le langage n’avait pas tout à fait perdu le sens des mots sur lesquels il reposait. Ou le mot lutte signifiait défendre l’exploité, et non pas baisser les impôts sur la richesse et les plus-values. Ou l’impôt signifiait pour tout un chacun participer au bien commun et donner chance à l’égalité. Ou la nation n’était pas synonyme de nationalisme. Ou la défense du travailleur ne prenait pas le masque hypocrite du rejet de l’autre.

En ce temps pas si ancien, faire de la politique, prétendre à la pensée, ne signifiait pas insulter la pensée différente, l’ostracisation de celui qui ne triche pas avec les mots, qui ose prétendre qu’il existe une vérité et des mensonges ; cela signifiait écouter et répondre, débattre et proposer, chercher à comprendre ce qui diffère et s’oppose. Ce n’était pas tordre le fait pour en faire une fausseté, transformer les lumières en obscurantismes, jouer au négationniste avec l’histoire et ses hontes.

Les générations actuelles ne savent pas, par manque de transmission, où ne veulent pas savoir, en se laissant séduire par le calcul de certaines personnalités, que les totalitarismes ont dû être, et se sont, discrédités, après avoir durant des périodes longues, soumis et oppressé des millions, des dizaines de millions de personnes.

Et voilà donc que resurgissent des façons de parler, d’écrire, riches de danger mortels pour la démocratie, que des manipulations du sentiment religieux s’activent comme sources d’excommunications répressives à venir, où déjà présentes dans la guerre de religion du djihadisme, que le négationnisme fleurit sous la plume d’un bateleur d’écran se rêvant en président, et qui, pour y arriver, n’hésite pas à racler le fond d’ordures de l’histoire de notre pays pour s’en faire un plat de résistance (sic). Et voilà que se multiplient les pèlerinages à la nouvelle Mecque de l’illibéralisme, la Budapest(e) d’Orban.

Quelle femme, quel homme, quel groupe, seront capables de s’unir pour réfléchir et proposer une alternative optimiste à celles et ceux qui sont allés se perdre dans les bras du monstre, après avoir été abandonné-e-s par ceux qui leur avaient promis de changer la vie, leur vie ? Un temps a existé où le débat était possible. Il nous faut le retrouver.

L’urgence est là. Une attente existe. Il ne faut pas qu’elle sombre dans la faillite d’une époque, une époque que nos enfants n’attendaient pas.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.