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Billet de blog 16 août 2016

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Burkini. Remettre la chose à la place du mot.

Pourquoi brusquement un mot, burkini, hier encore ignoré de vous et moi, a-t-il brusquement suscité émois et polémiques dans les médias et chez les politiques ? Pourquoi brusquement cette question de burkini dans l’actualité de ce mois d’aout ? Il nous faut remettre la chose à la place des mots pour comprendre. Appréhender la chose pour voir ce que les mots veulent lui faire dire.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pourquoi brusquement un mot, burkini, hier encore ignoré de vous et moi, a-t-il brusquement suscité émois et polémiques dans les médias et chez les politiques ? Pourquoi brusquement cette question de burkini dans l’actualité de ce mois d’aout ? Il nous faut remettre la chose à la place des mots pour comprendre, appréhender la chose pour voir ce que les mots veulent lui faire dire. Et qui les leur font dire.

Avait-on vu des burkinis, un croisement venu d’ailleurs, entre bikini et burqa, sur nos plages dans le passé ? Et ce burkini, est il un signe ostentatoirement religieux ?

En ce qui concerne la dernière question on a la réponse : L’avocat du  CCIF (Comité contre l’islamophobie en France) l’a dit. Son client fait appel de la décision du tribunal administratif de Nice interdisant le burkini car « cette décision ouvre la porte à l’interdiction de tout signe religieux dans l’espace public ». In le Monde.fr du 13/08.

Donc, le burkini n’est pas un vêtement comme les autres. Désolé Edwy Plenel !

En ce qui concerne les autres questions, pas de burkini ces années passées en manchette des journaux. Alors, que nous vaut cette floraison de burkinis sur les plages cette année ? Il faut se demander qui a eu intérêt à susciter cette éclosion ? Qui manipule ? Les islamistes salafistes, les Frères musulmans ? Cela n’aurait rien d’étonnant. Pourquoi ?

Pour comprendre, il faut remonter à ce qui se cache derrière le salafisme, et/ou dans la stratégie connue des Frères musulmans. Donc faire un effort. Et par exemple lire « Résistance ! », le livre du journaliste Antoine Peillon, déjà bien connu pour son ouvrage « Corruption ». Peillon, justement, dévoile pas mal de chose, et on y apprend en des pages aux sources documentées à quelle stratégie on a à faire face.

- Qui consiste à « tenter d’entrainer la société française, vers un morcellement entre les groupes confessionnels, voir ethniques » (P.103. Repris de Pierre-Jean Lazard directeur de recherches au CNRS et historien de l’islam contemporain).

- Que l’UOIF (Union des Organisations Islamiques de France), a pour gourou un certain Youssef al-Qaradfawi, auteur du livre « Le licite et l’illicite en islam », un temps interdit en France, car certains passages sont jugés incompatibles avec les droits humains.

- Que l’UOIE, (Fédération des organisations islamiques en Europe, dirigée par un Qatari), qui a créé un Institut Européen des Sciences Humaines, (IESH), installé dans la Nièvre, (et financé  par plusieurs Etats du Golf), pour la formation des imams, que dirige Zuhaïr Mahmood, par ailleurs  cofondateur de l’UOIF, est le relai du Conseil Européen pour la fatwa, lequel considère que la charia doit être la norme absolue pour tous les musulmans. (P. 66 et 67).

Avec cela, on peut donc un peu mieux déchiffrer la chose sous les mots, et cette actualité plagiste de ce mois d’aout. Et son coté organisé. Car un burkini isolé n’aurait pas posé de problème. J’en ai moi même vu un sur la plage de Calais et ne m’en était pas formalisé outre mesure. Mais si tout à coup apparaît sur les plages un foisonnement de burkinis, est-ce par hasard ? On peut en douter. N'est-ce pas là ce qu'il faut voir?

Car ça correspond à la volonté connue des mouvements islamistes de faire sauter tous les verrous posés par l’histoire sur l’Etat de droit français. La volonté non pas de fédérer mais de cliver. Tout en jouant avec habilité sur les valeurs qui ont constitué la République. Ces valeurs issues des Lumières. Des valeurs de résistance et de liberté face à la religion et au pouvoir absolu. En en jouant par l’usage du double langage. « Au nom de vos valeurs de tolérance et de liberté je réclame la liberté pour moi même de faire ce que je veux et d'imposer mes règles. Peu importe que par ailleurs je n’accorde pas à ceux de ma religion ces valeurs là ». Car la tolérance des salafistes, des Frères musulmans, si vous ne la connaissez pas, le musulman lambda la connaît, lui. En France, où c’est installé sur le territoire la chape de plomb du conformisme culturel religieux. En Arabie Saoudite, terre du wahhabisme salafiste, où les droits humains sont foulés à terre chaque jour.

Donc, ne nous laissons pas entrainer dans de vaines polémiques sur cette affaire de burkini, qui n’est que l’arbre qui cache la foret de la stratégie salafiste « qui promeut l’apartheid culturel avec la société mécréante » (In « terreur dans l’Hexagone » de Gilles Kepel).

Il nous faut assumer la difficulté à pouvoir, à devoir garder la tête froide, face aux provocations symboliques ou meurtrières, aux paroles naïves, aux explications biaisées par l’idéologie ou l’aveuglement ; face à la difficulté à cerner un terrain peu lisible avec un enchevêtrement de réalités obscures, celles de la guerre de religion interne au monde musulman, celle de la guerre qui se joue, entre un Occident coupable d’avoir mené, et de mener encore, une politique d’intervention dans le mépris du droit, et ce monde du jihad qui croit pouvoir imposer sa religion au monde par la force et la guerre.

Et par dessus cela, il y a l’enjeu essentiel de nous préserver, en tant que nation unie et diversifiée, républicaine et solidaire. L’enjeu d’éviter cette guerre civile dans laquelle les forces terroristes veulent nous entrainer, éviter aussi de nourrir le jeu de ceux qui surfent sur la récupération trouble, pour eux mêmes et leur ambition,  qui vont de Sarkozy à Le Pen, de la droite à l’extrême droite. Mais aussi à gauche.

Et par dessus cela, il y a la défense de eux qui ont le plus à perdre, les citoyens de l’immigration maghrébine, les musulmans, les immigrés, leurs filles et leurs fils, qui à leur corps défendant sont l’objet de toutes les manipulations, de toutes les attaques politiques.

Défendre les musulmans de France, c’est les soutenir contre les débordements des provocations de tous bords, y compris, lucidement, de ceux qui, se réclamant de l’islam, n’ont en fait rien à voir avec lui.

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