Comme le dit Terranova : « La croissance spectaculaire du marché de l’art mondial depuis le début des années 2000 ne s’est pas réalisée à l’avantage de la France ». Se pencher sur la question est important. L’étude que terranova vient de sortir est donc la bienvenue.
Après avoir fort justement noté que « dans la compétition que se livrent les grandes métropoles européennes, l’attractivité artistique joue un rôle important », l’étude de Terranova « formule des propositions visant à corriger cette tendance négative, d'abord en stimulant la création française et en lui permettant de rayonner davantage sur le plan international ».
Bien qu’époux d’une artiste peintre et père d’un artiste peintre, je ne prétends pas me croire en position de juger de toutes les propositions avancées par l’étude, mais trouve bon de relayer l’information. Le lien ci dessous mène à la synthèse de l’étude et à l’étude elle même.
Je prends malgré tout le risque de me lancer dans une ou deux remarques.
A une époque où les gens se précipitent en masse vers de grandes expositions médiatisées mais restent timidement à la porte des manifestations focalisées sur des artistes vivants, il est bon de lancer une réflexion pour que la France redevienne attractive.
Terranova a des idées intéressantes mais parfois contradictoires. On ne peut tout à la fois écrire que « la culture de collection ne peut se réduire à l’image du collectionneur richissime parcourant les foires et galeries internationales » et qu’il faut « capitaliser sur la FIAC et les autres foires parisiennes ».
La Fiac regroupe avant tout des grandes galeries et les ventes se fondent sur les plus grands acheteurs internationaux invités, et pour qui sont réservés des moments d’intimité, en dehors du grand public, certes cultivé, mais considéré ni plus ni moins que celui des grandes rétrospectives.
La question n’est donc pas d’amener le public à l’art, mais d’amener l’art au public. Combien de communes organisent d’expositions de véritables artistes contemporains, âgés de 20 à 50 ans ? Je ne connais pas le chiffre, mais j’ai plutôt l’impression que les maires préfèrent organiser « leur » salon de peintres amateurs locaux, optimum électoral oblige.
Terranova propose aussi « Un effort de sensibilisation, grâce à un MOOC (Massive Open Online Courses) dédié à l’art contemporain ». Cette concession à la modernité numérique ne me paraît pas la voie royale pour une meilleure convivialité entre les œuvres et le public.
Il est aussi proposé « des prêts à taux zéro pour permettre aux galeries de financer leur passage à Internet ». C’est prendre le pari que ces galeries vendront mieux leurs artistes ainsi. Rien ne dit que c’est certain. On dit de l’art qu’il est vivant. Le rendre virtuel est-ce la solution ?
Mais le rapport de Terranova, écrit à plusieurs mains, ne se résume pas à ces quelques points. Les propositions sont une excellente base à la fois de réflexion et d’action, à condition de ne pas rester dans l’entre soi de classe qu’on peut parfois reprocher au think tank.
http://tnova.fr/etudes/creation-et-marche-de-l-art-comment-renouveler-l-attractivite-de-la-france