Noël Mamère a publié hier sur son blog sur Mediapart un texte titré : « L'union sacrée est une défaite de la pensée ». J’espérais y trouver un redressement de celle ci. Une victoire en quelque sorte. Allons y voir de plus près.
Si je retiens la conclusion de Noël Mamère : « La seule Union Sacrée qui vaille, c’est celle de l’humanité blessée, qui doit oser se révolter contre la barbarie », je comprends et je suis d’accord.
Mais avant d’en d’arriver là, il a fallu naviguer dans les eaux agitées d’une prose dont les arguments nous jettent de droite et de gauche, perdant parfois son orientation.
Dénigrer l’idée d’Union sacrée. Soit. Pourquoi pas ? Personnellement, je ne la crois pas opérante, car personne ne la veut dans les partis, par calcul personnel politique, nous sommes en période électorale; par tactique, tous pensent à 2017, et il ne peut être question de renforcer l’adversaire.
Et Mamère de s’ériger lui même en totem de ce comportement ! Cette Union il est contre.
Mais il a un problème. Qui est de ne pouvoir adapter sa pensée, la faire évoluer en fonction de la réalité présente. Il a des convictions qu’il ne peut voir contredire. Et donc, ce sont des « militants fascistes religieux » qui ont tué. Pour mieux justifier que : « C’est un contre-sens de s’acharner à vouloir essentialiser ses membres comme « musulmans » ou « fous » ou « jeunes des quartiers ayant des problèmes ».
Ce qui est un déni de réalité. Il ne faut pas avoir peur de le dire. N’est ce pas assez courant à gauche depuis quelques temps ?
Ce qui gène Mamère, c’est la complexité. Il devrait lire Morin. Car la complexité, c’est bien que dans nos banlieues il y a une majorité de personnes qui n’ont rien à voir avec ces « militants fascistes religieux » ou « jeunes des quartiers ayant des problèmes », « musulmans », « fous ». Il ne faut pas faire l’amalgame. Et je n’ai pas entendu les membres du gouvernement le faire. Un gouvernement que je ne défends pas. Tous les articles de mon blog le montrent. Mais il n’est pas temps de pinailler par les temps que nous vivons.
Et parfois, Mamère semble ne pas pinailler. Ces « militants fascistes religieux » il nous dit « qu’ils doivent être combattus et défaits comme tels ». Fort bien. Nous approuvons. Mais il ne nous donne pas sa méthode, alternative à celle que met en place le gouvernement et sur laquelle il rechigne. Critiquant les mesures prises.
Alors, pourquoi ce texte ? Je ne lui ferai pas l’injure de supposer qu’il s’agissait de parler pour parler. Mais en ces jours difficiles, est-ce la parole partisane qui est l’urgence ? Car c’est bien a quoi ressemble malheureusement son texte.
Sa longue digression sur l’histoire de « l’union sacrée » que nous amène-t-elle ? Etait-elle nécessaire pour arriver, passant par cette phrase : « Ceux à qui nous faisons la guerre ripostent à leur façon, asymétrique, face à nos bombardements, à nos drones, à nos assassinats ciblés », à celle ci : « C’est la loi de toute guerre ».
Quand bien même, il est vrai, que Daech soit la conséquence de mille fautes américaines et occidentales, Mamère peut-il excuser ces jeunes français enrôlés dans les armées de la folie, comme « militants fascistes religieux », à être presque excusés puisque « c’est la loi de la guerre » ?
A ne rien vouloir céder de ses paroles passées, de ses prises de positions passées, on s’entraine à quelques bévues. Dommage pour quelqu’un qui a su montrer en d’autres moments plus de responsabilité dans ses propos.
Et à quoi sert ce paragraphe, destiné à nous expliquer ce que veut dire « identifier l’ennemi ». « L’islamo fascisme » ? A quoi sert il, si ce n’est à dire comment faire face à lui ? Ce qu’il ne fait pas.
A quoi cet autre sur le « pacte de sécurité » ? Qu’il dénigre sans rien proposer d’autre ?
A quoi sert de baptiser les mesures prises de: « Patriot Act à la française » ? Lorsqu’on n’a rien à proposer comme mesure alternative. Sauf un renforcement des moyens de renseignements, de justice et de police. Que ce pacte contient justement. L’argument se démolit de lui même.
On pouvait attendre de Noel Mamère plus que ça. Attendre de la clarté là où il incruste de l’ambiguïté. Des propositions nouvelles ou alternatives là où on ne trouve rien.
Il doit être difficile de s’exprimer après tant d’autres. Difficile de trouver mieux à dire. Il est des moments où prendre la parole ne sert plus à rien.
Voir l’article de Noel Mamère :