Invité par une socialiste à lire un billet de Stéphane le Foll, ci devant Ministre de l’agriculture, sur un site en construction, ‘’Répondre à gauche’’, j’ai été consterné par la pauvreté intellectuelle du propos.
Son billet, qui semble être l’expression d’une « tendance » pro Hollande à l’intérieur des états généraux du PS lancés par Cambadélis, ne répond à aucun moment à l’objectif annoncé par le responsable du PS : « reformuler la carte d'identité du Parti socialiste dans le monde actuel ».
Il aurait pu être écrit par n’importe quel socialiste mou, de n’importe quelle tendance, à n’importe quel moment de l’histoire du parti.
Si les caciques du PS n’on rien d’autre à proposer que ces :
« Nous devons soutenir nos entreprises, en particulier nos PME »,
« Faire progresser la démocratie sociale dans notre pays »,
« Préparer la France de demain, faire le choix de l’éducation, de la recherche et de la transition énergétique »,
« Croire que chaque enfant de la République doit trouver sa voie et s’accomplir quelles que soient ses origines sociales »,
« Accomplir cette grande synthèse entre l’enjeu économique et social et celui du développement durable », « ne pas empêcher le retour de la croissance », etc. etc. …
Le PS et la France ont du souci à se faire.
Pas une proposition concrète branchée sur le monde réel.
Pas une indication destinée à nous montrer comment Le Foll imagine que l’Etat puisse reprendre la main sur les dérives de la banque et de la finance.
Pas une proposition sur comment un parti de gouvernement devrait s’atteler au grave problème de l’évasion fiscale. Comme à celui de la corruption et de la criminalité financière, sur lequel se sont penchés les citoyens qui ont rempli le Théâtre de la Ville, dimanche soir, pour assister au colloque de Mediapart sur le sujet.
Pas une proposition sur le financement des logements en France.
Pas une idée sur comment résister à ces accords économiques en cours de négociations plus ou moins secrètes, qui ont nom, TAFTA, TISA, CETA, préparé par les multinationales pour augmenter leurs profits par la dérégulation.
Rien, enfin, sur une alternative au modèle néolibéral, sur l’inutilité de donner des milliards à des entreprises dont le carnet de commande est vide, comme l’a rappelé récemment la députée Nouvelle Donne du Calvados, Isabelle Attard, qui pointe fort justement « que la politique de baisse des charges menée par tous les gouvernements depuis 20 ans n’a rien donné ».
Bien au contraire, Le Foll tacle ceux qui «à gauche, proposent de nous soustraire à notre engagement de sérieux budgétaire et de diminution de la dette publique,ce qui aurait deux conséquences immédiates : une dépendance accrue vis-à-vis des marchés financiers et une perte de confiance avec nos partenaires européens ».
Le Foll ne voit donc pas qu’il faut reprendre la main. Regarder en avant plutôt que de s’accrocher à ce passé failli. Ne voit il pas que Hollande, dont il se fait l’avocat, risque de rester dans l’histoire comme un Guy Mollet puissance 10 ?
Je lui conseille de lire rapidement quelques livres avant de recommencer à s’exprimer.
Le dernier livre de Rifkin par exemple. Ou mieux encore, celui de Steve Keen, « L’imposture économique », préfacé par Gaël Giraud. Keen y relève l’incapacité totale de l’économie néoclassique à anticiper les crises, et qu’il est temps de proposer une vue simple et accessible d’un modèle alternatif et réaliste de l’économie.
Il est temps que Le Foll et ses collègues du gouvernement réexaminent leur capacité à s’affranchir des vieux modèles politiques et économiques. Sinon, toute nouvelle reformulation de la carte d’identité du PS sera impossible.
Le conseil est valable pour tout autre parti politique. Pour tout autre homme politique.
Aubry itou !
Je viens de lire le texte du Martine Aubry du Groupe PS « Réussir ». Il tient autrement la route que celui de Le Foll ! Mais il reste très flou sur les moyens financiers et de gouvernance à mettre en place. Pas un mot sur les banques et la finance qui sont de vraies entraves à l’action publique. Pas un mot sur la lutte contre la corruption et la criminalité financière. Pas un mot sur le rôle néfaste des multinationales, organisées pour échapper à leurs devoir d’impôt. Pas un mot sur les paradis fiscaux. Ni sur l’urgence à se battre pour une uniformisation des fiscalités en Europe. On reste dans la classique analyse, le classique catalogue d’intentions. C’est lisible. Mais pas vraiment concret.