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Billet de blog 25 avril 2012

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Hollande, ou la tentation de 1981. Un moteur à deux temps ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La crise a tendance à libérer les extrêmes, aux dépens des démocrates.  C'est logique. Car la crise, c'est toujours la chute d'un système auquel on avait cru, auquel on vous avait persuadé de croire, ou, au pire, à propos duquel on ne se posait pas de question. Le rideau tombe et c'est la crise.

 On croyait vivre dans une économie en expansion et la croissance disparait. La finance, qu'on nous présentait comme créatrice de richesse s'effondre,  et les Etats trouvent l'argent pour la remplumer. Mais aussitôt, la dette de notre pays, qui semblait ne pas poser de problème depuis trente ans, devient un mal absolu. Et c'est nous qui tombons malade. Et tous les Diafoirus du commentaire médiatique prêchent la diète.

 On croyait avoir sa place, même modeste, dans un système où nos enfants auraient la leur, et, soudain, on se retrouve sur le bord de la route, et nos enfants aussi.

On avait cru vivre dans un modèle social qu'on nous disait le meilleur du monde, et, partout, chez nous, autour de nous, la pauvreté s'installe.

 On nous avait dit habiter un grand pays, et on se rend compte que ce pays a perdu une grande partie de son industrie, que des usines continuent de disparaitre. On apprend  que l'Allemagne, au cours des dix dernières années a connu une progression modérée du coût du travail de 19,4%, alors que ce coût a bondi de 39,2% en France. (Les Echos du 25 avril)

 Alors, désemparé, on se met à écouter ceux qui parlent fort, ceux qui jouent du muscle. Ils nous désignent les responsables supposés de notre malheur.  Le libéralisme ou le capitalisme, d'un coté, qu'on nous décrit comme monolithique et, forcement, suceur du sang du peuple. L'étranger, de l'autre. Le différent, qui vient, forcément, manger notre pain, et qu'on nous désigne comme bouc  émissaire. Pouce en bas, et nous voila sauvé !

Sauf, qu'à écouter les extrêmes nous ne pouvons que perdre.

Sarkozy, qui a cru bon de reprendre lui même, depuis des années, les thématiques de l'extrême droite a perdu. Et son honneur. Et la bataille.

 Et si, demain, Hollande, devenu Président, se laissait aller à écouter les exigences portées par la forte voix de la gauche extrême, ce serait illusion et déconvenues à venir. Car la réalité est prégnante et exige lucidité et courage. Car le temps est compté. Et, à ne pas prendre ce facteur premier de la question politique, Hollande prendrait le risque d'un échec annoncé.

 S'éloigner les extrêmes pour redresser la France sera la condition première du prochain gouvernement. Cela veut dire aussi rassembler, rechercher l'union, celles des intelligences, qu'ont trouve dans chaque camp, à condition de les libérer des clans et des idéologies.

 Mais il semble, qu'à cette heure, Hollande n'envisage pas encore cette voie. Est ce tactique d'entre deux tours ? Qui le sait ?

 Il a, à ce jour, toujours dit qu'il ne gouvernerait qu'avec ceux ayant approuvé son programme, fermant la porte aux idées de François Bayrou, lesquelles commencent par la moralisation de la vie publique et la fin du cumul des mandats. Un cumul que François Hollande, tout récemment encore, a trouvé acceptable.

Pour ne pas perdre un temps précieux, nous encouragions les français à voter pour Bayrou dès le premier tour.

Pour ne pas perdre un temps précieux, Bayrou n'étant pas au second tour, reste à envisager deux temps.

- Le temps de l'efficacité. Hollande fait un pas en direction de Bayrou et offre à la France un gouvernement d'union, une majorité large, à l'italienne, en prenant en compte les démocrates, pour que le quinquennat soit équilibré et modéré, ce qui ne veut pas dire sans radicalité, capable de construire un avenir stable pour nos jeunes enfants.

- Le temps de l'illusion. Celui que prendra Hollande à tenter d'appliquer son programme, en dépit de la réalité économique, tout comme Mitterrand et la gauche avaient tenté de faire en  1981, avant d'être amenés, en trois ans, au Canossa des réalités.

Bayrou pourrait être appelé alors, entre six mois et deux ans après le 6 mai 2012, à tenir le rôle de pompier de la République et de la France, comme Fabius en avait pris la fonction en juillet 1984.

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