À mi mandat, trois députés européens du Sud-Ouest se sont exprimés à Toulouse, à l'invitation du Comité de liaison du Sud-Ouest du Mouvement européen et de l'institut Jacques Delors, devant plus de 200 personnes.
Il s'agissait pour eux d'expliquer leurs prises de position sur quelques enjeux emblématiques soumis à leur approbation à l'Assemblée européenne. Les enjeux de protection attendus par les citoyens en termes de santé, d'égalité, d'alimentation, d'harmonisation sociale, d’émigration, mais aussi d'économie, de dumping social, de fiscalité, d’accords de libre-échange, figurent au nombre de ceux ci.
Comment nos députés européens nous représentent-ils ?
Les interventions de José BOVÉ, Groupe des Verts/Alliance libre européenne, Joëlle MÉLIN, Groupe Europe des Nations et des Libertés, Virginie ROZIÈRE, Groupe de l'Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates au Parlement, ont permis d’illustrer les débats entre élus européens au Parlement.
Leurs réponses aux questions de la salle, au-delà de montrer ce qui les réunit ou qui les divise, au-delà des points négatifs ou positifs du fonctionnement des institutions européennes qui ressortaient de leurs propos, ont en fait donner corps à cette Europe diverse que seule une idée commune de paix et de progrès partagée peut réunir dans un monde déstabilisé par des crises multiples et successives.
Au nombre des points positifs à noter, l'absence d'effet domino du Brexit, le recul de l’idéologie eurosceptique dans les diverses élections en Europe qui ont suivi la décision des Anglais.
Mais aussi, comme l’a souligné Virginie Rozière, la pérennité d’une Europe que des choix collectifs, fait d’accords et de normes, ont permis de sauvegarder et de faire avancer, grâce à un taux élevé de protection, comparé à ceux relevés dans bien des régions du monde.
José Bové, Groupe des Verts, plus critique, trouve que l'Europe protège les citoyens davantage sur le papier qu'en réalité, les pratiques étant sujettes aux époques, aux pouvoirs, aux élections, aux influences extérieures, aux menaces terroristes, etc.
L'harmonisation sociale n'existe pas, a-t-il dit, et les fractures en matière sociale et fiscale sont évidentes.
Il faudrait donc changer les textes qui régissent l'Europe pour arriver à les réduire.
Mais il faut éviter la naïveté qui consiste à penser qu'on ferait mieux tout seul. C'est ainsi que les pays continuent à construire des économies nationales alors que l'avenir exige une construction commune. Les lobbys industriels des Etats jouent contre l'intérêt général. Un exemple, le pouvoir des constructeurs automobiles qui se sont affranchis des règles européennes, jusqu'à ce jour. Ou encore celui des industries de la chimie qui pèse sur la question des perturbateurs endocriniens. Les états plient le genou devant elles. L'illustration la plus flagrante venant du groupe Monsanto, qui a refusé de venir s'exprimer lors d'une audition au Parlement européen sur les Monsanto Papers, une véritable insulte pour les 500 millions d'Européens de plus en plus attentifs aux questions de santé.
Des secteurs entiers de nos populations ne sont pas ou sont mal protégés, agriculteurs, consommateurs, employés, conclut José Bové.
Joëlle Mélin, du Front National, a relayé, bien entendu, les propos souverainistes de son parti, mais a parfois surpris en exprimant un accord avec ses collègues. Elle est par exemple d'accord avec José Bové pour reconnaître l'insuffisance du budget de l'Europe, dont découlent certaines paralysies. Tout comme elle a voté au Parlement européen avec ses confrères, contre les négociations du TTIP/TAFTA, et pour l'accès aux données bancaires liées au blanchiment d'argent.
Virginie Rozière, du Parti radical de gauche, a regretté qu'une coalition de droite ait affaibli le vote des parlementaires européens sur l'accès aux données bancaires liées au blanchiment, par des amendements ouvrant sur des dérogations à la loi votée.
Elle a également regretté que l’accord sur le CETA ne porte pas une vision de protection des normes européennes face à celles du Canada. Verra-t-on du saumon transgénique sur les étals de nos poissonniers à la fin de l’année ?
Les choix de qualité de vie souhaités par les populations européennes seront-ils sacrifiés à des objectifs purement commerciaux ? Allons nous accepter d’importer des produits de moins bonne qualité, à des normes inférieures à celles que nos producteurs sont obligés de respecter ?
Avant de clore ce compte rendu, impossible de ne pas parler da la question portant sur les migrants et les réfugiés. A ne pas confondre a précisé Virginie Rozière. Avant de préciser : « Ne peut-on accueillir correctement ces populations ? ». Et de répondre. L’égoïsme des Etats membres de l’Europe domine avant toute autre considération.
De cette réunion, animée par le Président de Mouvement Européen France, Yves Bertoncini, on peut tirer comme conclusion que de cette rencontre entre Eurodéputés et citoyens ressort deux choses :
La première, c’est que lorsque les députés viennent rendre compte de leur travail et écouter les questions que les gens se posent et posent, le voile de l’incompréhension et du doute est levé.
Que, tout comme on comprend mieux, en écoutant les trois députés, la logique du travail parlementaire à Bruxelles et à Strasbourg, leurs explications montrent que les échanges dans ces instances amènent à comprendre les autres pays, animés par des psychologies, des cultures différentes et une autre histoire.
Comme l’a dit Yves Bertoncini : « Pour faire l’Europe, on ne peut écouter un seul peuple ». Le débat pluraliste, l’expression de soi et l’écoute de l’autre, est le chemin pour construire une Europe renforcée et solidaire dans un monde multipolaire et souvent dangereux.