En ces temps où certains croient que l’UMP va exploser et que Sarkozy ne reviendra pas, et d’autres que le PS est en décomposition, on voit quelques ours sortir du bois. Présage d’un hiver et d’un printemps un peu rudes.
Pascal Giafferi est l’un d’eux. Il avait disparu du radar du MoDem des Hauts de Seine, depuis une fameuse réunion du Conseil départemental du mouvement, il y a plus d’un an.
Au cours de celle ci, son rôle de Délégué départemental avait été remis en cause par des militants, suite à sa démarche hiératique lors des législatives. Il avait pris fait et cause pour André Santini, entre les deux tours, contre les représentant officiels du Modem qui donnaient aux électeurs leur liberté de choix, comme c’était la consigne au 133bis rue de l’Université.
Personne n’avait été surpris après cela de le voir réapparaître comme membre fondateur de la nouvelle UDI, de J.L. Borloo.
Le voilà qui réapparait dans une interview donnée au journal « Première Heure » dans son édition du 29 novembre.
Je suis, dit-il, « Mandaté par François Bayrou pour mettre en partition l’Alternative Modem-UDI sur le terrain des Hauts de Seine ».
Certains s’en sont étonnés à l’UDI, car ils ne le savaient pas être resté adhérent au Modem.
D’autres au Modem, où sa position à l’UDI laissait supposer qu’il n’était plus membre, la double adhésion n’étant pas autorisée par les statuts.
Les propos qu’il tient sur les problèmes de sa circonscription, Sèvres, suite aux ennuis de santé du maire, François Kosciusko-Morizet, ne regarde que lui.
Mais pour qui connaît le personnage, on imagine qu’il doit connaître une poussée de dents douloureuse, et pas de dents de lait, car il ne cachait pas à ses amis du MoDem, en 2012, que son soutien à Santini visait à obtenir son appui à Sèvres pour les municipales de 2014.
A l’époque on pensait que FKM ne se représenterait pas.
Cette réapparition, comme soi disant homme lige de François Bayrou dans le 92, tient donc soit du miracle, soit du mirage. Miracle de celui qui s’y croit, ou mirage de celui qui y croit encore.
Elle a provoqué bien entendu des demandes d’éclaircissements au sommet du Modem.
Alors que rien n’est joué, question alliances, dans les Hauts de Seine, pour cause d’antagonisme moral (Issy-les-Moulineaux, Levallois, Clichy-la-Garenne, etc.), il n’hésite pas à affirmer que « le partenariat MoDem est élargi à l’UMP qui est un partenaire naturel de l’UDI et des centristes dans les Hauts-de-Seine ».
Et lorsque le journaliste lui fait remarquer que « ça rue dans les brancards », il rétorque que « des dissidents il y en a dans tous les partis ».
Maitrisant mal, comme d’habitude, l’expression d’une pensée boiteuse et la difficulté du double langage, il va même, après avoir annoncé que ne serait pas soutenu P. Kaltenbach à Clamart, « dont les problèmes sont évidents », jusqu’à dire « Je sais que les alto-séquanais comprendront ».
Puis il embraye sur Issy. Et supposant que les alto-séquanais comprendront également, il trouve André Santini fréquentable, malgré sa condamnation par le tribunal de Versailles en début d’année, condamnation dont il a fait appel. Giafferi n’hésite pas à dire que « nous nous rapprochons de lui et nous avons des élus Modem au conseil qui très majoritairement le soutiennent ».
En fait, le conseil d’Issy compte 3 élus Modem. Un des trois a rejoint officiellement l’UDI de Santini. Sur deux élues restantes, l’une semble pour l’instant solidaire du premier, l’autre, Fabienne Gambiez, qui avait porté les couleurs du MoDem lors des dernières législatives est une opposante solide à l’édile sulfureux. Elle est, en effet, avant tout fidèle aux valeurs portées par son mouvement et par elle même depuis 2007.
Vous aurez remarqué que le membre fondateur de l’UDI, P. Giafferi, n’hésite pas à dire : « Nous nous rapprochons de lui » (De Santini, Président de l’UDI 92), laissant croire qu’il parle au nom du Modem.
On ne sait donc plus bien sous quel bonnet il court. Un tour de passe-passe apprécié des amateurs des scènes politiciennes. C’Magic. Mais cela en a fait bondir plus d’un.
Ca ne l’empêche pas de dire ne pas vouloir mettre les pieds dans la piscine à mazout d’Asnières. On ne lui connaissait pas le chausson si sensible !
Et la danse de l’ours hivernal continue : « Je travaille de manière très constructive avec JP Guillet, président de la fédé UMP ». Sans préciser si c’est au nom de l’UDI ou du MoDem. Bonnet bleu ou bonnet orange ?
Puis, enchainant un pas de valse à un temps drolatique, il nous fait le coup « du déçu du PS ». Sans doute pour avoir l’air d’être en symbiose avec Bayrou.
Au final de cette interview à marquer d’une pierre blanche, il dit « décliner dans le 92 la ligne de M. de Sarnez, qu’il n’imagine pas travailler avec l’équipe sortante à Paris ».
Avouant quand même, en riant, qu’on n’en était pas à imaginer Santini, Bayrou et Baguet sur une même tribune.
C’est bien les seules paroles que nous sommes prêts à partager avec lui.
Une réponse du MoDem national est attendue.
C’est benêt pour lui ! Il ne semble pas que ses propos puissent être vraiment entérinés en haut lieu.
Bernard LEON
Délégué départemental du Modem 92.