A Céios, île de la Grèce antique, l’usage voulait que les plus anciens bussent la ciguë afin de laisser aux autres la nourriture nécessaire. Il s’agissait d’une euthanasia par poison dans le sens ancien du terme. Ici, aucune main extérieure n’intervenait pour mettre fin à la vie de la personne.
Dans une revue des témoignages grecs sur les gérontocides de l’Antiquité, Nadine Bernard [1] explicite en 2018 les raisons invoquées en ces temps lointains à l’appui de l’élimination plus ou moins consentie des vieillards devenus indésirables. A partir de 60 ou 70 ans, selon les conditions conjoncturelles, vous deveniez candidat potentiel à quitter ce monde. Ménandre s’adressant à Phanias : « la belle coutume, Phanias, que celle de Céos : qui ne peut vivre bien ne doit pas vivre mal ».
Chez les Troglodytes, selon Diodore, « il n’est de pire mal que d’aimer la vie quand on n’est plus capable d’accomplir des actes qui la rendent digne », « et ils la quittent de bon cœur ». Dans ce même peuple, les anciens devenus trop faibles pour suivre le groupe peuvent bénéficier d’un gérontocide : il est ici question de bienveillance. Ces pratiques se sont perpétuées tout au long de l’Histoire sous des formes variées, nonobstant le serment d’un certain Hippocrate, qui vécut à cheval sur le cinquième et le quatrième siècle avant Jésus-Christ. Il nous dit en substance : « Je ne remettrai à personne du poison, si on m'en demande, ni ne prendrai l'initiative d'une pareille suggestion… » [2]
Nos fidèles lecteurs sont aimablement renvoyés à notre précédente publication sur les motivations des bénéficiaires de l’aide médicale à mourir au Canada en 2022 et des suicidés médicalement assistés en Oregon en 2023 :