Nul doute, la France a basculé d'un point de vue électoral du côté de l'extrême-droite. Elle ne l'est probablement pas d'un point de vue sociologique. Le distinguo est important pour l'Avenir. Le socle frontiste représente 25 à 27% de l'électorat. Il faut ajouter une partie de l'électorat de Droite, en particulier celle rassemblée autour de F.Fillon qui préférera voter Le Pen à tout autre représentant de la Droite ou du Centre y compris bien sûr E.Macron. Ensuite, il ne faut pas ignorer la proportion d' électeurs de J.L. Mélenchon qui honnit tellement les socialistes qu'elle votera au second tour pour Le Pen. L'alliance, apparemment contre nature (union du rouge et du brun) est une réalité politique. L'extrême-gauche supplétive de l'extrême-droite. Ce n'est pas une nouveauté historique. Cet ensemble hétéroclite mais uni dans le rejet d'un système et d'une classe politique qui ont failli sur le plan moral et économique, représente un potentiel électoral aux alentours de 45 % voire un pourcentage supérieur. Un autre ensemble politique peut-il se prévaloir d'un tel score ? Vote contre (Le Pen) plutôt que vote d'adhésion (X), nous connaissons le schéma délétère du second tour à venir. La Démocratie s'en retrouvera une nouvelle fois affaiblie . Nous pouvons douter raisonnablement qu'elle soit en état de se le permettre. A la frustration des uns, le camp des perdants, s'ajoutera la frustration du camp des « mauvais » gagnants, attelage brinquebalant mû par des forces contradictoires. Une certitude: le désenchantement généralisé au lendemain des résultats électoraux.
La classe politique connaît parfaitement les enjeux et les risques pour la Démocratie. Elle n'ignore pas les moyens qui permettraient de la sauver : changer radicalement les mœurs politiques, instaurer une éthique de comportement sans faille, rendre impossible par l' application de lois nouvelles, le renouvellement de scandales que nous connaissons et qui ridiculisent la France, les Français et les décrédibilisent sur le plan international. Il existe des pays exemplaires dans leur pratique politique, l'Allemagne et les pays Nordiques par exemple, où de tels scandales sont inimaginables. Le moindre écart vis à vis de l’Éthique est sanctionné immédiatement par les partis politiques et par les citoyens. Saurons-nous prendre exemple et faire preuve d'humilité ? Question d'Honneur national. Dans ces pays, il n'y a ni débat ni psychodrame. Les citoyens ne remettent en cause ni l'honnêteté de leur classe politique ni la légitimité de leurs institutions. La loi est la même pour tous, quelque soit le rang et le titre. Les élus de la Nation se sentent des responsabilités morales (prégnance d'un protestantisme dominant dans ces pays ?) vis à vis des citoyens. Exigence partagée par tous et condition sine qua non au bon fonctionnement non seulement du champ politique mais de la sphère économique. Tout cela chaque français le sait.
Notre classe politique a majoritairement conscience du délitement du lien social et du discrédit total qui la touche. Mais elle est incapable d'en tirer toutes les conséquences pour elle-même. Tel le chiendent qui sans traitement envahit les sols, les mauvaises habitudes pervertissent les comportements car ceux-ci sont de fait très rarement punis. Entre parenthèse, nous pouvons faire un parallèle avec la conscience que nous avons des catastrophes présentes et à venir dues au réchauffement climatique et notre propre incapacité individuelle à modifier au quotidien nos comportements de (citoyen)-consommateur. L'hyper-consommation destructrice a encore de « beaux jours » devant elle. Et les dérèglements climatiques également. Fin de la parenthèse.
Cette paralysie psychique, cette pathologie morbide, cette attraction pour le vide sont le ressort d'une tragédie annoncée. Intérêts privés exacerbés par un système économique néolibéral sans morale et sans frein, soif de pouvoir/puissance qu'elle soit politique ou économique inextinguible, inégalités sociales et précarité généralisée ne permettant pas de se projeter dans le Futur, tous les ingrédients se trouvent réunis et depuis longtemps, pour en terminer avec une certaine Civilisation. Les Lumières s'éteignent. Les thématiques dominantes telles que l'Immigration (recherche de boucs émissaires pour compenser un mal-être réel) et l'Identité nationale ne sont que les cache-misères d'une classe politique impuissante, les conséquences mortifères d'une globalisation économique dominée par la Finance dévoyée, initiée durant l'ère Thatcher-Reagan et qui s'est traduite au final par l'iniquité dans la répartition des richesses produites. La Politique et L' Économique ayant faillis et moralement et sur la question du mieux-être et de l'Enchantement de l'Avenir, la Religion a pris le relais pour pallier cette désespérance. Elle le fait pour le malheur des Hommes car la dynamique de ses forces extrémistes emporte tout sur son passage. A l'extrémisme religieux correspond donc l'extrémisme politique. Ils se répondent et se renforcent mutuellement. Jusqu'où ? La première étape cruciale aura lieu le 7 mai 2017. Chacun prendra ses responsabilités. Mais il faudra les prendre dès le premier tour en toute conscience politique. Pas de retour possible en arrière. Ni regrets. Ni remords. Finalement, la haine et le nihilisme continueront-ils à prévaloir dans nos sociétés occidentales, et chez nous en particulier ? . Des événements clés jalonnent notre Histoire. Ils ont dessiné notre Présent. Soyons sûrs qu'au de-là de nos destins individuels, nos choix électoraux prochains auront des implications majeures quant à notre Destin national. Pour le pire ou pour l'amorce du meilleur.