Depuis les années 1990 et jusqu'à aujourd'hui, notre République a connu une centaines d'affaires politico-financières . Donc rien de nouveau avec le Pénélopegate et la condamnation de Marine Le Pen pour ses emplois fictifs au Parlement Européen. A noter en passant que cette dernière a profité d'un traitement médiatique « allégé » assez incompréhensible. Les affaires continuent donc et continueront. Les mêmes cris d'orfraie, les mêmes airs scandalisés, la même réprobation presque générale, les mêmes commentaires convenus des uns ( complot politique etc... . ) et des autres ( quelle honte ! tous pourris ! Et patati et patata ...). Et la même jubilation cachée des uns quand le scandale atteint le camp des autres.
Le citoyen, après le premier mouvement de révulsion, retournera vaquer à ses occupations habituelles. S'offusquer cela va bien un temps. Sa faculté d'oubli est remarquable . La succession de scandales a formaté son cerveau de telle sorte qu'un réflexe s'est installé : je condamne et puis...rien. Je passe à autre chose. La Justice agit avec célérité ou non selon que le Parquet bloque ou pas, quelques rares condamnations de sous-fifres, ces fusibles qui évitent la propagation de l'incendie dans le système. Ainsi va la vie politique.
La presse internationale, habituée à nos particularismes locaux, se gausse de la France. Le scandale politico-financier fait partie de nos traditions comme le steak-frites ou le jambon-beurre. En 2015, la France « brillait » par son classement concernant la corruption, au 23ème rang selon Transparency International. Loin derrière les pays nordiques, des Pays-Bas, de l'Allemagne et du Royaume-Uni. Après chaque scandale, une loi pour montrer que l’État agit. Constat : ces lois demeurent des passoires.
Nous savons tout ça. Nous nous en accommodons. Qu'en conclure sinon que nous méritons notre classe politique. Que s'en plaindre est pure hypocrisie. Où sont les manifestations, les places publiques occupées pour dire : « ça suffit ! ». Où est la mobilisation des réseaux sociaux pour lutter contre cette gangrène, ces mœurs de République bannanière. Des centaines de milliers de roumains manifestent contre leur gouvernement qui voulait assouplir la législation anti-corruption. En France, rien....
Fillon et Le Pen vont continuer leur campagne électorale. Il y aura bien quelques manifestants, quelques pancartes qui feront le bonheur des télévisions. Mais rien ne les empêchera de se balader sur les marchés, de visiter des usines et des entreprises high tech pour faire moderne, de rencontrer des paysans pour faire France profonde, de serrer les mains de quelques citoyens triés sur le volet, de se pavaner sur les estrades applaudis par des foules en liesse. Les sympathisants de droite et d'extrême-droite, fanatiques de l'ordre, de leur ordre, se fichent de la morale. Ils sont prêts à défendre le délinquant, le corrompu pourvu que celui-ci appartienne à leur clan. Et les autres ?
La -qualité- de notre classe politique (pas l'ensemble, une minorité, la plus voyante ), son sentiment d'appartenir à une élite hors-sol, sa certitude que les petits arrangements avec la morale publique sont légitimes , que l'éthique de comportement sont des foutaises, telles sont les conséquences de notre mollesse citoyenne, de notre affaiblissement moral. A leur manque de Vertu correspond notre acceptation coupable. En réalité, nous préférons Danton le corrompu à Robespierre l'incorruptible.