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Billet de blog 8 décembre 2017

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La fièvre Johnny, illustration d'une Société à la dérive

6 décembre 2017, la nouvelle tombe, Johnny est mort. Stupeur et tremblement, le déferlement médiatique commence et ensevelit tout sur son passage.

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6 décembre 2017, la nouvelle tombe, Johnny est mort. Stupeur et tremblement, le déferlement médiatique commence et ensevelit tout sur son passage. Raz de marée, tsunami, une attaque des petits hommes verts sur Paris n'aurait pas occasionné plus de réactions. Chacun est sommé de s'agenouiller et de pleurer l'idole. Tous les moyens, audio, TV, Internet,  réseaux sociaux, Presse sont mis à contribution  sans discontinuer depuis la date fatale. Ce n'est que pleurs et gémissements. Se succèdent les interventions de tout ce qui "compte" dans l' espace médiatique, journalistes, politiques, vedettes du show biz, sportifs,  experts en  musicologie et j'en passe, sans oublier "l'homme de la rue" mis à contribution, chacun y allant de son hommage, les sanglots dans la voix. Amour et consensus, unité et communion, la France est en deuil, le crêpe noir est de mise. Deuil national ! Et le 9 décembre, descente des Champs- Elysées du héros, comme Victor Hugo en 1885, sous l'oeil embué du Président de la République , l'autre œil lorgnant lui sur sa cote de popularité, quelques points en plus, c'est bon à prendre Brigitte ma chérie ! La tribune réservée aux célébrités sera pleine à craquer. Il faudra en être. Quant à la foule des inconnus, elle devra effectivement profiter de l'occasion  pour approcher le cercueil car ensuite, ce n'est pas le Panthéon mais Saint-Barth comme on dit dans les milieux chics. Aucun métro, pas de bus ni de train directs. Prévoir des voyages collectifs pour diminuer les frais. Le recueillement à prix d'or. Il est vrai que l' Hexagone, Johnny hors les concerts et les périodes de promotion, il ne fréquentait pas trop. Plutôt Los Angeles, Staadt  et Saint-Barth donc.

Est-il autorisé en ces jours de fièvre collective de dire et d'écrire que Johnny peut laisser indifférent, pas de vinyles, pas de CD achetés, aucun concert, aucune émission spéciale TV Johnny regardée ?  Affaire de goût. Autorisée ? Une carrière qui a duré 50 ans est sans conteste la marque d'un artiste d'exception aux talents divers ( record battu par Aznavour sur les planches depuis 70 ans !). Oui de tels artistes du show biz se comptent sur les doigts d'une main. Mais est-ce suffisant pour se prosterner ? Et rappeler que le citoyen Johnny n'était pas à la hauteur de la vedette Johnny avec ses montages d'optimisation fiscale illégaux pour échapper à l'impôt, autorisé ?

Les sociologues, les psychiatres se pencheront sur le phénomène de Société que la France connaît aujourd'hui. Ils nous diront ce que signifie ce comportement de masse, cet emballement irrépressible excités par des médias moutonniers dopés au sensationnel, au macabre, à tout ce qui peut susciter des sentiments de compassion passagère fictive, à tout ce qui peut exacerber le goût pour le morbide et le scandale. Dans le cas présent, le citoyen est sommé de participer à un consensus national: l'admiration sans limite pour un homme élevé dès l'annonce de son décès au statut de dieu intouchable. Tout parole critique serait un blasphème, toute remise en cause si minime soit-elle, un sacrilège. La Société du spectacle (G.Debord) est devenue la Société tout court.

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