Les données sont tirées du mensuel Alternatives Economiques ( numéro de mars 2018 ). En premier lieu, "le poids des rémunérations du secteur public dans le PIB est d'une stabilité remarquable depuis 40 ans". La part des hôpitaux publics est stable, celle de l'Etat central baisse significativement, et augmente parallèlement celle des collectivités locales. Le nombre d'emplois dans les administrations publiques est de 88,5 pour 1 000 habitants. Quelques pays en comparaison : Allemagne: 55,7, Espagne: 60,7; Pays Bas: 66,7; Etats Unis: 68,4 ; Royaume Uni: 79,4; Canada: 100,4; Suède: 138,7; Danemark: 143,5; Norvège: 158,8. La France est au 14 ème rang sur les 19 pays comparés (chiffres de 2015). Mais si l'on prend le secteur administré au sens large, "c'est à dire en considérant les secteurs d'activité dont les ressources proviennent de fonds publics " , le classement est tout autre, 8 ème rang sur 19. Soit 122,8 emplois dans les services administrés pour 1 000 habitants. Italie: 76,3; Espagne: 85,9 ; Royaume Uni: 121,4; Allemagne: 128,1; Etats Unis: 133; Pays Bas: 141; Danemark: 155,9; Suède: 158,2. Il faut noter un fait remarquable, celui de la sous-traitance. Elle est très faible en France et se traduit par un ratio entre les consommations intermédiaires et les rémunérations dans le secteur public en % comme suit : Belgique: 33; au 2ème rang la France: 40; les autres pays sont au-dessus dont la Norvège: 45; Espagne: 48; Italie: 56; Allemagne: 61; Suède: 65; Pays Bas: 70; Royaume Uni: 94.
Prenons l'exemple de l'Education nationale et le nombre d'emplois sur financement public (chiffres de 2014) pour 100 élèves ou étudiants. La France présente l'un des plus faibles ratios : 10,9. Seuls le Japon : 6,4 ; l' Espagne: 10 et les Pays Bas : 10,7 font "pires". L'Italie est à 11,9, le Royaume Uni :12,4; l'Allemagne: 13; les Etats unis: 12,8; Norvège: 15,2; Suède: 18,7. La comparaison porte sur 16 pays.
Notre "cher" gouvernement sous la haute autorité néolibérale de son Jupiter veut encore accroître le nombre de non-statutaires et le porter à 20% du total de l'emploi de la fonction publique. Or les chiffres de l'INSEE "montrent que le nombre des contractuels et des personnels non statutaires est d'ores et déjà plus important ". Sur les 5,3 millions d'employés du service public en 2015, on dénombrait 1,5 millions de personnes non statutaires, soit 28 % du total. Plus précisément, au niveau de l'Etat ( fonctionnaires et militaires ), 634 600 sur 1 542 400; pour les Collectivités territoriales, 511 900 sur 1 472 300 ; pour les hôpitaux, 350 200 sur 836 400.
Dernier point, la rémunération (notée en dollars) des employés du service public mesurée en parité de pouvoir d'achat pour corriger les niveaux de prix se situe dans la moyenne des pays développés. Et "significativement inférieure ( 58 000 € ) à celle des fonctionnaires allemands ( 63 917 ), italiens (64 980 ), belges ( 73 089 ), américains ( 80 407 ).
Le discours sur le coût - démesuré - de la fonction publique en France est un discours purement idéologique, simplificateur et trompeur. Les néolibéraux aux commandes de l'économie mondiale depuis la fin des années 70 nous servent toujours la même antienne. L'objectif est de transférer le plus de missions du service public vers le privé. Privatisation, dérégulation, libéralisation des marchés, tout est bon pour limiter le pouvoir décisionnel des Etats et leur autonomie. La guerre menée contre l'emploi public par ces saboteurs de la justice sociale se double de discours scandaleux qui cherche à opposer les cheminots aux agriculteurs, les fonctionnaires aux salariés du privé, les retraités aux actifs, les chômeurs à ceux qui ont un emploi, les salariés en CDI aux salariés précaires (CDD, temps partiel, intérimaires, auto entrepreneurs ). Diviser pour mieux régner et surtout faire passer des mesures régressives. Lorsqu'on entend le mot - réforme - dans la bouche d'un néolibéral il faut entendre - régression -.