La leçon est oubliée. Les faits politiques et économiques nous entraînent fascinés vers le néant redouté mais semble-t-il désiré.
Les sociétés règlent leurs conflits par la négociation ou par la confrontation. Nous voyons bien aujourd'hui la tendance qui domine. Protectionnisme, nationalisme et populisme, toutes les formes concrètes qui traduisent la peur et le rejet de l'autre. Cet autre est un ennemi qu'il faudra abattre pour se sauver de la débâcle. Les peuples ressentent ce besoin. Leur demande de plus de sécurité, justifiée ou non, les États s'empressent de la satisfaire puisqu'ils ne peuvent résoudre les problèmes essentiels (chômage de masse, précarité, inégalités sociales, exclusion). Aujourd'hui sous le prétexte du terrorisme et de l'immigration politique et économique, demain sous le prétexte des migrations dues au réchauffement climatique. Lutter contre l'insécurité physique en lieu et place de la lutte contre l'insécurité sociale. Voilà la solution dérisoire.
Poutine, Trump, Le Pen, Erdogan, Orban, Kaczynski, Duterte et autres dictateurs régnant sur des États moins « visibles » sur la scène internationale, mènent le tempo. Les ventes d'armes continuent de battre des records d'année en année, et la France, dans ce mouvement global, s'enorgueillit des ses succès sur le marché des pays arabes.
Tendance politique forte mais également constat d'un capitalisme qui se comporte comme un canard à qui on a coupé la tête et qui continue quelques secondes encore à courir. De crise financière en crise financière, sans projet, sans morale et sans contrôle, le capitalisme est devenu une arme de destruction massive. Nous savons comment le capitalisme règle les problèmes insurmontables qu'il crée lui-même du fait de sa nature même. L'accumulation du capital ne peut être un mouvement continu, sans interruption. Le rentier est gavé mais en redemande. Il y a des ruptures. Nous sommes arrivés à ce moment historique.
Le grand projet salvateur qui pourrait être partagé par toute la communauté des Femmes et des Hommes, la transition écologique et énergétique rencontre l'opposition idéologique et intéressée de lobbies puissants et corrupteurs et l'inconscience de dirigeants politiques. Trump remet en cause les quelques avancées de l'ère Obama et la Russie ne survit que grâce à l'exploitation du gaz naturel, du charbon et du pétrole. La Chine et ses près de 1,4 milliard d'habitants pourra-telle transformer son économie énergivore en une économie sans rejet de CO2 d'ici 2050 ? L'Inde, plus d'1,2 milliard d'habitants est- elle capable de mener en parallèle développement économique pour répondre à la demande légitime de sa population et réduction de sa consommation énergétique ? Même question pour l'Indonésie et l'Afrique. Hors Afrique, ces pays comptent pour près de 50% de la population mondiale...Quant à l'Europe, constatons son état comateux actuel. Aucune politique commune proposée pour faire face au défi du réchauffement climatique.
Plus généralement, les technologies qui permettent de combattre efficacement le réchauffement climatique et de le contenir à un niveau compatible avec la vie peuvent-elles mises en place partout dans le Monde afin qu'au plus tard en 2050, les émissions de gaz à effet de serre à l'origine du réchauffement soient égale à 0 ?. Il reste 33 ans. Comme repère, il y a 33 ans, Mitterrand était au pouvoir depuis 3 ans. Nous savons pour la France (voir rapport parmi d'autres de l'association Négawatt) qu'il reste 5 à 6 ans pour engager le processus de transition énergétique. Après, nous ne serons plus au rendez-vous en 2050 avec l' objectif permettant de limiter le réchauffement climatique à 2 degrés en 2100 par rapport à l'ère préindustrielle. Du moins dans des conditions supportables pour la Société. La tendance globale aujourd'hui est à plus de 4 degrés. La France est déjà en retard sur ses prévisions pour 2025, concernant la part des énergies renouvelables dans le total des énergies produites.
Nous avons à notre petite échelle, moins de 67 millions d'habitants, des difficultés à mettre en place les politiques adéquates du fait en particulier de la médiocrité de la classe politique française et du poids des lobbies des producteurs d'énergie fossile. N'oublions pas le lobby nucléaire et une CGT Énergie aveugle qui tire contre son propre camp. Ils nous promettent la vie en vert mais oublient l'apocalypse possible (probable ? risque faible mais dégâts infinis irréparables) et les déchets nucléaires planqués sous le tapis. Comment imaginer que l'ensemble des pays (oublions la COP 21 et ses bonnes résolutions de décembre 2015) puissent effectivement mettre en place les politiques vertueuses nécessaires à la survie de l'Humanité ? Qui ferait ce pari ? Quelle est la probabilité pour que le processus s'enclenche significativement aujourd'hui, partout mais surtout dans les pays qui ont la plus forte empreinte négative sur l'environnement. Autre question : la mondialisation des échanges sous sa forme actuelle avec les moyens de transports actuels est-elle compatible avec la lutte contre le réchauffement climatique ? A l'évidence non. La mondialisation sauce néolibérale est-elle compatible avec une répartition équitable des richesses produites, répartition qui doit aller de pair avec la lutte contre le réchauffement climatique, à l'évidence non.
Toutes ces contradictions, ces tensions, ces défis sont des réalités. Le capitalisme a sa solution : la fuite en avant et lorsque celle-ci s'avérera impossible à poursuivre (prochainement), la guerre pour recommencer à zéro. Le réchauffement climatique ne sera plus le problème. Une dictature mondialisée sera en place pour résoudre les conflits et anéantir les consciences.
Les solutions existent, les rapports, documents, expertises sont nombreux et convergents dans leurs conclusions. La volonté politique manque, nos comportements individuels dans la société d’hyper- consommation qui permettent le fonctionnement du système économique, changent à la marge. Tout cela nous le savons. Mais les technologies sont là et se perfectionnent. La course contre la montre est engagée. Capitalisme financier criminel et débridé, attrait morbide des sociétés pour leur propre destruction, inconscience et paresse, procrastination. En face, la bonne volonté, la convivialité et l'empathie, l'amour de la vie, l'utopie humaniste, le goût du partage, l'éthique dans l'action, la Culture et des idées lumineuses qui sont les lumières du Monde.
Le barbare contre le civilisé. Je se sentira t-il comme l'Autre et fera la paix en l'accueillant ?
Il ne faut plus que le dérisoire prime sur l'essentiel : le chemin vers la « bonne » vie pour tous. Il faut en terminer avec l'idéologie punitive d'aujourd'hui, la souffrance comme seul chemin vers un monde meilleur (promesse du judéo-christianisme qui serait tenue dans un monde qui n'est pas le nôtre), le sang et les larmes pour la majorité des Femmes et des Hommes. A la violence du capitalisme financier qui détient le pouvoir doit répondre l'intransigeance lucide du Citoyen libre.
Ou alors, ce sera bien la guerre. Totale. Ultime.
Que disent nos politiques aujourd'hui ? Que font-ils ?