Un bras de fer avec Angela Merkel, pourquoi pas ? Installé dans le siège présidentiel, Jean Luc Mélenchon veut donc transformer les règles de fonctionnement de l'UE. Il a raison. Plus de démocratie, plus de transparence dans les prises de décision, une volonté politique qui s'affirme pour le bien commun. Les chantiers sont nombreux: harmonisation fiscale et sociale, plan massif d'investissements dans les énergies renouvelables et l'isolation des bâtiments, etc....Par où commencer le bras de fer ? une négociation pour la refondation des traités européens . Quel est le contenu détaillé de cette négociation ? Là est l'essentiel . Le possible ou l'impossible. Plan A, en cas d'accord, le résultat des négociations sera soumis à un référendum qui décidera du maintien de la France ou non dans l'UE. En cas d'échec, mise en place du plan B : sortie des traités européens, fin de la participation de la France au budget européen, réquisition de la Banque de France, mise en place du contrôle des capitaux et des marchandises. J.L.Mélenchon proposerait d'autres formes de coopération aux pays intéressés avec la mise en place d'une monnaie commune (l'ECU) pour les échanges et d'un euro-franc pour le marché intérieur. On retrouve pour l'essentiel le projet de Le Pen hormis la sortie directe de l'euro. J.L.Mélenchon compte sur le poids de la France, 2ème puissance européenne pour faire plier l'Allemagne et les pays du Nord. Est-ce suffisant ? Les conditions exigées seront-elles acceptables par les allemands (rappel: élections fédérales fin septembre 2017) ? Et si la menace ne fonctionne pas ? Supposons qu' Angela Merkel voit dans cette occasion, la France sort, la possibilité du retour au mark. L'économie allemande est florissante (malgré les presque 20% de personnes pauvres, les petits boulots, le recours au travail partiel massif...), les exportations battent record sur record grâce à une compétitivité hors-coût. Quant à la banque centrale allemande et au ministre de l'économie W.Schäuble, ils seront trop contents de ne plus avoir à faire face aux demandes de mutualisation de la dette des Etats et à la politique menée par la Banque Centrale européenne. Celle de l'assouplissement quantitatif qui permet d'actionner la planche à billets pour faire baisser les taux longs. Dans ce contexte, la fin de l'Euro et l'éclatement de l'UE sont-ils des arguments suffisants pour faire plier l'Allemagne ? Le poker menteur est-il le jeu qui permettra à la France de remporter la mise ? La question mérite d'être posée. Ensuite, quelle sera la durée des négociations avec les autres Etats : 2, 3, 4 ans ? On ne sait. Flottement assuré mais des certitudes: inflation galopante avec la nouvelle monnaie, hausse des taux d'intérêts car les spéculateurs exigeront des taux élevés pour leur prise de risque . Inflation donc baisse du pouvoir d'achat pour les travailleurs et les retraités ; dévaluation, renchérissement des importations par exemple pour les produits énergétiques . Tout le monde connaît la spirale qui s'enclenche. Au final, mêmes résultats qu'avec la proposition de sortie faite par Le Pen. Mais on peut se dire "après nous le déluge", "bien fait pour les allemands", "ça vaut le coup d'esssayer", "ça ira mieux après" (après quand ? moi j'ai la soixantaine avancée, je ne voudrais pas attendre trop longtemps, mes enfants et petits enfants non plus mais pour d'autres raisons que leur âge).
JL.Mélenchon propose également la sortie de l'OTAN. Là encore pourquoi pas ? Il faut simplement préciser que sans cette aide militaire, la France aura nécessairement l'obligation d'augmenter nettement le budget de la Défense pour maintenir sa sécurité. Ou bien de supprimer les opérations extérieures. Voire les deux.
2 acteurs et non des moindres se feront un plaisir de participer au débat européen, ou plutôt à la désagrégation de l'UE. Trump et Poutine. Chacun avec sa stratégie. Pour l'un, "rendre à l'Amérique sa grandeur" par le business. Protectionisme et agressivité commerciale à l'extérieur en cherchant des accords bilatéraux. Trump va mettre en place une politique fiscale très avantageuse pour les entreprises et fera des USA un immense paradis fiscal. Pour Poutine, une obsession: refonder la Grande Russie "impériale" par la menace armée, le chantage politique, la destabilisation des anciens pays de l'Est. Peu importe les moyens. Trump utilisera l'OTAN (baisse de la participation financière des américains) et la sortie de la France de ce même organisme de Défense européenne pour faire pression sur les pays de l'ex-URSS afin obtenir des marchés lucratifs pour les entreprises américaines aux dépens des entreprises européennes. Pays baltes et Pologne en particulier accepteront tout pour rester sous protection de l'OTAN donc des américains. Et pour quoi pas un deal, Trump-Poutine, aux dépens de l'Ukraine ? Dans un premier temps. Le jeu de dominos est enclenché.
Ajoutons à ce tableau géopolitique, l'activisme des mouvements ultranationalistes, populistes et xénophobes en Europe et leur influence dans les politiques menées dans certains pays européens. Une partie des peuples suit ou est prête à suivre ces mouvements.
Désintégration de l'UE avec la sortie de la France, fin de l'euro, Poutine et Trump, nationalismes, ajoutons un zest d' Erdogan, le retour annoncé des djihadistes dans nos contrées lorsque le califat de Daesh sera en ruines. Incertitudes, confusion. Tout cela demande réflexion. Approfondie. Elle commence avec ce que nous proposerons à nos partenaires européens pour améliorer le fonctionnement et les objectfs de l'Europe. L'intransigeance est le chemin assuré vers le chaos. Vraiment excessif ?