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Billet de blog 17 septembre 2013

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Conférence environnementale des 20 et 21 septembre

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Conférence environnementale des 20 et 21 septembre

 Pendant 30 ans, la France a cru que l’endettement systématique de l’Etat trouverait toujours une solution. Elle avait tort. Aujourd’hui, il faut rembourser, ce qui nous demande un effort considérable. La leçon à retenir est la suivante : on ne peut dépenser plus que l’on gagne, car un jour ou l’autre, on se fait rattraper par la réalité. Nul n’échappe à cette règle.

Cette leçon est-elle retenue ? Non.

Nous nous conduisons avec le même aveuglement au sujet de  l’environnement, sachant que les conséquences à terme seront infiniment plus graves et plus lourdes que celles résultant des déficits budgétaires accumulés.

Par exemple,  le 20 août 2013, nous, les « Terriens », avions consommé l’intégralité des ressources que l’écosystème est capable de produire et absorber en un an. (Voir le rapport de l'organisation non gouvernementale Global Footprint Network (GFN), qui calcule chaque année ce "jour triste et solennel"). A partir de ce « jour du dépassement », et jusqu’au 31 décembre, nous allons donc creuser notre « dette écologique».

Les principaux responsables de cette situation seraient le rejet massif de CO2 et la surexploitation des milieux naturels (l’exemple de la sur pêche sur la planète est l’un des exemples emblématiques de cette situation).

 APPLIQUER A L’ENVIRONNEMENT LA REGLE DE L’EQUILIBRE BUDGETAIRE.

Qui va rembourser cette dette, et quand ? N’en doutons pas, la réalité nous rattrapera un jour. Pour éviter une catastrophe annoncée, la sagesse serait d’appliquer à l’environnement la règle de l’équilibre budgétaire. L’économiste Herman Daly à montré il y a quelques années comment traduire concrètement ce principe. Selon lui, pour être matériellement et énergétiquement soutenables, les flux économiques doivent répondre à trois conditions : 

-  Le rythme de l’épuisement des ressources non renouvelables ne doit pas excéder celui de la création de ressources alternatives,

-  Le rythme de l’exploitation des ressources renouvelables ne doit pas dépasser celui de leur régénération,

-  La quantité de déchets produite ne doit pas excéder la capacité de les assimiler.

 Concrètement, que peut-on faire ?

 1 – Vendredi prochain lors de la conférence sur l’environnement, la France devrait fortement médiatiser la nécessité impérieuse de parvenir à cet équilibre environnemental, imaginer une date butoir (dans 30 ans, 50 ans, 80 ans ?) et demander ensuite une négociation internationale pour acter cet objectif. Comme le disait Sénèque, « il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va ». Dans ce domaine, l’humanité ne sait pas où elle va.

 2 – Toujours Vendredi prochain, la France devrait définir une politique de transition écologique et énergétique ambitieuse et volontariste. Cette politique est une politique d’avenir, au surplus créatrice d’emplois. Elle redonne à l’Homme la place qu’il n’aurait jamais dû perdre. Elle doit devenir une politique européenne.

 IL FAUT PASSER D’UNE CULTURE DU PIB A UNE CULTURE DU TABLEAU DE BORD

 3 – Avant le 31 décembre 2013, tirer les conséquences de ces deux actions, en décidant d’une troisième action, dont le coût a été chiffré à … zéro euro !  

 Il s’agit d’acter pour la nème fois que le PIB est un indicateur totalement insuffisant pour piloter la France et l’Europe, ce que tout le monde sait parfaitement. Il faut donc passer d’une culture du PIB à une culture du tableau de bord, dans lequel le PIB aura toute sa place, mais pas l’unique  place. Pour cela, il faut cesser de séparer soigneusement le PIB de tous les autres indicateurs. Cette séparation totalement artificielle de l’activité humaine et des conditions dans lesquelles elle s’exerce conduit tout naturellement à mettre l’accent sur la finance et la croissance et à reléguer à un rang secondaire toutes les questions concernant l’Environnement et le Social. Ce n’est pas raisonnable, et c’est un frein très puissant au changement.

 LA FRANCE DE 2025 SERA-T-ELLE ENTHOUSIASMANTE ?

 Le 20 août dernier, le Premier ministre a confié au Commissariat général à la stratégie et à la prospective la rédaction d’un projet dénommé : Quelle France en 2025  ? Echéance : décembre 2013.

 Qui peut imaginer que cette France de 2025 va provoquer l’enthousiasme si, en 2013, on n’enclenche pas des réformes profondes dans le domaine de la transition écologique et énergétique, si l’on n’investit pas sur l’avenir, si l’on gère l’environnement comme on a géré les budgets pendant 30 ans, et si l’on conserve le PIB comme instrument quasi unique de pilotage de la France ?

 Et qu’on ne s’y trompe pas : derrière tout ce qui précède, se jouent l’enjeu du développement durable et celui de la pauvreté.

 Bertrand de Kermel

Président du Comité

Pauvreté et Politique

www.pauvrete-politique.com

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