Monsieur le Président, croyez-vous honorer
Un journal insolent comme Charlie Hebdo,
Qui vomit l’uniforme et bouffe du curé,
Au cri d’« Union sacrée ! », en bombant les abdos ?
Monsieur le Président, croyez-vous qu’inviter
Votre peuple à se joindre à tous ces dirigeants
Pour qui les peuples sont juste bons à voter,
Rendra tout son crédit à l’État indigent ?
Monsieur le Président, ne voyez-vous donc pas
Que l’unanimité, sur un monceau de ruines,
C’est exiger des gueux qu'ils remarchent au pas,
Du peuple qui s’éteint qu'il ait meilleure mine ?
Monsieur le Président, ne voyez-vous donc pas
Que votre appel au peuple attire les tartuffes
Qui disent le servir et s’en font un repas,
Qu’il faut qu’on soit des porcs pour qu’ils dînent de truffes ?
Monsieur le Président, posez-vous la question :
Existe-t-il encore un peuple seulement ?
S’il suffit d’un décret pour fonder la nation,
C’est que cette nation n’a plus de fondement.
Monsieur le Président, posez-vous la question :
L’amalgame des pleurs est-il assez puissant
Pour dissoudre les murs qu’a dressés l’inaction ?
La guerre où nous courons ira les renforçant.
Monsieur le Président, si vous voulez vraiment
Témoigner du respect à nos as de la plume,
Ne les associez pas à tous vos manquements.
C’est assez qu’une fois des salauds les allument.