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Billet de blog 16 janv. 2023

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« Guerre de haute intensité » : frais logo d’une idée pourrie – Partie II/II

Nos élites politico-militaires, enfermées dans des logiques de domination aux effets pourtant désastreux, promeuvent une maximisation de la guerre et une course aux armements aussi alarmantes qu’écocidaires – suite.

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Ceci est la 2nde partie d'un papier sur la notion de « guerre de haute intensité », telle qu'envisagée par l'appareil politico-militaire français. Vision issue d'un rapport d’information parlementaire du 17 février 2022 dont la plupart des citations suivantes sont extraites, sauf précisions contraires.

Vous pouvez trouver la 1ère partie ici ou . Merci et bonne lecture.

Esprit sacrificiel & folie de grandeur

D’après un expert des relations internationales entendu par les rapporteurs, « il est déjà difficile de convaincre l’opinion française de l’importance de nos enjeux de sécurité au Sahel et les convaincre de l’utilité d’engager les forces armées dans un conflit de haute intensité pourrait bien être plus difficile encore ». Les parlementaires, l’exécutif et l’écrasante majorité des intervenants médiatiques, se donnent donc pour mission d’aider l’opinion à dépasser ce que le médecin-colonel Zeller, cité dans le rapport, nomme « l’indifférence positive » (Corps et âme, 2021).

En France, l’armée est une des institutions publiques les plus populaires, loin devant la police, la justice ou l’école. D’ailleurs les parlementaires louent « la confiance [de la population] sans cesse renouvelée dans l'outil militaire ». Mais en dehors de l’opération Sentinelle et du défilé du 14 juillet, les Français.es sont rarement au contact de leur armée. Si les lancements d’opérations extérieures (OPEX) font la une, leurs déroulés intéressent moins. Les missions sont diverses, complexes, difficiles à mettre en images et en mots simples. Combien de Français.es savent combien de troupes déployées compte actuellement leur nation ? Et dans combien de pays ? Les poignants hommages nationaux aux Invalides masquent mal le fait que la vie quotidienne est – relativement – peu impactée par ce que font les forces armées à l'étranger. Résultat : l’« indifférence positive ».

Mais pour l’état-major, la guerre future « posera immanquablement la question politique d’engager tout ou partie des ressources de la Nation en fonction de l’intensité et de la durée du conflit ». Une question qui pourrait être ''vite mal répondue'' si la population demeurait positivement indifférente. La solution prônée : « la diffusion de l’esprit de défense [qui] doit permettre de renforcer [l’] adhésion qui sera la base de l’engagement de demain ». Un officier de l’EMA explique : « ce qu’il s’agit d’inculquer, avec la notion de haute intensité, c’est un changement de culture, une sensibilisation qui doit s’étendre aux entreprises civiles et aux décideurs ».

D'après l'ancien haut fonctionnaire au ministère des armées, Pierre Conesa, la « dénonciation du défaitisme et du désarmement moral » est « une antienne [militaire] », particulièrement à l'occasion des arbitrages budgétaires. Le remède prescrit est tout aussi éculé. Se réarmer moralement autant que matériellement pour affronter la guerre à venir. Avec la notion de haute intensité et son corollaire, la diffusion de « l'esprit de défense », l’état-major paraphrase un maréchal sinistrement célèbre et invite à être plus ''esprit de sacrifice'' qu' ''esprit de jouissance''. Le jeu en vaudra bien la chandelle.

Quelle chandelle ? « Que la France tienne son rang », d'après nos parlementaires. Quel rang ? Celui d'une « puissance d’équilibre, soucieuse de conserver son [statut] de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU ». La hantise de notre appareil politico-militaire est le « risque de déclassement stratégique », la perte de puissance et de stature. On est loin de la notion de ''survie'' ou de ''sauvegarde des intérêts supérieurs de la Nation'', souvent énoncés comme buts de guerre.

La puissance est une réalité intersubjective – elle existe dans l'esprit de ceux qui la pensent et de ceux qui la perçoivent comme telle. La puissance française est affaire de crédulité, interne et externe. Nombre d'acteurs mondiaux modèrent, contestent ou challengent la puissance des Etats. Des institutions internationales – ONU, OMC, FMI – aux groupes séparatistes, multinationales, ONG, organisations terroristes, etc. D'après le géopolitologue Bertrand Badie, la mondialisation a tant interconnecté les sociétés entre elles que l'on assiste désormais à l' « impuissance de la puissance ». Les échecs otanien en Afghanistan, français au Mali ou saoudien au Yémen, illustrent que la plus grande force militaire n'impose pas systématiquement sa volonté à l'adversaire.

C'est du Clausewitz appliqué. Le politique devance le militaire. Dans un livre épais et pointu sur la victoire à travers l'histoire, le journaliste Gaïdz Minassian écrit : « Moins la nature d'un conflit est rigoureusement présentée, moins la menace est clairement déterminée, plus la notion de victoire sera éparpillée et soumise à toute forme d'appréciations contradictoires ». A l'inverse, plus le but politique poursuivi est clair, bien défini et réaliste, meilleures sont les chances de gagner une guerre, de mener à bien une opération, d'avoir une stratégie intelligible et cohérente. Un projet guerrier flou – combattre le terrorisme, défendre ''nos valeurs'', conserver son rang – c'est l'échec au rendez-vous.

Pour mesurer l'absurdité actuelle, retrouvons Orwell : « Tant que les guerres pouvaient se gagner ou se perdre (au sens de menacer les structures socio-économiques des belligérants), aucune classe dirigeante ne pouvait être entièrement irresponsable ». Aujourd’hui les tenants « d’une puissance d’équilibre préservant son rang » peuvent brûler des milliards d’euros et détruire des milliers de vies humaines en ineptes interventions extérieures – Afghanistan, Libye, Mali – pour un résultat piteusement proche du néant, sans conséquence aucune. Mieux, afin de mener un « affrontement d’un genre nouveau », cette élite dirigeante requiert désormais des moyens et des sacrifices supplémentaires.

Onéreuse et aventureuse intensité

En 1792, le révolutionnaire Danton déclarait que pour sauver la France face à l'Europe coalisée, il fallait « de l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace ». Sans abandonner ce volontarisme grandiloquent, nos élites politico-militaires entendent faire savoir que, comme Louis XII en 1499 face à Milan, ce dont ils ont vraiment besoin pour la guerre de haute intensité, c'est « de l'argent, encore de l'argent, toujours de l'argent ».

La loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 prévoyait une augmentation annuelle du budget des armées de presque 5%. Un taux poussé à +7% en 2023. Depuis 2017, les crédits militaires – hors pensions – ont bondi de 36%, un record en temps de paix. Le but affiché était d'atteindre la barre symbolique de l'OTAN des 2% du PIB consacrés à la ''Défense''. Or le rapport parlementaire prévient : « une fois consentis les investissements simplement nécessaires pour maintenir notre modèle [d'armée] à son niveau actuel, en évitant son déclassement [vade retro !], bien d’autres mesures seront nécessaires pour l’amener au niveau requis par la haute intensité ».

Auditionné par la commission de défense, Nicolas Chamussy, PDG de Nexter – groupe industriel français de l'armement – directement concerné et intéressé par les commandes de matériel militaire, a déclaré qu'il fallait « planifier la remontée en puissance [des armées] et le passage à une économie de guerre ». Ce qui requerra « du personnel (qualifié, formé), des machines, des matières premières, des espaces ». Il faudrait aussi prévoir la « réversibilité de chaînes duales ou export [chaînes d'approvisionnement et/ou de montage, à usage civil ou militaire selon la circonstance] ». En clair, il s'agit de basculer en « économie de guerre ».

Planifier la guerre de haute intensité implique de dépasser le modèle d'armée actuel, qualifié d' « échantillonaire » par nos députés. Finie la force d'intervention, rapide, réactive et modulable, place à la « masse », à « l'épaisseur », à la « résilience ». Pour augmenter le nombre d'avions, de bateaux, de robots disponibles et constituer des « stocks ciblés » – munitions, matériels – les députés préconisent un « effort supplémentaires compris entre 20 et 30 milliards pour la prochaine LPM » et un budget militaire de 50 milliards dès 2025 (2.5% du PIB). A titre d'avant-goût, le porte-avions de nouvelle génération (PANG), voulu par le président Macron, est estimé à 5 milliards, plus 200 millions par an pour son fonctionnement. S'équiper massivement et qualitativement est devenu une marotte ruineuse et tape-à-l’œil que le rapport nomme plus pudiquement « la tyrannie des beaux objets ».

« Beaux objets » dont l'obsolescence, à défaut d'être programmée, est inhérente à toute technologie militaire. L'historien Michael Neiberg rappelle que « la simple possession d'une technologie n'est pas en soi aussi importante que la manière dont une société en fait usage et dont ses adversaires y répondent ». Au début du XXème siècle, les amirautés des grandes puissances ne juraient que par les cuirassés. Monstres d'acier au blindage massif, à l'armement dévastateur et au coût prohibitif. Sensés assurer la suprématie navale, ils furent vite menacés par des armes bien moins coûteuses, mines, sous-marins et aviation, jusqu'à les rendre parfaitement inutiles. Les frappes de drones en Afghanistan et au Pakistan, prouesses technologiques, n'ont pas empêché la défaite face aux Talibans, plus rudimentairement armés.

Peu disert sur son coût-bénéfice en matière de sécurité, le co-rapporteur Thiériot juge l'effort budgétaire supplémentaire « raisonnable », arguant que les niveaux de dépenses militaires durant la Guerre froide – 4 à 5% du PIB – n'avaient pas « freiné la croissance française des 30 Glorieuses [rien n’aurait donc changé depuis les années 70 ?] ». Ajoutant que « la défense est un secteur vital pour notre économie », il prêche le « multiplicateur keynésien » d'un budget militaire en expansion. De la part d'un député LR, parti plutôt néolibéral, cela ne manque pas de piquant. Par ces propos, il exemplifie le concept de complexe militaro-industriel. Notion forgée par le président américain Eisenhower que Pierre Conesa résume ainsi : « la conjonction sociologique dans laquelle se mélangent les militaires soucieux d'avoir les meilleurs équipements, les industriels intéressés à se faire financer de nouvelles recherches [et de gros contrats] par les aides publiques et les ingénieurs spécialistes de l'armement qui testent continuellement de nouvelles technologies [auxquels on ajoutera les politiques en quête de légitimation et réélection] ».

Expliciter la gravité de la menace – aujourd'hui la « haute intensité » – justifie le lancement de nouveaux programmes propres à assurer la supériorité militaire, au risque d'une course aux armements aux effets délétères. Un risque mentionné au détour d'un petit paragraphe du rapport parlementaire. Selon un officier de l'EMA auditionné, il ne faudrait pas que l’hypothèse d’un conflit de haute intensité devienne le prétexte à « une course aux armements qui nous mènerait à l’escalade, à un épuisement et augmenterait voire effacerait le seuil de la dissuasion ». Echos historiques : dans les années 50, la perception – erronée – d'un ''missile gap'' [disparité niveau fusées] entre les USA et l'URSS a provoqué une escalade irrationnelle et une surenchère qui culmina à Cuba en 1962. Tout au long de la Guerre froide, la recherche frénétique de la parité stratégique avec l'ennemi américain a empêché l'Union soviétique de prendre soin de sa population, contribuant à son épuisement puis à son délitement.

Enfin la crainte d'être dépassé, voire ringardisé, par des systèmes d'armes de plus en plus modernes et coûteux, ne peut qu'accroître la paranoïa de l'adversaire. Le professeur de sciences politiques Louis Gauthier rappelle que « l'historien grec Thucydide a, le premier, exprimé l'idée que l'équilibre des puissances est facteur de paix ou plus exactement que la rupture dans les rapports de puissances est cause de guerre ». A l'époque contemporaine, c'est ''l'équilibre de la terreur'' qui a repoussé le spectre de la IIIème Guerre mondiale. La course à la ''haute intensité'' ne peut que tendre les relations internationales et rapprocher la possibilité d'une guerre conventionnelle majeure. Voire précipiter le franchissement précoce, par un belligérant anxieux, du « seuil de la dissuasion » nucléaire. Frapper tôt, vite et fort avant que l'adversaire ne soit technologiquement ou massivement hors d'atteinte. Ou comment chercher à se prémunir d’une menace la renforce.

Hégémonie écocidaire ou survie ?

Evaluation des menaces, définition de stratégies pour les contrer et affectation de moyens humains, matériels et budgétaires, sont la base du métier de stratège, civil ou militaire. Passées les objections faciles du type : ''on a toujours une guerre de retard'' ou ''aucun plan de bataille ne survit au contact avec l'ennemi'', demeure un angle mort de la planification stratégique aux conséquences fâcheuses et largement passées sous silence : l'impact de la guerre et surtout de sa préparation sur l'environnement.

Le rapport parlementaire note que « les risques naturels, technologiques et climatiques ont fait irruption dans le livre Blanc de 2008 aux côtés des risques pandémiques [la récente réponse à ces derniers a-t-elle été une franche réussite ?] ». A l’avenir, explique Philippe Gros de la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS), « la gestion d’un rythme accru d’événements catastrophiques peut fort bien excéder les capacités de la sécurité civile actuelles et impliquer une refonte de la mission des armées ». Pour nos parlementaires, « la solution d’une bascule de missions aux forces armées pourrait être préférée à une montée en gamme de la sécurité civile, plus coûteuse et difficile à entreprendre ». Mieux vaut charger l'armée de répondre aux futures catastrophes, c'est plus commode et moins cher.

Mais qu'en est-il de la contribution nette des dépenses militaires à la crise climatique en cours ? Et quelles implications nouvelles du fait de la préparation à la « haute intensité » ? Rappelons que les émissions de gaz à effet de serre (GES) des forces armées – exercices, opérations, recherche & développement, équipement – ne sont pas comprises dans le calcul des émissions de GES d’un pays. Dans leur rapport, les parlementaires se contentent de louer les « efforts objectifs que font [les] industries [de l'armement] pour améliorer leur durabilité », sans plus de détails. Sinon iels se réjouissent du « tollé unanime » qu’a reçu – en France – un « projet de taxonomie européenne ». Ce dernier prévoyait « l’exclusion [...] des activités de production et de ventes d’armes et d’équipements militaires conventionnels des investissements labellisés [durables] ». Qui a osé alléguer que nos Rafales et autres canons César n’étaient pas écoresponsables ? Qui ?!

Le risque immanent porté par le projet européen et dénoncé par le Parlement est que « l’industrie de défense européenne [soit] condamnée à court terme à ne plus trouver ni financement ni ressources humaines, les jeunes générations délaissant un secteur mis à l’index ». Pour M.Eric Béranger, PDG de MBDA, producteur de missiles, « il faut peut-être déjà arrêter d’assimiler la défense aux industries du tabac ou de la pornographie […] Il faut donc absolument traiter le sentiment populaire à l’origine de ces réglementations ! » En espérant qu'il ne propose pas de ''traitement'' similaire à la façon dont ses produits ''traitent'' leur cible.

Quelle est la nocivité environnementale des dépenses militaires ? En 2020, un rapport par la coopérative Tipping Point North South a estimé que l’empreinte carbone des forces armées mondiales correspond à 5% du total planétaire (l’aviation civile est à 2%). Selon le Transnational Institute, l’empreinte carbone de l’armée française est estimée à 8,3 millions de tonnes, un tiers du total des armées européennes. La France fait partie des 10 plus grands émetteurs historiques et des 10 plus importants budgets militaires. Avec 2.5% des émissions globales de GES, elle est au 8ème rang mondial, son budget militaire est le 7ème plus important. Quand on vous dit qu'elle a un « rang » à maintenir...

Chaque euro supplémentaire dépensé dans l’armée augmente ses émissions de gaz à effet de serre. La préparation à la haute intensité par la « massification » les décuplera mécaniquement. Le fuel représente toujours 75% de la consommation énergétique d’une armée – transport, équipement, logistique. Les systèmes d’armes dernier cri polluent souvent plus que leurs devanciers. Par exemple, le F-35 américain consomme 5 600 litres de pétrole par heure, comparé au 3 500 pour le F 16 qu’il remplace. Pas sûr que le futur chasseur européen fera mieux. Au-delà de la consommation nationale, les achats d’armes accaparent aussi les ressources financières de pays gravement menacés par le changement climatique. D’après le rapport du Transnational Institute, la France, 3ème exportateur mondial, a pour clients 18 des 40 pays les plus vulnérables. La « puissance d’équilibre » a là tout du pompier pyromane.

Méconnaissance de la menace ; non-évaluation de la contribution nette en GES des forces armées ; non-prise en compte du coût environnemental lié à la préparation à la ‘’haute intensité’’ ; captation des ressources financières, des compétences et de l'attention publique ; les dépenses militaires ont un impact profond et sous-estimé sur la crise climatique et sur notre capacité à y répondre. L'appareil politico-militaire ne la perçoit que comme un facteur déstabilisant le plateau stratégique. Loin de remettre en cause ses logiques de domination, il continue d'investir dans des moyens de destruction, plus massifs et perfectionnés, préférant, selon un mot de Noam Chomsky, l'hégémonie à la survie.

Après le 11 septembre 2001, les néoconservateurs américains étaient sortis du bois pour faire passer l'idée que, au delà d'un problème de police et de renseignement, les attentats étaient le prélude d'un combat global aux proportions bibliques contre d'irréductibles ennemis du genre humain. Un discours à même de garnir les carnets de commandes d'armement, d'étendre la surveillance et le contrôle de la population et de renouveler la quête de domination mondiale, flambant des milliards de dollars en guerres inutiles, décimant et déstabilisant des régions entières. Alors que la version française du discours sécuritaire de la « guerre contre la terreur » – suite aux attentats de 2015-2016 – s'était atténué du fait de la pandémie de Covid et ses conséquences socio-économiques, l'invasion de l'Ukraine a remis en selle tous les bellicistes de salon, trop contents de pouvoir relancer le discours de la « guerre civilisationnelle ». Affrontement homérique que les Bons ne peuvent pas perdre face aux Méchants. Cette rhétorique est avidement reprise par un complexe militaro-industriel en quête de nouveaux profits et enjoué à l'idée de dissimuler sa responsabilité dans la pire vraie crise existentielle à laquelle fait face l'Humanité.

Si le vocable de « guerre » a fait un retour fracassant dans le discours de nos élites politico-militaires – contre le terrorisme, contre un virus, contre les « puissances révisionnistes » – c'est qu'il induit la mobilisation de la société et des sacrifices exceptionnels. La « haute intensité » est l'ultime avatar d'un récit qui entend pousser au dévouement et à l'abnégation, sans rien changer des logiques hégémoniques qui cadrent nos réflexions stratégiques. Dans une chronique au Monde, l'économiste Patrick Artus écrivait que  « dans une économie en guerre, toutes les dépenses publiques nécessaires sont effectuées – en l’espèce [espérait-il] les investissements de transition énergétique destinés à éviter la catastrophe climatique ». Pour l'instant, très clairement, on se goure de guerre !

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