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Scénariste Belge, Benoît Forget est journaliste et politologue de formation. Il est l'auteur de multiples oeuvres originales. De même, il a (co) scénarisé et pu participer à de multiples projets dans divers domaines. Plusieurs fois primé/soutenu par la SACD.

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Billet de blog 27 novembre 2010

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Mondialisation / Bumbuna : match remis

Lundi 03 janvier 2010. 19H00. Bumbuna, bourgade poussiéreuse perdue au cœur d'un cordon de savane sierra léonaise. La batterie de mon téléphone a rendu l’âme. Comme un zouave, je ne me résous pas à rester ainsi injoignable. Qui diable pourrait avoir besoin de me contacter? Au milieu de nulle part, me voici donc, absurde, en quête d'énergie pour mon portable. Humeur de terrain de Benoit Forget.

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 Ce soir comme tous les soirs, le soleil est tombé telle une pierre à l’horizon, laissant tout le monde dans le noir. Ici comme partout dans les campagnes sierra léonaises, les plus nantis sortent leur lampe à huile. Sur la place poussiéreuse de Bumbuna plongée dans l’obscurité, une enceinte surannée crachote les commentaires radiophoniques d’un match de football opposant la Grande-Bretagne et l’Australie quelque part à des années lumière d’ici. Deux tables bancales d’un café fantôme ont fini d’espérer qu’un attardé trouve de quoi se payer une bière tiède. Au loin, le bruit insolite d’un générateur complète la toile de fond sonore du lieu, assorti d’une unique source de lumière électrique. Pour recharger mon téléphone, on me dit du doigt: « c’est là-bas ! ». J’approche. A bien y regarder, des personnes font la file devant une minuscule baraque en bois. Arrivé au comptoir où s’affairent trois adolescents, je comprends qu’on ne me « rendra pas service » en rechargeant mon téléphone. Non. Car il s’agit précisément là de l’activité commerciale du lieu. Je n’en crois pas mes yeux : un amas de téléphones portables, tous en cours de recharge emplissent les étagères bancales. Apparemment, les affaires marchent à plein. Toute la région semble en fait se retrouver ici, avec moi, pour recharger LE téléphone, qui d’une famille, qui d’un village tout entier…. Deux des businessmen en herbe de cette improbable « startup » acceptent, goguenards, que j’immortalise l’instant. De retour à l’école du village d’à côté où j’ai pu planter ma tente à tâtons, je constate que mon téléphone ne me servira à rien : le réseau n’est décidément pas de la partie ce soir. Pas d’eau non plus pour se laver. Pas d’eau potable non plus d’ailleurs à Bumbuna. Tout au plus de la bière tiède. Mais demain, peut-être… du réseau ? Misère.

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