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Scénariste Belge, Benoît Forget est journaliste et politologue de formation. Il est l'auteur de multiples oeuvres originales. De même, il a (co) scénarisé et pu participer à de multiples projets dans divers domaines. Plusieurs fois primé/soutenu par la SACD.

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Billet de blog 28 décembre 2011

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Scénariste Belge, Benoît Forget est journaliste et politologue de formation. Il est l'auteur de multiples oeuvres originales. De même, il a (co) scénarisé et pu participer à de multiples projets dans divers domaines. Plusieurs fois primé/soutenu par la SACD.

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Liban : la chasse aux oiseaux, une véritable boucherie (4/4)

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, bien que des oiseaux tués terminent sans scrupules à la poubelle ou sont simplement abandonnés là où ils ont été "flingués". Même si la tradition veut qu’à l’automne on en fasse des fricassées et des brochettes. Et les campagnes de sensibilisations peinent à trouver l'ombre d'un public. Reportage de terrain de Benoît Forget.

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Scénariste Belge, Benoît Forget est journaliste et politologue de formation. Il est l'auteur de multiples oeuvres originales. De même, il a (co) scénarisé et pu participer à de multiples projets dans divers domaines. Plusieurs fois primé/soutenu par la SACD.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Face aux lobbies de la chasse, Birdlife International a certes lancé un programme de sensibilisation pour une pratique « durable » de la chasse aux oiseaux migrateurs (cf. http://www.birdlife.org/action/change/sustainable_hunting/PDFs/EC_LIFE_SHP_0108.pdf). Des initiatives concrètes sont également développées par des groupements associatifs locaux, régionaux et nationaux. Le premier d’entre eux, la SPNL (Société de Protection de la Nature au Liban) multiplie les initiatives, soutenues par certaines collectivités locales. Ainsi, trois « Himas », des zones protégées servant de halte migratoire ont été aménagées grâce à des campagnes de dons internationales : Qoleileh (sud de la ville côtière de Tyr) Kfar Zabad et Ebl el Saki (plaine de la Bekaa). Dans ces espaces, ce sont officiellement les municipalités et la population locale qui empêchent les chasseurs d’abattre les oiseaux et qui protègent la nature car elles en tirent un profit touristique. La SPNL organise aussi un festival annuel assorti d’activités préparées pour sensibiliser les jeunes à la nécessité de protéger les oiseaux.

En outre, des relevés de terrain ont permis d’établir 15 Important bird areas (IBA’s ; cf. site de la SPNL :http://www.spnl.org/load.php?page=iba_lebanon).

Malheureusement, quand bien même certaines initiatives sont couronnées de succès –Cf. par exemple les initiatives courageuses du collectif A Rocha Lebanon (http://www.arocha.org/lb-en/index.html), les rares zones concernées sont le plus souvent «des îlots cernés par les chasseurs », affirme Nizar Hani coordinateur scientifique de la réserve naturelle des cèdres d'Al-Chouf (sud-est de Beyrouth). Le cas échéant même, ainsi que nous en avons été témoin pour la petite zone humide de Chamsine (région de Anjar;bfinancée par l’USAID), on n’hésite pas à investir des zones officiellement protégées au gré des mouvements du gibier, quitte à en cisailler les clôtures et les cadenas.

Pour bien des observateurs, sans un gouvernement stable, une police intègre et une prise de conscience générale, l'application des lois relève de l’utopie. Résolument constructifs face à l’ampleur de la tâche, les experts, tant nationaux qu’internationaux réclament qu’advienne enfin une réglementation efficace de l’activité au Liban. « La chasse va toujours exister et la prohiber est contre productif », estime Ghassan Jaradi, professeur d'écologie et de taxonomie (MAB- CNRS). Animé du même réalisme pragmatique, Bassima al Khatib de la SPNL précise : « Il faut désigner les espèces et définir des quotas, accorder des licences et former des garde-forestiers».

Pour l’heure, le moins que l’on puisse dire est qu’il y a loin de la coupe aux lèvres. Certains Libanais reconnaissent certes l’ampleur des problèmes écologiques au Liban… pour mieux revendiquer l’exercice libre de leur sport favori : « Au Liban, il y a plus de chasseurs que d’oiseaux car les espaces verts disparaissent. Les forêts sont incendiées. Les carrières rongent les flancs des montagnes. Le béton envahit les prés et les champs. Les écologistes devraient plutôt élever la voix contre cette destruction de notre environnement… au lieu de vouloir nous empêcher de chasser ».

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