Depuis plus de quarante ans, les disciples de l’idéologie néolibérale se servent de la puissance publique, au profit de leur vision du monde, pour élaborer des politiques économiques qui ne prennent en compte que la loi du marché sous couvert de la main invisible.
Cette injection néolibérale nous mène droit dans le mur. Octavio Paz, poète et penseur mexicain, formulait ces mots justes et d'une grande lucidité : « Le marché est peut-être efficace, mais il n’a ni conscience, ni miséricorde ». On peut même interroger cette soi-disant efficacité, à l'aune des inégalités et des injustices. Les politiques néolibérales sont un échec cuisant.
Les impacts dévastateurs du Covid-19 sur le corps social sont là pour montrer l’étendue de la faillite de ce modèle que Margaret Thatcher, Ronald Reagan et leurs camarades ont infligé au monde. À l’époque de l’Anthropocène, le constat est sans équivoque.
Les effets de cette vision du monde sur la nature sont à l’origine de cette époque formidable. En ces temps de vies confinées, de fermetures, de vulnérabilité, d’anxiété, de passions tristes, de désespoir social, c’est aussi la santé de sept milliards d'êtres humains sous toutes ses formes qui est en jeu, à cause du dérèglement climatique. « Les chocs induits par le climat entraînent des décès, nuisent à la santé et perturbent les moyens de subsistance dans toutes les régions du monde en ce moment même », déclare Ian Hamilton, directeur exécutif du rapport annuel du "Lancet Countdown on Health and Climate Change".
Aucune possibilité de nier l’évidence, les promesses de bien-être, d’égalité, de démocratie véritablement émancipatrice que distillaient les adeptes de l’école de Chicago n’ont rien apporté, à part des inégalités, des désastres politiques et des catastrophes environnementales.
Mais malgré l'alerte rouge des scientifiques du GIEC sur le dérèglement climatique, et la précarité propulsée davantage par la pandémie, cette idéologie sordide continue d’être la matrice de plusieurs politiques économiques, voire de politiques publiques.
Il faut la combattre car elle est mortifère. Comme le disent les deux économistes orthodoxes - de gauche, Esther Duflo et Abhijit V. Banerjee dans leur ouvrage Économie utile pour les temps difficiles : « Si des politiques publiques nous ont menés où nous sommes, rien n’empêche d’en faire d’autres. » Cela dit, des alternatives peuvent être offertes.
Je crois humblement qu'il faut repenser les politiques publiques en mettant l’humain au cœur de ses préoccupations afin d’apporter des réponses concrètes à ses attentes quotidiennes comme la dignité, le bonheur, la justice sociale, la santé et l’éducation par le biais de l’école publique. Cette dernière doit assurer sa promesse d’égalité républicaine.
Par ailleurs, il faut appliquer des politiques publiques qui permettent une croissance économique socialement inclusive, par-delà environnementale, en insistant sur leur finalité dans la vie des plus précaires, des plus faibles, in fine les petites gens.
En définitive, ces alternatives susmentionnées sont certes nécessaires mais pas suffisantes, à bien des égards. Pour faire face à ce monstre, il faut adopter des politiques publiques holistiques et par-dessus tout transversales.
Birane DIOP