En un clic, nous trouvons et réservons un hôtel en ligne.
En un autre, nous pouvons le noter selon des critères de confort matériel.
Nous choisissons nos destinations de vacances pour le coût de leur vie démesurément bas, nous extasiant ouvertement d'y être riches. Puis nous nous offusquerons que leurs habitants nous accostent continuellement pour gagner nos faveurs.
Pour un bungalow tous services inclus, nous serons prêts à nous enclaver dans des complexes hôteliers qui n'ont de la culture locale plus que le nom, éventuellement une pâle copie dans la décoration et puis surtout, le personnel de service à nos petits soins.
Nous rirons ou nous impatienterons de leur niveau dans notre langue, lorsqu'ils ne répondront pas correctement à des questions existentielles comme les prix ou le code Wi-Fi.
Nous réprimanderons la serveuse quand notre repas sera trop froid, une assiette de viande et légumes importés, qu'elle ne pourra peut-être jamais s'offrir de sa vie.
Nous nous bousculerons sur les sites historiques, pour faire exactement tous la même photo.
Nous nous pavanerons torse nu riant aux éclats dans les rues. Que c'est bon d'être loin de chez soi pour faire ce qu'on ne s'y permettrait pas.
Nous nous vanterons d'avoir foulé le sable de plages paradisiaques, sur lesquelles nous n'aurons pas ramassé nos déchets une fois partis.
À notre retour, nous dirons que ce fut une vraie leçon de vie. Bien vite pourtant, nous fustigerons devant nos écrans leurs frères et sœurs qui rejoignent nos contrées, leur reprochant de chercher une vie meilleure et de ne pas sembler s’adapter à notre culture.
Pas question de partager nos richesses si ce n’est pour notre loisir et notre profit.
Et toujours, nous attendrons un sourire.
Mais pourquoi voyage-t-on ?

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