Dynasties en démocraties : Bush, Le Pen et al.
Les démocraties partagent avec les dictatures un signe de pourrissement : la création de dynasties politiques familiales parfois régnantes. Nous y voici. Une partie du peuple français est tentée par la famille Le Pen (père, fille, nièce) et, le révèle le quotidien Le Monde (13 novembre), peut-être bientôt par la famille Philippot (lui et son frère). De nouveaux feuilletons en perspective.
Ce grand pays que sont les Etats-Unis a connu les Kennedy, les Bush, les Clinton. La présidence de JFK ne marqua-t-elle pas à la fois l’apogée et le début de la décadence du système démocratique américain ? L’une des raisons de l’échec de Hillary fut peut-être son mari autant que son arrogance. Typiquement, la démocratie indienne n’en finit pas de nourrir les ambitions de la descendance de Nehru : sa fille Indira Gandhi, son petit-fils Sanjay, son arrière-petit-fils Rahul, d’autres encore de la même famille tentés par la politique. Cette famille, notamment avec le Congress Party, a contribué à faire de la « plus grande démocratie du monde » une vaste entreprise de clientélisme et de corruption. L’on pourrait multiplier les exemples.
Pour employer des mots un peu ressassés mais qui frappent, nous sommes au cœur de l’inceste politique, mélange délétère d’affection (familiale et populaire) et de complaisance médiatique. Quant aux régime dictatoriaux, il s’y trouve trop d’exemples de dynasties d’hier à aujourd’hui, de l’Afrique au monde occidental (où l’une des plus connus fut celle de Napoléon, plus ou moins avortée).
Les médias des pays « démocratiques », prompts à se moquer de ces dynasties en régime dictatorial, réalisées ou en échec, et à mépriser les républiques dites bananières (avec un soupçon de racisme) sont quasi silencieux quand il s’agit de leurs propres pays.
Aujourd’hui, avec le dévoiement que forme le système des primaires, l’émergence d’une dynastie d’extrême-droite est un des signes qui montrent que la 5e République ne fonctionna véritablement qu’avec un président, celui qui la créa dans des circonstances historiques extraordinaires. Le Général de Gaulle n’était pas un ange, mais un militaire qui avait une stratégie et des tactiques, un personnage parfois brutal dont l’ambition principale était la grandeur de la France. Après lui se dessine la spirale descendante des présidents français : technocrates bien éduqués jusqu’à Mitterand. Ce dernier, homme cultivé, ayant critiqué le « coup d’état permanent » gaulliste, se l’appropria cyniquement, se gardant bien d’en améliorer le fonctionnement institutionnel. On n’imagine pas De Gaulle installant une maîtresse dans une des demeures de l’Élysée. Il y eut Chirac, homme généreux, mais qui, élu aussi par la gauche, ne sut pas le reconnaître, et cela contre l’esprit même de la 5e République ; Sarkozy, habile philistin; Hollande, dont on ne sait plus que dire.
De nombreux chantiers importants attendent le nouveau président. Trois d'entre eux sont la réforme de la 5e République, la restauration du système d’éducation et la refonte du gouvernement et de l’administration de l’Europe avec quelques États déterminés, dont l’Allemagne bien sûr.