Pestant à chacune de ses apparitions contre ce qu’elle appelle le système, Mme Le Pen en est l’émanation la plus patente. Elle est l’ombre du système qu’elle condamne. Sans la gauche et la droite, elle n’existerait pas. Milliardaire, fille de famille socialement privilégiée, promouvant sa nièce, elle est l’adepte la plus nette du népotisme et de la partialité. Corrompue, corruptrice, cynique, cette prétendue patriote condamne à l’avance la justice du pays qui pourrait la mettre en examen, alors que M. Fillon accepte la justice de façon républicaine. Elle pollue de sa présence tous les médias, eux-mêmes tétanisés par la faveur dont elle jouit dans les sondages. Comment les journalistes peuvent-ils accepter son omniprésence sans rappeler chaque jour et chaque minute, que cette candidate à la plus haute fonction du pays en bafoue la justice à chaque instant, se faisant encore une fois la caricature la plus abjecte du système qu’elle prétend réfuter. La loi devrait, à mon sens, obliger à signaler à chaque entretien avec elle ou des représentants de sa candidature, qu’elle est sous le coup de mandats de la justice nationale et patriote mais qu’elle refuse de les honorer. On se demande d’ailleurs pourquoi cette justice payée par le contribuable ne renouvelle pas chaque jour sa convocation pour une éventuelle mise en examen. Cette justice aurait harcelé n’importe quel lambda et l’aurait assigné en comparution immédiate pour moins que cela. Mais Marine Le Pen, grâce au silence complice des médias, se situe au-dessus du prétendu système dont elle se nourrit de jour en jour et qui la fait prospérer.
Mme Le Pen reste donc à l’extrême droite de ce système qu’elle veut faire honnir. M. Macron sort de ce système et, lui, répond bien en vérité au dégoût général à l’égard du système des partis. Car les Français veulent aujourd’hui de l’action, non des paroles et de l’idéologies. Ils sont prêts à admirer Jaurès comme De Gaulle, mais ils savent que la situation est nouvelle et que les admonitions partisanes et purement idéologiques ne suffisent plus. L’on ne peut plus se draper dans la position “Je suis de droite” ou “Je suis de gauche”. M. Macron, se situant au-delà de ce système binaire et tout en en proclamant la fin, souhaite aussi en tirer le meilleur. Car ceux qui se réclament de la droite comme de la gauche peuvent avoir de bonnes idées. Plusieurs des expressions et des propositions de M. Macron sont un peu expérimentales, mais seule une audace raisonnée et, si nécessaire provocatrice, peut sortir la France de ses ornières et cela dans une Europe forte, même s’il faut penser à créer dans cette Eurrope un cercle vertueux et ferme de membres actifs. Quant à moi, je pense, comme M. Macron, que le colonialisme est bien un crime contre l’humanité et la civilisation. Il suffit d’examiner un peu l’histoire de l’Afrique pour constater combien le commerce européen, puis le colonialisme y ont désintégré les royaumes en place. Encore faut-il ajouter que certaines élites africaines participèrent largement à cette entreprise d’exploitation malfaisante, coopérant à l’esclavage et au pourrissement d’une continent dont les diverses cultures du passé eurent de la grandeur et de la noblesse.
Comment Mme Le Pen, cette Madame Ubu de la politique française, au programme catastrophique, peut-elle obtenir un tel score dans la population? Où est le temps de Descartes, Voltaire et de la culture française? Si environ 30 pour cent de la population de ce pays qui fut intelligent est prête à voter pour elle, cela montre que la première d’entre les priorités est celle de l’éducation et de l’esprit critique, cela seul permettant de concevoir et de créer. Cette éducation doit être partout de haut niveau, depuis le moindre village, et pas seulement dans les établissements des centres des grandes métropoles. La seconde priorité est celle de la ruralité, en relation avec l’alimentation et la santé, d’une part, l’environnement, de l’autre. La troisième est celle de la formation permanente, qui seule peut aider la population à s’adapter à une situation économique qui est désormais en perpétuel changement.